Les intempéries dans les Alpes-Maritimes sont-elles dues au réchauffement climatique ?


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  • Il était « difficile de prévoir des intempéries d’une telle intensité en un temps si court »
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    Les violentes intempéries dans les Alpes-Maritimes sont-elles dues au réchauffement climatique ?

    Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par
    Un homme montre les dégâts des intempéries dans la ville de Biot (Alpes-Maritimes), le 4 octobre.

    Les très violents orages qui se sont abattus, samedi 3 octobre au soir, sur les Alpes-Maritimes, faisant au moins 17 morts, posent de nouveau la question de la responsabilité du changement climatique en cours. S’il n’est pas possible de conclure aujourd’hui à un lien avec le réchauffement, la hausse des températures conduira à une augmentation de l’intensité et de la fréquence des « épisodes cévenols », explique Philippe Drobinski, directeur de recherches au CNRS et coordinateur d’HyMeX.

    Ce programme, mené par Météo-France et le CNRS, en partenariat avec d’autres instituts internationaux, mobilise 400 scientifiques sur dix ans (2010-2020) afin d’améliorer la compréhension et la modélisation du cycle de l’eau en Méditerranée, de sa variabilité – en particulier des événements de pluies intenses – et de ses caractéristiques sur une décennie.
    Qu’est-ce qu’un « épisode cévenol » ?
    Philippe Drobinski : Il s’agit d’épisodes de pluies brèves et intenses, et de crues rapides, qui surviennent sur tout l’arc méditerranéen, depuis l’Espagne jusqu’à l’Italie et la Croatie, particulièrement à la fin de l’été et au début de l’automne. Sous l’effet d’une dépression qui vient de la péninsule ibérique, un air chaud chargé d’humidité remonte vers l’Europe en provenance de la Méditerranée. Il se heurte aux barrières montagneuses des Alpes, du Massif central et des Pyrénées. Quand il rencontre ces reliefs, l’air monte et se refroidit, entraînant la formation de précipitations. Cela déclenche des orages répétés et de fortes accumulations de pluie, souvent plus de 100 mm en une journée.
    Ces épisodes sont-ils en hausse ces derniers temps ?
    Les ingrédients qui conduisent à la formation de ces phénomènes ont toujours existé : les conditions d’automne ont toujours été favorables pour amener de l’air humide sur les contreforts alpins. Mais pour l’instant, on ne dispose pas de statistiques suffisamment robustes pour conclure à une augmentation de ce genre d’épisodes ces dernières années.
    Le réchauffement climatique est-il en cause dans les intempéries de ce week-end ?
    Non, on ne peut pas attribuer l’événement des Alpes-Maritimes de samedi au changement climatique car on manque encore de recul. Il est difficile de faire le lien entre la tendance de fond du réchauffement et les épisodes météorologiques ponctuels. Pour les canicules, le signal est beaucoup clair : si l’augmentation de la température est très forte, on peut la déceler dans la variabilité naturelle du climat (entre les jours et les nuits, les différentes années, etc). En ce qui concerne les précipitations au contraire, ce signal est pour l’instant complètement noyé dans cette variabilité naturelle : on n’est pas capable de dire si tel épisode qui survient est attribuable au changement climatique ou pas.
    Une rue ravagée par les intempéries à Cannes, le 4 octobre.
    La question est de savoir si la cause des événements dramatiques de ces dernières années réside dans l’aggravation des pluies diluviennes en automne ou la vulnérabilité des populations face à ces phénomènes. Si les zones urbaines s’agrandissent, si l’hydrologie urbaine (notamment les réseaux de canalisation d’eau) ne permet pas d’absorber les quantités d’eaux qui viennent du ciel, si la régulation humaine des rivières n’est pas suffisante, on peut avoir des événements catastrophiques. Il est très difficile de dire s’il y a un responsable dans l’histoire qui s’appelle réchauffement climatique ou urbanisation galopante.
    Le changement climatique pourra-t-il aggraver ces phénomènes à l’avenir ?
    Les lois de la physique nous disent que ce type d’événements risquent de devenir plus fréquents et plus intenses dans un contexte de réchauffement climatique. De manière générale, sous l’effet de la hausse de la température, l’atmosphère retient davantage de quantité de vapeur d’eau, ce qui entraîne plus de précipitations par la suite.
    La situation est plus complexe dans le cas précis de l’arc méditerranéen. D’un côté, les températures augmentant, le climat devient de plus en plus aride et il pleut moins en moyenne. Mais d’un autre côté, la Méditerranée joue un rôle crucial dans l’apport d’eau de l’atmosphère et constitue un réservoir essentiel dans la formation des précipitations. Avec la chaleur, davantage d’eau s’évapore de la Méditerranée, qui est ensuite retenue dans l’atmosphère et conduit à une intensification des précipitations intenses.
    Quelles sont les premières conclusions du programme HyMeX ?
    Nous avons mené deux importantes campagnes en 2012 et en 2013, lors desquelles nous avons récolté des données qui permettent de mieux comprendre quels sont les ingrédients à l’origine de ces épisodes cévenols. Nous avons procédé à des mesures extrêmement précises grâce à de nombreux outils : des observations satellites, des avions Lidar (lasers aéroportés) qui mesurent la quantité de vapeur d’eau de l’atmosphère, des ballons qui dérivent horizontalement pour comprendre comment les masses d’air s’humidifient au fur et à mesure qu’elles passent de la Méditerranée sur le continent, des radars qui analysent comment les précipitations se forment en mer et comment elles évoluent en arrivant sur le continent.
    HyMex a donc permis de tester une batterie de nouvelles observations et de voir leurs effets sur l’amélioration des prévisions météo. Le programme a notamment contribué à évaluer et améliorer la nouvelle version du modèle de prévision de Météo-France Arome, qui dispose d’une maille de calcul de 2,5 km, nettement plus fine que celle de ses prédécesseurs.
    L’objectif d’un programme qui court jusqu’en 2020 est également de comprendre comment ces épisodes cévenols fonctionnent d’une année sur l’autre, et de voir si des tendances émergent sur dix ans, notamment du point de vue de l’impact du changement climatique.
     Audrey Garric (propos recueillis par)
    Chef adjointe du service Planète/Sciences du Monde 
  • copy  http://www.lemonde.fr/

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