Perquisition au siège d'Areva en lien avec une vente d'uranium nigérien en 2011
AFP / PHILIPPE LOPEZLogo d'Areva au siège social de la société située dans le quartier d'affaires de La Défense, près de Paris
Le siège d'Areva, ancien fleuron français du nucléaire déjà au coeur du scandale Uramin, a fait l'objet d'une perquisition mardi dans le cadre d'une enquête sur une vente, présumée douteuse, d'uranium nigérien en 2011.
La perquisition, qui avait débuté le matin au siège de la société dans le quartier d'affaires parisien de La Défense, s'est terminée vers 21H00, d'après une source proche du dossier.
Areva "confirme une perquisition" et "collabore étroitement avec la justice", avait déclaré dans la journée le groupe, sans donner d'autres détails.
Cette opération, réalisée par les enquêteurs de la brigade financière de la police judiciaire, porte sur une affaire de courtage d'uranium nigérien qui s'était traduite par d'importantes pertes pour Areva, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
L'affaire, baptisée "Uraniumgate", fait l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier en 2015.
Elle avait éclaté en février 2015 avec la publication, dans l'hebdomadaire nigérien Le Courrier, de documents portant sur la vente à l'automne 2011 d'une importante quantité d'uranium pour 320 millions de dollars.
Le stock avait dans un premier temps été cédé par Areva à une société russe, Energo Alyans, qui l'avait ensuite revendu à la société Optima Energy Offshore au Liban.
Quelques jours plus tard, Optima avait vendu l'uranium à la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin), contrôlée par l'Etat nigérien. Areva avait alors racheté ce stock à la Sopamin à un prix bien supérieur à celui auquel il l'avait cédé au départ.
- Rétrocommissions ? -
"Il s'agissait d'une opération de trading dans le cadre d'une offre intégrée", a indiqué en avril au Monde Christophe Neugnot, le porte-parole d'Areva. En clair, le groupe français était en contact avec un opérateur intéressé par l'achat de centrales nucléaires qui souhaitait aussi, afin de sécuriser son approvisionnement, obtenir de l'uranium.
"Finalement, la vente du réacteur ne s'est pas faite, nous avons racheté l'uranium", avec au bout du compte "une perte de 18 millions de dollars", avait ajouté M. Neugnot.
Les enquêteurs s'interrogent sur les plus-values empochées par les intermédiaires, notamment "82 millions de dollars pour Energo Alyans (...), inconnue des traders (et) qui aurait totalement disparu peu de temps après les faits", d'après le journal Jeune Afrique.
"Ils cherchent à savoir si, d'une manière générale, ce montage pourrait avoir servi à dissimuler des commissions ou des rétrocommissions", d'après une des sources proches du dossier.
Le groupe est au coeur d'une autre enquête sur l'acquisition d'une société minière canadienne, Uramin, propriétaire de trois gisements d'uranium en Afrique, pour laquelle il a déboursé 1,8 milliard d'euros en 2007.
L'opération avait tourné au fiasco: après le départ de sa patronne Anne Lauvergeon, Areva avait divisé par cinq la valeur de la société et passé, fin 2011, une lourde provision de 1,5 milliard d'euros.
Ce rachat controversé est au coeur de deux informations judiciaires. L'une porte sur des soupçons d'escroquerie et de corruption lors de l'acquisition d'Uramin, l'autre sur les provisions inscrites par Areva, les magistrats soupçonnant des responsables du groupe d'avoir présenté des comptes inexacts pour masquer l'effondrement de la valeur de la société canadienne.
Sous la houlette de l'Etat français, Areva est engagé dans une vaste restructuration. Son activité réacteurs doit notamment passer sous le contrôle d'EDF d'ici la fin de l'année.
Ces mesures doivent lui permettre de se relever de lourds revers imputables aux déboires de la construction de son réacteur EPR en Finlande, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin et à la morosité du secteur de l'atome depuis l'accident de Fukushima (Japon) en 2011
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