Au moins 74 morts dans des heurts entre supporteurs de foot en Egypte

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 01.02.12 | 20h13   •  Mis à jour le 02.02.12 | 12h39    

 

Des joueurs du club égyptien Al-Ahly courent pour se mettre à l'abri après que des supporteurs du club adverse ont envahi le terrain du stade de Port-Saïd, le 1er février.
Des joueurs du club égyptien Al-Ahly courent pour se mettre à l'abri après que des supporteurs du club adverse ont envahi le terrain du stade de Port-Saïd, le 1er février.AP/Ahmed Hassan

"Le bilan s'élève à 74 morts", a indiqué le ministère de la santé dans un communiqué, tandis que des sources médicales assurent que des policiers figurent parmi les victimes. La police a confirmé l'arrestation de 47 personnes, et la télévision d'Etat annonçait le déploiement de l'armée dans cette ville à l'entrée nord du canal de Suez pour "éviter de nouveaux affrontements" entre supporteurs. Les incidents ont également fait 248 blessés, selon le ministère de l'intérieur, alors que des hôpitaux ont fait état de centaines de blessés. Plusieurs dizaines d'ambulances ont été envoyées vers Port-Saïd en provenance des villes d'Ismaïlia et de Suez, et deux hélicoptères militaires ont été mobilisés pour transporter les blessés vers des hôpitaux militaires, et récupérer des joueurs d'Al-Ahli et certains de leurs supporteurs. "C'est malheureux et profondément affligeant. Il s'agit de la plus grande catastrophe de l'histoire du football égyptien", a commenté M. Cheïha, vice-ministre de la santé. Le ministre de l'intérieur, Mohammed Ibrahim, a assuré que "la majorité des personnes tuées ont été écrasées" dans les mouvements de foule. Une séance extraordinaire a été convoquée au Parlement par le président de l'Assemblée du peuple, l'islamiste Saad Al-Katatni, pour jeudi 11 heures, heure locale, ont rapporté les médias d'Etat. Une réunion de crise a également été convoquée par le gouvernement égyptien jeudi, et le parquet a ordonné l'ouverture d'une enquête, selon des sources judiciaires. Jeudi, le directeur de la sécurité de la ville, Essam Samak, a été démis de ses fonctions, a indiqué l'agence officielle Mena. La fédération de football égyptienne a pour sa part annoncé la suspension de tous les matches de première division.
BOUSCULADES ET PIÉTINEMENTS

Les violences ont éclaté à la fin d'un match remporté 3-1 par l'équipe locale d'Al-Masri contre le club d'Al-Ahli, l'une des formations les plus titrées du football égyptien. D'après des témoins, les troubles ont débuté lorsque des supporteurs visiteurs ont déployé des banderoles injurieuses à l'égard de Port-Saïd. Un supporteur d'Al-Ahli armé d'une barre de fer serait ensuite descendu sur le terrain, avant que les supporteurs locaux d'Al-Masri ne descendent à leur tour sur la pelouse. Les images de télévision montrent des supporteurs du club d'Al-Masry envahir la pelouse et poursuivre les joueurs adverses. Un petit groupe de policiers anti-émeutes tentent de former une haie pour protéger les joueurs d'Al-Ahli mais semblent totalement débordés tandis que les supporteurs continuent de frapper à coups de pieds et de poings les joueurs tentant de fuir. D'autres membres des forces de l'ordre semblent eux se désintéresser totalement des événements.
"Ce n'est pas du football. C'est la guerre et des gens meurent sous nos yeux. Il n'y avait aucun dispositif de sécurité, pas d'ambulances, a réagi un joueur d'Al-Ahli, Mohamed Abo Treika, interrogé par la chaîne de télévision de son club. Je demande l'annulation du championnat. C'est une situation horrible et on ne pourra jamais oublier la journée d'aujourd'hui." "Il y a des morts sur le sol ! Il y a des morts dans les vestiaires ! Je ne jouerai plus au football tant que justice ne sera pas faite", s'est exclamé un joueur d'Al-Ahly, Emad Meteab, sur la chaîne de télévision de l'équipe.




      Les drames liés au football
La mort d'au moins 74 personnes mercredi soir dans des violences après un match de football dans la ville égyptienne de Port Saïd s'ajoute à une longue série de drames liés au football.

  • Pérou - 23 mai 1964 : 320 morts et un millier de blessés au cours d'un match Pérou-Argentine au stade Nacional de Lima, à la suite d'un mouvement de foule dans les tribunes. Les portes du stade étant fermées, les supporteurs ne peuvent pas s'échapper et meurent piétinés ou asphyxiés.
  • Ghana - 10 mai 2001 : 126 morts à Accra à la fin du match entre Hearts of Oaks et Kumasi quand des supporteurs de Kumasi, mécontents de la défaite de leur équipe jettent des projectiles et cassent des sièges. La police tire des grenades lacrymogènes. Voulant s'enfuir, les spectateurs trouvent les portes fermées.
  • Angleterre - 15 avril 1989 : 96 supporteurs de Liverpool meurent dans une bousculade dans les tribunes vétustes du stade de Hillsborough à Sheffield, lors de demi-finale de la Coupe d'Angleterre entre Liverpool et Nottingham Forest.
  • Ecosse - 2 janvier 1971 : 66 morts au cours du derby Rangers-Celtic dans un mouvement de foule dans une tribune de l'Ibrox Park. Le choc est d'autant plus grand que le stade avait déjà connu une catastrophe avec 26 morts en raison de l'effondrement d'une tribune pendant un Écosse-Angleterre en 1902.
  • Angleterre - 11 mai 1985 : 56 morts dans l'incendie dans la tribune principale en bois au cours du match Bradford-Lincoln City.
  • Egypte - 17 février 1974 : 48 morts et 47 blessés à la suite de l'entrée de 80.000 personnes dans un stade de 40.000 places.
  • Afrique du Sud - 11 avril 2001 : 43 morts dans une gigantesque bousculade au stade d'Ellis Park à Johannesburg au cours d'un match de championnat Orlando Pirates-Kazser Chiefs. Des milliers de supporteurs sans billet forcent l'entrée du stade déjà plein.
  • Afrique du Sud - 13 janvier 1991 : 40 morts à Orkney dans des affrontements pendant un match Orlando Pirates-Kaizer Chiefs après l'annulation d'un but par l'arbitre.
  • Belgique - 29 mai 1985 : 39 morts dans le stade du Heysel à Bruxelles. Avant le début de la rencontre entre Liverpool et la Juventus, des hooligans anglais envahissent une tribune où se trouvent de nombreux tifosi de la Juve. Des grilles de séparation et un muret s'effondrent sous la pression de la foule.
  • France - 5 mai 1992 : 18 morts et plus de 2.300 blessés dans le stade Furiani à Bastia (Corse, sud). Peu avant la demi-finale de la Coupe de France entre Bastia et l'Olympique de Marseille, une tribune provisoire de 10 000 places érigée au mépris de nombreuses règles de sécurité s'effondre.
LES ULTRAS VISÉS ?

Les services de sécurité ont assuré que les policiers anti-émeute étaient présents en nombre suffisant, mais qu'ils n'ont pas voulu s'interposer en raison de consignes de modération diffusées après des manifestations meurtrières au Caire en novembre et décembre 2011. Mais des responsables politiques ont au contraire dénoncé l'absence de sécurité entourant cette rencontre et accusé les militaires au pouvoir en Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak d'avoir permis, sinon provoqué, cette tragédie par incurie ou par calcul.

Pour certains, les violences auraient été déclenchées sciemment pour punir les Ultras d'Al-Ahli, un groupe de supporters du club du Caire dont l'expérience des confrontations avec les forces de l'ordre a servi il y a un an, au plus fort des journées révolutionnaires (lire l'article "Egypte : génération ultras"). Ces supporters du club cairote avait notamment organisé la riposte à la charge des partisans de Moubarak, à dos de dromadaires et de chevaux, le 2 février 2011. "Ce qui s'est produit est une vengeance contre les Ultras en raison de leur rôle joué lors de la révolution", a indiqué pour sa part le candidat à l'élection présidentielle Hamdeen Sabahy. "Pour la première fois dans l'histoire des rencontres entre ces deux équipes, nous n'avons pas vu de policiers ou de membres des services de sécurité. La police a quitté le stade, votre complot apparaît au grand jour", fustige le groupe UTS (Ultras de la Place Tahrir) dans un communiqué, qui s'est rapidement propagé sur Internet.

ACCUSATIONS POLITIQUES

Les Frères musulmans, première force politique au Parlement nouvellement élu, ont vu derrière ces violences une "main invisible" et dit redouter que "certains officiers punissent le peuple en raison de la révolution qui les a privés de leur capacité à agir en tyran et qui a réduit leurs privilèges". "Cela confirme qu'une planification invisible se trouve derrière ce massacre injustifié. Les autorités ont été négligentes", ajoute la confrérie islamiste sur son site internet. "A bas le régime militaire !", ont scandé des milliers d'Egyptiens qui se sont regroupés à la gare centrale du Caire, où revenaient les supporters qui s'étaient rendus à Port-Saïd pour le match.

Albadri Farghali, représentant de Port-Saïd au Parlement, a accusé les autorités et les forces de sécurité d'avoir favorisé ce drame en leur reprochant des liens persistants avec l'ancien régime. "Les forces de sécurité ont fait cela ou l'ont laissé se produire. Les hommes de Moubarak sont toujours au pouvoir. Le chef du régime est tombé mais tous ses hommes sont toujours en place, a-t-il hurlé, interrogé par téléphone en direct à la télévision. "Où est la sécurité ? Où est le gouvernement ?" Le député libéral Amr Hamzawi a appelé de son côté au limogeage immédiat du ministre de l'intérieur, de même qu'à celui du gouverneur et du chef de la sécurité de Port-Saïd.


Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir, a promis que les responsables des violences seraient traqués et jugés. "Ce genre d'événements peut se produire partout dans le monde mais nous ne laisserons pas les responsables s'en sortir", a-t-il déclaré sur l'antenne de la chaîne de télévision sportive appartenant au club d'Al-Ahli, une des deux équipes impliquées dans le drame. "L'Egypte sera stable", a promis le maréchal Tantaoui. "Nous avons une feuille de route pour transférer le pouvoir à des civils élus. Quiconque prépare l'instabilité en Egypte échouera", a-t-il dit. Mais ses promesses n'ont pas apaisé la colère publique dans un pays qui, un an après la chute de Moubarak, reste le théâtre d'actes répétés de violences meurtrières.

Les drames liés au football

La Bourse du Caire dévisse

La Bourse du Caire chutait de 4,6 % en cours de séance jeudi matin à la suite des affrontements meurtriers la veille après un match de football à Port-Saïd. L'indice de référence EGX-30 est tombé de 4 688 points à l'ouverture à 4 471 points en milieu de matinée. Au moins 74 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans des violences qui ont éclaté mercredi soir après que l'arbitre eut sifflé la fin du match entre les équipes égyptiennes Al-Masry et Al-Ahly. Des centaines de supporteurs d'Al-Masry, un club de Port-Saïd, ont envahi le terrain et lancé des pierres et des bouteilles en direction de ceux d'Al-Ahly, une équipe du Caire. La télévision d'Etat a annoncé le déploiement de l'armée dans cette ville située à l'entrée nord du canal de Suez pour "éviter de nouveaux affrontements" entre supporteurs. La police a de son côté indiqué avoir arrêté 47 personnes.
COPIADO : www.lemonde.fr/

Nenhum comentário:

Postar um comentário

Postagem em destaque

Ao Planalto, deputados criticam proposta de Guedes e veem drible no teto com mudança no Fundeb Governo quer que parte do aumento na participação da União no Fundeb seja destinada à transferência direta de renda para famílias pobres

Para ajudar a educação, Políticos e quem recebe salários altos irão doar 30% do soldo que recebem mensalmente, até o Governo Federal ter f...