Collision de Millas: la douleur toujours, des questions et des critiques
AFP / RAYMOND ROIGL'entrée de la mairie de Saint-Féliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales, le 26 décembre 2017
La douleur toujours, mais aussi des questions et des critiques: des familles de victimes de la collision mortelle entre un car scolaire et un train le 14 décembre ont été reçues mardi par le préfet des Pyrénées-Orientales et certaines se sont constituées partie civile pour avoir accès au dossier judiciaire.
Accompagné par le recteur d'académie, il a reçu "individuellement et à leur demande cinq familles endeuillées" et "leur a rappelé les efforts déployés (...) par l’ensemble des services de soins et de secours, qui ont entrepris tout leur possible pour sauver des vies", selon un communiqué de la préfecture.
Il a souligné que "l’équipe de direction, les médecins et les soignants du centre hospitalier de Perpignan avaient veillé à ce que l’information aux familles des enfants décédés se fasse de manière digne et individualisée, avec la possibilité d’un soutien psychologique immédiat".
Le préfet et le recteur "ont entendu et pris en compte les remarques des familles sur les maladresses qu’elles ont pu ressentir à l'occasion de l’annonce du décès de leur enfant et dans les jours qui ont suivi".
"Un retour d’expérience approfondi" sera effectué "afin d’apporter, là où cela est possible, les améliorations utiles", a ajouté le préfet, souhaitant "associer les familles à cette réflexion de manière à ce que leur voix soit entendue".
Ces rencontres, fermées à la presse, ont eu lieu à la mairie de Saint-Féliu-d'Avall, village d'où étaient originaires les victimes, dont les six collégiens tués. Les familles n'ont fait aucune déclaration.
L'association France Victimes s'est aussi installée à la mairie pour assister les victimes, tout comme la Fenvac (Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs) et l'assureur du transporteur, Axa.
Près de deux semaines après la tragédie, la douleur reste vive. Les familles, dont au moins deux se sont constituées partie civile mardi à Marseille, ont "le sentiment d'avoir été abandonnées" lors du drame, avait affirmé samedi leur avocate Me Jehanne Collard.
Elle a cité l'exemple d'une de ses clientes, à qui la mort de son enfant venait d'être annoncée, mais dont le corps était à Montpellier. Après plusieurs heures d'attente, "elle est partie à Montpellier et personne ne l'a accompagnée".
AFP / Thomas SAINT-CRICQLa terrible collision de Millas
Répondant sur RTL à l'indignation de cette mère, Élisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l'aide aux victimes, a jugé mardi "tout à fait normal pour cette maman de dire que le temps lui a paru immensément long et que pendant tout ce temps-là elle a dû être désespérément seule avec sa douleur".
- "Mieux faire" -
AFP / RAYMOND ROIGDes proches de victimes de la collision mortelle entre un car scolaire et un train arrivent à la mairie de Saint-Féliu-d'Avall, le 26 décembre 2017
"Il y avait autour d'elle du personnel hospitalier, il y avait des personnes chargées de la prise en charge psychologique, mais je pense qu'il faut encore mieux faire", a poursuivi Mme Pelsez.
Sur le plan judiciaire, Me Collard avait évoqué samedi "au conditionnel", le fait que la conductrice du car ait pu être "sous l'emprise d'antidépresseurs, d'anxiolytiques".
Le procureur de Marseille a répondu mardi à l'AFP qu'il n'y avait pas "à ce stade de l'enquête de lien de causalité entre les médicaments pris par la conductrice du car pour dormir" et la collision avec un TER. Selon lui, elle prenait ces médicaments "depuis des années".
La conductrice a été mise en examen le 20 décembre pour "homicides et blessures involontaires par imprudence" et placée sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction de conduire. Elle a toujours assuré avoir vu les barrières du passage à niveau levées.
AFP/Archives / RAYMOND ROIGL'épave du bus accidenté de Millas le 15 décembre 2017
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Sa version contredit les premières "constatations matérielles" dont avait fait état le procureur de Marseille et qui allaient "plutôt dans le sens d'une barrière (du passage à niveau) fermée", tout comme les témoignages du conducteur du TER et des chauffeurs des véhicules qui se trouvaient de l'autre côté de la voie.
Lancée il y a cinq jours, une pétition en soutien à la conductrice rassemblait mardi à 20H30 plus de 26.000 signatures
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