Ukraine : la police repoussée, les manifestants crient victoire 6 - « L'intervention en Centrafrique n'a pas de mandat politique et c'est une erreur » - Les derniers mots d'un condamné 56









Ukraine : la police repoussée, les manifestants crient victoire 6

La police a renoncé à déloger les occupants de la mairie de Kiev et ont quitté la place, toujours occupée par des milliers de manifestants.
Les leaders de l'opposition se sont réjouis du retrait des forces de l'ordre, mercredi, estimant, à l'instar de Vitalie Klitschko, qu'il n'y a plus de « compromis » possible avec le pouvoir.


Ukraine : la police repoussée, les manifestants crient victoire

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le
La police a renoncé à déloger les occupants de la mairie de Kiev et ont quitté la place, toujours occupée par des milliers de manifestants.

Les forces antiémeutes ukrainiennes ont renoncé, mercredi 11 décembre, à déloger les milliers de manifestants pro-européens rassemblés sur la place de l'Indépendance et dans la mairie de Kiev. Après avoir commencé à occuper une partie de la place principale de la capitale, dans la nuit, les forces de l'ordre sont reparties en milieu de matinée sous la pression de la foule, laissant les manifestants crier victoire.

« C'est ici que se fait le destin de l'Ukraine ! », a lancé de la scène installée parmi les tentes et les barricades Arseni Iatseniouk, un responsable du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. « Nous l'avons fait ! », a lancé le leader nationaliste Oleg Tiagnybok.
L'ancien boxeur Vitalie Klitschko, chef de file du parti libéral Udar, a exclu toute forme de « compromis » avec le gouvernement. « Nous avions prévu des discussions avec Ianoukovitch. Nous en déduisons [qu'il] ne souhaite pas discuter avec le peuple et ne comprend que la force physique, qu'il utilise contre les manifestants », a-t-il lancé.
Le ministre de l'intérieur, Vitali Zakharchenk, a affirmé que les opérations policières de la nuit n'avaient en réalité été destinées qu'au... « déblaiement des voies publiques enneigées ». Il a par ailleurs assuré que la police ne mènerait pas d'assaut général contre les manifestants.
« Je veux que tout le monde se calme. Personne ne violera votre droit à manifester pacifiquement, mais prenez en compte les droits des autres citoyens. »

« DEMAIN LE RÉGIME COULERA »
Dès 1 heure du matin, les policiers avaient commencé à franchir les barricades placées par les manifestants pro-Union européenne qui occupent la place de l'Indépendance. Si la foule a d'abord cru à un assaut rapide, l'affrontement semblait devoir s'éterniser, les policiers avançant par étapes vers le cœur de la zone occupée par la scène. Les manifestants les plus radicaux semblaient prêts à l'affrontement tandis que d'autres lançaient des appels au calme et invitaient les policiers à désobéir, le tout dans une ambiance fervente et joyeuse, selon l'envoyé spécial du Monde sur place.
« Ne nous faites pas de mal ! », avait lancé à l'aide d'un mégaphone la chanteuse Rouslana, qui a rejoint les opposants à la décision du chef de l'Etat, annoncée le 21 novembre, de renoncer à un accord d'association avec l'Union européenne et d'opter pour un rapprochement avec Moscou. « Nous ne pardonnnerons pas. Demain il y aura ici des millions de personnes et le régime coulera », a lancé de la scène Arseni Iatseniouk, ajoutant que le président Viktor Ianoukovitch avait « craché à la figure de l'Amérique et des vingt-huit pays de l'UE ».
L'UKRAINE DEMANDE 20 MILLIARDS D'EUROS À L'UE

Dans le même temps, le premier ministre, Mykola Azarov, a affirmé que l'Ukraine avait besoin de 20 milliards d'euros d'aide européenne pour signer un accord d'association avec l'UE en limitant ses conséquences pour son économie.
« Nous proposons de régler la question d'une aide financière à l'Ukraine. Nous avons défini son montant approximatif : 20 milliards d'euros. Nous ne parlons pas d'une aide à fonds perdus du budget européen, nous sommes réalistes, nous proposons que l'Union européenne participe aux investissements dans des projets communs mutuellement avantageux, comme l'élargissement et la modernisation des couloirs de transport ».
L'Ukraine, en grande difficulté économique et financière, a renoncé en novembre à signer un accord d'association avec l'Union européenne prévoyant la mise en place d'une zone de libre échange, invoquant les pertes économiques qu'une crise avec Moscou ferait subir au pays.
L'Union européenne a aussi rejeté la demande de Kiev. « Ces accords sont bons pour la prospérité de l'Ukraine. Nous n'allons pas jouer avec les chiffres. La prospérité de l'Ukraine ne peut pas être l'objet d'un appel d'offres où le mieux disant gagne le prix », a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly, lors d'un point de presse. L'UE a réaffirmé que l'accord restait « sur la table » et qu'elle était prête à discuter de sa « mise en œuvre », mais en aucun cas à « rouvrir les négociations ».
Les forces de l'ordre ont renoncé à déloger les occupants de la mairie de Kiev et ont quitté la place de l'Indépendance, toujours occupée par des milliers de pro-européens.
Une représentante de la diplomatie américaine avec les manifestants
Après l'assaut policier de la nuit sur la place de l'Indépendance de Kiev, l'Union européenne a demandé aux autorités ukrainiennes mercredi 11 décembre d'empêcher tout recours à « l'usage de la violence contre des citoyens ordinaires ».

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré que Washington exprime « son dégoût devant la décision des autorités ukrainiennes de répondre à la manifestation pacifique sur la place de l'Indépendance à Kiev avec la police antiémeute, des bulldozers et des matraques, plutôt qu'avec le respect pour les droits démocratiques et la dignité humaine. Cette réponse n'est ni acceptable ni bonne pour la démocratie ».
A proximitéŽ de l'aŽéroport, des passants traversent en courant la route par crainte des affrontements entre miliciens anti-Balaka et soldats de l'ex-Séléka.

« L'intervention en Centrafrique n'a pas de mandat politique, c'est une erreur »

Selon le spécialiste Roland Marchal, une sortie crise ne sera possible en RCA qu'en restaurant la légitimité des autorités politiques et des institutions.


Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par

Après le début du déŽsarmement des soldats de l'ex-Séléka, une revue de troupe est organisŽée pour les journalistes.

Cinq jours après le début de l'opération « Sangaris » en République centrafricaine, les 1 600 soldats français ont commencé lundi 9 décembre le désarmement des groupes armés aux côtés des forces panafricaines de la Misca. Placée sous mandat des Nations unies, l'opération de pacification entamée par les troupes internationales devrait prendre plusieurs mois et permettre une transition politique.

La France souhaite que les élections en République centrafricaine se tiennent « le plus vite possible », de préférence dès l'automne 2014, a indiqué mardi 10 décembre l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud.
Entretien avec Roland Marchal, spécialiste de l'Afrique subsaharienne au Centre de recherche en sciences sociales de l'international (CERI) à Sciences Po Paris.
Que pensez-vous de l'intervention internationale en République centrafricaine ?
Une intervention internationale était absolument nécessaire, qu'elle soit française ou pas. Une inquiétude demeure cependant. C'est une erreur de n'avoir pas donné à l'intervention un mandat politique. La résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies offre la perspective d'un mandat politique réduit aux acquêts. Or, il y a le besoin d'une intervention qui prenne en charge d'autres problèmes liés à la transition politique notamment. Pour exemple, l'existence de la Séléka est avant tout le résultat de l'impossibilité pour l'ONU de mettre en place les accords de Désarmement-Démobilisation-Réintégration (DDR) de juillet 2008.
Le partage du mandat et des compétences entre les Nations unies et l'Union africaine donne lieu à une situation très ambiguë. Comme le dit un proverbe camerounais : « Il ne peut y avoir deux crocodiles dans le même marigot ». C'est un facteur de dysfonctionnement d'avoir deux institutions quasiment en rivalité sur le mandat à remplir.
Quelles sont les conséquences de cette absence de mandat politique ?
Les militaires français font leur travail mais le discours politique est absent. Les autorités politiques centrafricaines manquent de légitimité. Le président Michel Djotodia et le premier ministre Nicolas Tiangaye ont perdu tout crédibilité politique. Il faut redonner une certaine crédibilité aux autorités. Pour cela, il sera peut-être nécessaire de procéder à un remaniement ministériel d'ampleur et de ne plus offrir les portefeuilles ministériels comme rétribution aux amis. Il faudra mettre en place une commission anticorruption.
Par ailleurs, le processus de DDR ne peut fonctionner que si l'on constitue en même temps une nouvelle armée centrafricaine. Il faut décider de ce que l'on fait de la Séléka : l'éliminer ou intégrer ses membres mais alors sur quelle base ? Que faire aussi des anciennes forces armées centrafricaines, les FACA, qui ont quitté l'uniforme et servent désormais en appui aux milices antibalaka [les milices d'auto-défense chrétiennes] ? Il faut avoir les moyens de les enregistrer, de les cantonner et de les nourrir. Comment réinjecter les forces de police et de gendarmerie, aujourd'hui absentes sur le terrain ?
Enfin, du point de vue de la réconciliation nationale, la résolution 2127 est un scandale pour qui connaît ce pays. On a fait signer un texte aux autorités et aux représentants de la Séléka, prônant les valeurs d'amour, mais c'est irénique dans un pays où les gens n'ont pas à manger. Il faut injecter de l'argent pour revenir à une situation de normalité et faire baisser le niveau de violence. Il est nécessaire de réfléchir aux droits des uns et des autres. On désarme uniquement les musulmans car ils sont assimilés aux rebelles de la Séléka. Cette communauté minoritaire doit aujourd'hui être protégée et voir par la suite ses droits protégés. Il faut leur donner des gages en ce sens et ne pas retourner au statu quo qui existait sous le président Bozizé où leur sécurité était monnayable. Il y a un silence étonnant des autorités nationales et internationales à ce sujet.
Quel intérêt la France avait-elle à intervenir ?
Je ne pense pas que les intérêts économiques aient primé. Les Français ont été placés dans une situation où ne pas intervenir les aurait rendu conjointement responsables d'un massacre qui se serait inéluctablement produit. Francçois Hollande est issu d'une génération de socialistes qui a eu à se dépatouiller avec ce que François Mitterand a fait au Rwanda. Il voulait éviter une chose similaire.
Regarder nos explications en vidéo : Centrafrique : que peut faire la France ?
Pensez-vous possible une sortie de crise en République centrafricaine ?
Oui, il y a un espoir de sortie de crise car la société centrafricaine existe et ne va pas s'exterminer. Le problème réside dans la légitimité des autorités politiques. On peut faire un coup d'Etat mais alors la popularité française en sera durablement affectée sur le continent. Le problème des Français est de changer le premier ministre, qui a beaucoup déçu. Le pire de tous les scénarios seraient d'être dans l'immobilisme. Tactiquement, il ne sert à rien d'humilier le président Djotodia en disant qu'il doit partir alors même qu'on a actuellement besoin de cantonner la Séléka, de faire la police dans ses propres rangs.
Pour que des élections soient perçues comme un exercice légitime de souveraineté, il faut travailler sur les opinions publiques. Aujourd'hui beaucoup de gens se demandent si les musulmans sont centrafricains ou étrangers, tchadiens. Il y a une naïveté dans le paradigme libéral de l'intervention qui veut que les problèmes soient réglés une fois que des élections ont lieu. En République démocratique du Congo, on a réussi à organiser des élections en 2006 et aujourd'hui, 20 000 casques bleus sont toujours stationnés là-bas. Ce qui est désespérant est que la communauté internationale injecte des ressources mais ne va pas jusqu'au bout.
 Hélène Sallon

Les derniers mots d'un condamné 56

Récit. Face à l'impasse de sa semi-liberté, Olivier M., libérable le 2 janvier 2015, s'est jeté dans l'Adour le 27 septembre, en laissant derrière lui une série d'enregistrements, sorte de testament.


LE MONDE | • Mis à jour le |

Il a glissé un magnétophone dans son blouson et est allé à ses derniers rendez-vous : son conseiller d'insertion et de probation, la responsable de sa formation professionnelle, son juge d'application des peines. Discussions banales. Olivier M., un peu embarrassé, un peu mal à l'aise, a répondu du bout des lèvres, assuré que son régime de semi-liberté se passait bien et mesuré en silence dans quelle impasse il se trouvait. Il suivait une formation de comptable le jour, rentrait en prison le soir. Il avait acheté un jeu de cartes pour tuer le temps. Et puis il a envoyé les enregistrements à son avocat, qui y a vu une sorte de testament, les derniers mots d'un condamné, des fichiers renommés avec des titres de chansons d'Amy Winehouse. Et il s'est jeté dans le port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), où son corps a été repêché le 27 septembre.

Olivier M., 31 ans, avait été condamné en 2003 à dix-huit ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa petite amie alors qu'il avait 19 ans. Il était libérable le 2 janvier 2015, et après douze ans de détention à Muret (Haute-Garonne), près de Toulouse, avait obtenu en avril de finir son temps à Bayonne, en régime de semi-liberté. La maison d'arrêt de Bayonne, « à la surpopulation inquiétante », indiquait un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, a été construite en 1879 et s'appelle en réalité « la Villa chagrin ». Olivier M. a compris pourquoi.
Les trois premières semaines, il était fouillé par palpation. « Puis les choses ont évolué, a écrit le détenu, et j'ai été obligé de me déshabiller presque entièrement au moins trois fois par semaine alors que je passe tous les soirs sous le portique magnétique et mon sac est passé aux rayons X. Lundi dernier, le surveillant m'a demandé de baisser le caleçon, sans aucun motif valable. Je me suis rendu compte qu'ils fouillaient quasiment tous les jours ma cellule. » Son avocat, Me Mathieu Oudin, a obtenu en juillet devant le tribunal administratif la condamnation de l'administration pénitentiaire pour ces fouilles systématiques abusives. Evidemment, les surveillants ont regardé le détenu de travers et ont fait un rapport quand il a voulu rapporter deux paquets de café (le café, interdit depuis 1986, est pourtant à nouveau autorisé depuis janvier en détention).
« JE SOUHAITE SIMPLEMENT VOUS DIRE CECI : JE SUIS EN TRAIN DE CRAQUER »
La semi-liberté est un sas utile pour préparer une réinsertion (1 842 personnes en bénéficiaient au 1er novembre), mais elle est « bien souvent laissée pour compte dans les maisons d'arrêt », avait estimé Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des prisons, dans un avis sévère de septembre 2012. Les locaux sont souvent anciens, surpeuplés (trois lits dans 9,14 m2, un placard et deux chaises pour trois), l'accès aux soins en prison n'est plus possible alors que le semi-libre n'a pas toujours de couverture sociale, les horaires de sortie ne coïncident pas toujours avec les exigences d'une profession. Les contraintes « sont, dans la pratique, très lourdes, avait prévenu Jean-Marie Delarue, ce pourquoi la semi-liberté ne peut durer de facto que pendant un temps limité ».
C'était bien l'avis d'Olivier M. « Si vous avez des clients qui veulent aller en semi-liberté pour un an et plus, je déconseille formellement », a-t-il écrit le 3 septembre à son avocat. Au début, ça allait. Il essayait de parler aux gens au restaurant, pour se réhabituer. Il était libre un week-end sur deux, il avait eu envie d'aller voir l'océan. « Ensuite, j'ai mangé dans une petite crêperie sympathique, a-t-il dit à sa conseillère d'insertion. S'il avait fait beau, j'aurais fait une petite sieste, j'aurais pris un café. » Mais il pleuvait des cordes, il est rentré en prison à 17 h 30.
Il était inquiet. Son stage de comptable était bientôt terminé, il ne voyait pas comment trouver un boulot, et son dernier rendez-vous avec la juge d'application des peines avait été remarquablement sec. Elle s'était dite « étonnée » de son placement en semi-liberté, décidé à Toulouse, surtout à la lecture du jugement du tribunal de l'application des peines qui décrivait le détenu comme « figé dans ses certitudes, autocentré, parfois hautain voire provocateur, incapable de faire preuve d'empathie à l'égard de la victime ». Il avait répondu mollement que ce n'était pas vrai. « J'ai toujours beaucoup de mal quand je suis face à un magistrat, à un directeur de prison, avait répondu Olivier M. On attend de moi une réponse toute faite. »
La juge n'avait pas été convaincue. Il lui a demandé s'il pourrait avoir, plus tard, un bracelet électronique. « Sur le plan juridique, c'est tout à fait envisageable, avait répondu la magistrate. Il faut attendre ce que donnent votre stage et votre embauche éventuelle. Il faut des garanties financières stables. Je ne suis pas sûre de vous lâcher un peu dans la nature si vous n'avez pas une activité quotidienne derrière. » Elle lui avait expliqué qu'il n'aurait pas de remise de peine supplémentaire, sauf « efforts exceptionnels ». « Je veux être claire, avait-elle dit. Vous avez déjà la chance d'avoir été libéré alors qu'il n'y a pas énormément d'efforts. Vous pouvez faire votre demande, elle sera examinée. Et vous pourrez faire appel. »
Il en était sorti abattu et voyait bien qu'à la fin de son stage, le 29 novembre, il serait réincarcéré. Le 2 septembre, il écrit à son avocat : « Je souhaite simplement vous dire ceci : je suis en train de craquer. » Le 22 septembre, il n'est pas rentré à la prison. Cinq jours plus tard, il s'est jeté dans l'Adour. Me Oudin l'a appris à Paris. Il en « a pleuré comme un con, sur le trottoir ».

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