Contre toute attente, Abdeslam veut assister à son procès à Bruxelles
BELGA/AFP / ERIC LALMANDAudience au tribunal de Bruxelles sur le procès de Salah Abdeslam, le 26 septembre 2017
Contrairement aux attentes, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos du 13 novembre 2015 à Paris, veut assister à son procès qui s'ouvrira à Bruxelles le 18 décembre, le premier où comparaîtront d'ex-membres présumés de la cellule jihadiste à l'origine des attentats de Paris et Bruxelles.
Il s'agit du procès de la fusillade avec des policiers survenue le 15 mars 2016 à Forest, qui avait précipité la fin de sa cavale. Salah Abdeslam avait été arrêté trois jours plus tard près de chez lui à Molenbeek, autre commune de l'agglomération bruxelloise.
Le Français d'origine marocaine, âgé de 28 ans, devra y répondre, avec son complice Sofiane Ayari, arrêté avec lui le même jour, de "tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers".
Alors qu'il est mutique et refuse depuis un an et demi de collaborer avec la justice, se plaignant de ses conditions de détention en France, Abdeslam a suscité la surprise en émettant le voeu, auprès d'un magistrat français, d'être présent à cette audience.
"Contrairement à ce qu'on pensait, il a exprimé la volonté de venir assister à son procès", a déclaré à l'AFP Eric Van Der Sypt, porte-parole du parquet fédéral belge.
Ce souhait a été rendu public, devant un tribunal de Bruxelles, lors d'une audience de procédure destinée à fixer le calendrier du procès, qui aura lieu du 18 au 22 décembre.
Salah Abdeslam, dont les avocats ont jeté l'éponge il y a un an, compte se défendre seul à ce procès, a précisé M. Van Der Sypt.
Sa famille a toutefois pris contact avec son ancien avocat, Me Sven Mary, pour qu'il assure de nouveau sa défense devant le tribunal en décembre, ont rapporté les médias belges.
Le 15 mars 2016, au 60 rue du Dries à Forest, six policiers, français et belges, avaient essuyé des tirs d'armes automatiques en perquisitionnant un logement supposé inhabité, où ils pensaient trouver des traces du passage des jihadistes ayant frappé Paris le 13 novembre 2015, tuant 130 personnes.
Trois policiers avaient été blessés, et l'un des occupants du logement, un jihadiste algérien, avait été tué dans l'échange de coups de feu, en couvrant la fuite de deux autres hommes par l'arrière.
Les deux fuyards, Salah Abdeslam et Sofiane Ayari -- un jeune d'origine tunisienne qu'il avait convoyé depuis Ulm (Allemagne) avec d'autres jihadistes en octobre 2015 --, seront finalement arrêtés ensemble le 18 mars 2016.
Cette arrestation a accéléré le passage à l'acte d'autres membres de la même cellule jihadiste, le 22 mars à Bruxelles, comme l'a révélé le "testament" laissé par l'un de ces assaillants.
- 'Normal qu'il vienne s'expliquer' -
Belga/AFP/Archives / DIRK WAEMOpération de la police belge, le 15 mars 2016 dans le quartier de Forest, à Bruxelles
Ce jour-là trois hommes se sont fait exploser dans la capitale européenne, à l'aéroport et dans le métro, causant la mort de 32 personnes.
Mardi, les policiers impliqués dans la fusillade de Forest se sont montrés satisfaits par la perspective de voir Salah Abdeslam dans le box.
"Ils trouvent normal qu'il vienne s'expliquer sur ce qui s'est passé", a souligné Me Maryse Alié, qui défend cinq des six fonctionnaires parties civiles.
Il reste désormais à préparer le transfèrement de ce détenu ultra surveillé depuis la France, "sur le plan juridique et le plan de la sécurité", a souligné M. Van Der Sypt.
Abdeslam pourrait faire l'objet d'un prêt à la Belgique le temps du procès, mais "les Français vont vouloir des garanties sur son retour", a-t-il ajouté.
Inculpé en France le 27 avril 2016 pour assassinats terroristes, suspect-clé des pires attentats jamais commis sur le sol français, le jeune homme qui a grandi à Bruxelles est détenu à l'isolement depuis 17 mois à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (région parisienne), placé sous vidéosurveillance 24h/24.
Il a toutefois bénéficié récemment d'un léger assouplissement de ses conditions d'incarcération, que la ministre française de la Justice Nicole Belloubet a justifié par des "craintes pour sa santé".
L'Administration pénitentiaire a accédé à une demande de retrait de la vitre qui le séparait de ses visiteurs au parloir.
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