A Bangkok, le face-à-face de deux Thaïlande

  • Thaïlande : de nouveaux ministères assiégés par les manifestants
  • Manifestations sous tension en Thaïlande
  • En Thaïlande, le parti au pouvoir échappe à la dissolution
  • Thaïlande : regain de tension entre chemises "rouges" et "jaunes"

    Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par
    La police s'est déployée devant le Parlement, à Bangkok, mardi 26 novembre.
    Une ambiance quasi insurrectionnelle règne dans certains quartiers de Bangkok : depuis lundi 25 novembre, une partie des dizaines de milliers d'opposants au gouvernement qui avaient organisé des défilés monstres dans les vieux quartiers de la capitale en fin de semaine dernière, ont commencé, sans que la police s'y oppose, à occuper des ministères. L'un des porte-parole du mouvement, l'ancien vice-premier ministre Sutep Thaugsuban, a crié son mot d'ordre contre la première ministre, Yingluck Shinawatra : « Levez-vous ! Désobéissez ! Emparez-vous des bâtiments officiels de ce pays afin que le gouvernement ne puisse plus fonctionner ! »

    Lundi, ses partisans ont investi le ministère des finances où les assaillants, qui ont pris soin de ne rien casser, font régner désormais une atmosphère de kermesse ; dans la soirée, d'autres opposants avaient occupé le ministère des affaires étrangères. Ils ont cependant évacué ce dernier mardi afin de focaliser leurs actions contre les ministères de l'intérieur, de l'agriculture, des transports, du sport et du tourisme, qu'ils ont désormais assiégés.

    En Thaïlande, l'histoire ne se répète pas : elle patine. En 2008, déjà, les mêmes opposants à un gouvernement de semblable obédience avaient occupé les aéroports de la capitale thaïlandaise pour chasser les tenants du pouvoir d'alors. Ils veulent en faire de même aujourd'hui.
    LA BÊTE NOIRE DE CES OPPOSANTS, C'EST THAKSIN
    Le prétexte a été la tentative, par le gouvernement de Yingluck Shinawatra, de faire récemment voter à l'Assemblée une loi d'amnistie qui aurait exonéré son frère Thaksin – aujourd'hui en exil après avoir été renversé par les militaires en 2006, alors qu'il était au pouvoir – des charges de corruption pesant contre lui. Mais si la loi a bien été adoptée à l'Assemblée, elle a été récemment « retoquée » au Sénat. L'opposition n'a soudain plus eu d'autre grain à moudre que de prolonger un mouvement dont l'objectif affiché est désormais rien moins que de contraindre à la démission un gouvernement élu haut la main en 2011. Gouvernement dont Thaksin, dixit l'opposition, tire les ficelles depuis son exil de Dubaï...
    La bête noire de ces opposants, emmenés par les caciques du vieux Parti démocrate, c'est donc Thaksin. L'ancien policier devenu milliardaire puis premier ministre fut autant populiste que populaire parmi les couches les plus défavorisées, notamment dans les provinces du nord-est. Ce capitaliste flamboyant pratiqua une économie libérale intégrant les contraintes de la mondialisation autant qu'une politique sociale à l'égard du monde rural qui tranchaient avec celles de ses prédécesseurs. Résultat, il se mit à dos l'establishment militaro-monarchiste qui l'accusait de tendances républicaines.
    La confrontation d'aujourd'hui est ainsi le prolongement d'une situation clivée entre, pour simplifier, des Pro-Thaksin dont le soutien dans les provinces les plus pauvres est massif, et les élites urbaines de Bangkok, décidées à défendre des avantages acquis, le respect de la monarchie et un certain conservatisme idéologique au plan social.
    LES RISQUES DE CONFRONTATION SONT TOUJOURS POSSIBLES
    Des manifestants anti-Thaksin dans les rues de Bangkok, mardi 26 novembre.
    « Ce n'est pas que l'on n'aime pas Thaksin, on le hait ! », clamait une dame dans la foule des opposants mardi. Elle résumait ainsi ce que pensent beaucoup de gens, pas forcément les plus riches, à savoir que Thaksin a symbolisé à la fin de son règne une ère de corruption généralisée. Sa sœur a proclamé, mardi, que « la loi de la rue » ne devait pas être utilisée pour renverser « le règne de la loi ». Auparavant, elle avait promis que la force ne serait pas utilisée.
    Les risques de confrontation entre parties rivales sont toujours possibles : alors que défilent dans Bangkok les opposants au gouvernement, les « chemises rouges », les partisans du clan Shinawatra, sont rassemblées dans un stade de la ville. Bien décidées à défendre « leur gouvernement ». En 2010, ces mêmes chemises à la couleur pourpre avaient occupé pendant deux mois le centre des affaires de Bangkok pour exiger la démission du gouvernement précédent et demander le retour de leur idole Thaksin.Cette occupation avait provoqué une sanglante répression de l'armée, qui s'était soldée par 90 morts.
    La crainte serait aujourd'hui de voir se prolonger un pareil mouvement, cette fois-ci emmené par leurs adversaires, qui paralyserait durablement l'activité du pays et le fonctionnement de sa bureaucratie, si l'occupation des ministères se prolongeait.
     Bruno Philip (Bangkok, correspondant )
    Journaliste au Monde 
  •  COPY http://www.lemonde.fr/

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