A l’Elysée, les prisonniers-volontaires de Sarkozy cherchent à se recaser
Une fois passée l’élection présidentielle, le conseiller diplomatique de l’Elysée Jean-David Levitte, 65 ans, prendra sa retraite, après avoir servi cinq ans Nicolas Sarkozy et trente-cinq ans tous les pouvoirs.
Mais l’infatigable diplomate compte rester actif. Dès septembre, il donnera à Sciences Po Paris un cours en anglais sur la politique étrangère de la France. Il s’est aussi attelé à rédiger un livre sur ses années à l’Elysée et fait bûcher ses collaborateurs. Peut-être sera-t-il sollicité par les entreprises privées.
Défaite ou victoire, les grands féodaux ont destin lié avec le président. Henri Guaino, la plume du candidat UMP, rêve d’une vie de ministre. Claude Guéant l’est devenu. Pourquoi pas lui ? Il devra accompagner M. Sarkozy jusqu’au bout. Son recasage est compliqué si la gauche l’emporte. « Guaino sera chômeur en cas de défaite, à moins que l’UMP lui trouve une circonscription où il sera élu », estime un visiteur du soir.
Si M. Guaino devait se présenter, ce serait à Arles (Bouches-du-Rhône), sa ville natale. L’UMP a attribué la circonscription à Roland Chassain, maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, mais Brice Hortefeux lui en a touché un mot. « Guaino voudrait se décider au lendemain du 7 mai », confie le responsable des investitures. « Je m’occuperai de ces histoires-là au lendemain de la présidentielle », explique M. Guaino, qui dit ne pas savoir s’il veut faire de la politique, aller dans l’industrie ou retourner à la Cour des comptes.
Le secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca, lui, n’est pas politique, mais son poste l’est. Il en a subi les conséquences : l’ancien directeur du Trésor briguait la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations, vacante en mars, mais M. Sarkozy a dû s’engager à ne pas pourvoir le poste avant les élections. « Généralement, en cas d’alternance, on ne maltraite pas le secrétaire général de l’Elysée et les directeurs de cabinet de Matignon et de l’intérieur », espère M. Hortefeux. Enfin, le conseiller en communication, Franck Louvrier, conseiller régional des Pays de la Loire, fera campagne avec M. Sarkozy jusqu’au bout. Il est trop occupé pour tenter la députation.
Travailler à l’Elysée n’est pas une garantie d’investiture. Pierre Régent, 32 ans, responsable de la presse internationale, n’a pas été investi à Verdun (Meuse), en raison de l’opposition du ministre de la défense, Gérard Longuet, ancien sénateur du département.
Oui à la politique, mais pas trop : certains ont assuré leurs arrières, à l’instar du conseiller politique, le préfet Olivier Biancarelli, qui doit devenir secrétaire général adjoint de GDF-Suez au lendemain de l’élection. D’autres sont déjà partis, à l’image du conseiller social Thomas Fatome, nommé directeur de la Sécurité sociale.
Le souci, c’est la cohorte des fonctionnaires, qui veulent valoriser leurs années à l’Elysée, mais qui craignent les purges et veulent faire oublier leurs attaches sarkozystes. Les diplomates cherchent une ambassade… loin du pouvoir parisien. Le temps de promotions éclair, à l’instar de celle de Boris Boillon, propulsé ambassadeur en Irak à 40 ans en 2009, est révolu. Le Quai d’Orsay est géré comme une « gérontocratie », accuse un jeune loup. Un autre trouve que M. Levitte les défend mollement.
Il y le camp de ceux qui s’activent : le conseiller Asie, Olivier Lortholary, va devenir ambassadeur en Indonésie. L’adjoint de M. Levitte, André Parant, devrait atterrir au Maghreb. Damien Loras peine à décrocher le Brésil. D’autres attendent, à l’instar d’Olivier Colom (conseiller G20), qui se verrait bien confier une ambassade. Le conseiller européen, Fabien Raynaud, rêve de la représentation permanente à Bruxelles. Trop jeune et pas issu du Quai d’Orsay, lui rétorque-t-on. Ce sera l’Europe à Matignon, en cas de victoire, ou le retour au Conseil d’Etat.
Sans regrets après cinq années passionnantes. Accaparé par l’euro, le conseiller économique Emmanuel Moulin n’a pas organisé l’après. La direction du Trésor semble bien tenue par Ramon Fernandez. Si ce n’est pas le public, cet ancien de Citigroup retournera dans le privé.
Arnaud Leparmentier COPY http://www.lemonde.fr/
Mais l’infatigable diplomate compte rester actif. Dès septembre, il donnera à Sciences Po Paris un cours en anglais sur la politique étrangère de la France. Il s’est aussi attelé à rédiger un livre sur ses années à l’Elysée et fait bûcher ses collaborateurs. Peut-être sera-t-il sollicité par les entreprises privées.
Grands féodaux
A l’Elysée, tous n’ont pas la sérénité de M. Levitte. A 80 jours de l’élection, les conseillers plus jeunes sont inquiets. Prisonniers volontaires à l’Elysée, ils ne savent pas comment se recaser. « Si la gauche l’emporte, elle sera sectaire. Pouvons-nous nous permettre de prendre le risque d’attendre l’élection ? », s’affole l’un d’eux. Impossible de chercher trop ostensiblement, ce serait donner le sentiment que les rats quittent le navire. « Cela pose un problème de signal lancé en pleine campagne », poursuit ce conseiller.Défaite ou victoire, les grands féodaux ont destin lié avec le président. Henri Guaino, la plume du candidat UMP, rêve d’une vie de ministre. Claude Guéant l’est devenu. Pourquoi pas lui ? Il devra accompagner M. Sarkozy jusqu’au bout. Son recasage est compliqué si la gauche l’emporte. « Guaino sera chômeur en cas de défaite, à moins que l’UMP lui trouve une circonscription où il sera élu », estime un visiteur du soir.
Si M. Guaino devait se présenter, ce serait à Arles (Bouches-du-Rhône), sa ville natale. L’UMP a attribué la circonscription à Roland Chassain, maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, mais Brice Hortefeux lui en a touché un mot. « Guaino voudrait se décider au lendemain du 7 mai », confie le responsable des investitures. « Je m’occuperai de ces histoires-là au lendemain de la présidentielle », explique M. Guaino, qui dit ne pas savoir s’il veut faire de la politique, aller dans l’industrie ou retourner à la Cour des comptes.
Le secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca, lui, n’est pas politique, mais son poste l’est. Il en a subi les conséquences : l’ancien directeur du Trésor briguait la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations, vacante en mars, mais M. Sarkozy a dû s’engager à ne pas pourvoir le poste avant les élections. « Généralement, en cas d’alternance, on ne maltraite pas le secrétaire général de l’Elysée et les directeurs de cabinet de Matignon et de l’intérieur », espère M. Hortefeux. Enfin, le conseiller en communication, Franck Louvrier, conseiller régional des Pays de la Loire, fera campagne avec M. Sarkozy jusqu’au bout. Il est trop occupé pour tenter la députation.
Fantassins et loyauté contrainte
Ce n’est pas le cas des fantassins du président, envoyés à la bataille législative. Ils voyaient en l’Elysée un tremplin politique. Ils ont aujourd’hui la loyauté contrainte. Ils se préparent, nombreux, au combat, incertains d’être élus. Ainsi, Jean Castex, secrétaire général adjoint de l’Elysée, est candidat dans les Pyrénées-Orientales. Guillaume Larrivé, ex-conseiller de M. Hortefeux recasé à l’Elysée, brigue la succession de Jean-Pierre Soisson à Auxerre. Boris Ravignon, conseiller environnement, candidat dans les Ardennes, espère obtenir le mandat qui lui échappa en 2007.Travailler à l’Elysée n’est pas une garantie d’investiture. Pierre Régent, 32 ans, responsable de la presse internationale, n’a pas été investi à Verdun (Meuse), en raison de l’opposition du ministre de la défense, Gérard Longuet, ancien sénateur du département.
Oui à la politique, mais pas trop : certains ont assuré leurs arrières, à l’instar du conseiller politique, le préfet Olivier Biancarelli, qui doit devenir secrétaire général adjoint de GDF-Suez au lendemain de l’élection. D’autres sont déjà partis, à l’image du conseiller social Thomas Fatome, nommé directeur de la Sécurité sociale.
Le souci, c’est la cohorte des fonctionnaires, qui veulent valoriser leurs années à l’Elysée, mais qui craignent les purges et veulent faire oublier leurs attaches sarkozystes. Les diplomates cherchent une ambassade… loin du pouvoir parisien. Le temps de promotions éclair, à l’instar de celle de Boris Boillon, propulsé ambassadeur en Irak à 40 ans en 2009, est révolu. Le Quai d’Orsay est géré comme une « gérontocratie », accuse un jeune loup. Un autre trouve que M. Levitte les défend mollement.
Il y le camp de ceux qui s’activent : le conseiller Asie, Olivier Lortholary, va devenir ambassadeur en Indonésie. L’adjoint de M. Levitte, André Parant, devrait atterrir au Maghreb. Damien Loras peine à décrocher le Brésil. D’autres attendent, à l’instar d’Olivier Colom (conseiller G20), qui se verrait bien confier une ambassade. Le conseiller européen, Fabien Raynaud, rêve de la représentation permanente à Bruxelles. Trop jeune et pas issu du Quai d’Orsay, lui rétorque-t-on. Ce sera l’Europe à Matignon, en cas de victoire, ou le retour au Conseil d’Etat.
Sans regrets après cinq années passionnantes. Accaparé par l’euro, le conseiller économique Emmanuel Moulin n’a pas organisé l’après. La direction du Trésor semble bien tenue par Ramon Fernandez. Si ce n’est pas le public, cet ancien de Citigroup retournera dans le privé.
Arnaud Leparmentier COPY http://www.lemonde.fr/
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