Damas bombarde toujours, Moscou confiant en la victoire militaire du régime

 
04/04 | 19h39 GMT
Capture d'écran d'une vidéo YouTube du 4 avril 2012 montrant un char de l'armée syrienne à Saqba, près de Damas
DAMAS (AFP) - Le régime syrien bombardait les bastions rebelles mercredi malgré sa promesse de retirer ses troupes, son allié russe affichant sa certitude d'une victoire militaire de Damas même si l'opposition était armée "jusqu'aux dents".
Malgré la promesse du pouvoir d'appliquer "immédiatement" le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan visant à mettre fin aux violences, les militants faisaient état de la poursuite des assauts de l'armée et des combats avec les rebelles.
"De la frontière turque dans le nord-est à Deraa dans le sud, les opérations militaires se poursuivent", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Au moins 41 personnes ont été tuées mercredi à travers le pays, en majorité des civils dans de violents bombardements et des tirs dans la province de Homs (centre), où sont retranchés des rebelles, selon l'OSDH.
Capture d'écran d'une vidéo téléchargée sur YouTube le 3 avril 2012 d'un hélicoptère qui appartiendrait à l'armée syrienne tirant sur des cibles à Taftanaz
"Les chars bombardent ou prennent d'assaut les villes et villages puis reviennent à leurs bases, cela ne veut pas dire qu'il y a des retraits", a indiqué M. Rahmane.
Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a évoqué un assaut par des "dizaines de chars et de blindés" contre la ville de Taftanaz (nord-ouest), avec des "destructions de maisons sur la tête de leurs habitants et des exécutions sommaires".
"Le régime poursuit sa politique de génocide contre le peuple syrien", a dit le CNS dans un communiqué, appelant la communauté internationale à réagir "immédiatement" pour obliger le régime à "retirer ses chars et arrêter ses génocides".
Le retrait des chars est l'un des principaux points du plan Annan que Damas s'est engagé à appliquer d'ici mardi mais en posant pour condition l'arrêt des violences par les rebelles que le régime qualifie de "terroristes". Les insurgés de leur côté affirment qu'ils ne baisseront pas les bras jusqu'au retrait des troupes.
Capture d'écran d'une vidéo YouTube du 3 avril 2012 montrant le corps d'un Syrien présenté comme Thaer Shelli, avant ses funérailles à Taftanaz
Un projet de déclaration sur la Syrie en discussion au Conseil de sécurité de l'ONU demande à Damas de respecter l'échéance du 10 avril pour mener son désengagement militaire et à l'opposition syrienne de faire de même dans les 48 heures qui suivent.
La Syrie est secouée depuis plus d'un an par une révolte contre le régime qui la réprime dans le sang. Les violences ont fait plus de 10.000 morts, en majorité des civils, selon l'OSDH.
Mardi, les Etats-Unis qui ont accusé Damas à plusieurs reprises de ne pas tenir ses promesses, ont assuré ne disposer d'aucune preuve sur l'intention du régime de mettre en oeuvre le plan Annan et appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à réagir "très rapidement et avec vigueur" si le pouvoir ne tenait pas parole.
Le régime de M. Assad, seul chef d'Etat contesté à s'être maintenu au pouvoir dans la foulée du Printemps arabe, reste conforté par le soutien de la Russie, qui a bloqué à deux reprises avec la Chine des résolutions à l'ONU condamnant la répression et qui a assuré mercredi que l'opposition "ne battra pas" les forces gouvernementales même si elle était armée "jusqu'aux dents".
"C'est clair comme de l'eau de roche, même si on armait l'opposition jusqu'aux dents, elle ne battrait pas l'armée syrienne, on aurait alors juste un carnage pendant de longues années, une destruction mutuelle", a estimé le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem est attendu en Russie le 10 avril, et une délégation d'un mouvement d'opposition syrien le 17 avril, a indiqué la diplomatie russe.
Sur le terrain, la contestation populaire ne baisse pas les bras. Selon une vidéo postée par les militants, lors d'une manifestation nocturne à Hama (centre) mardi, des militants portaient une pancarte sur laquelle on lisait "Malgré tous les bombardements, rien n'est mort en nous, excepté la peur".
Capture d'écran sur YouTube le 4 avril 2012, montrant des soldats syriens à un point de contrôle à Saqba dans la banlieue de Damas
Le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, s'est rendu mercredi à Deraa (sud) pour s'enquérir des besoins humanitaires dans ce bastion de la contestation, selon le CICR.
Deux camions transportant de l'aide alimentaire, des trousses hygiéniques et 500 couvertures "ont été déchargés (à Deraa, ndlr) dans les dépôts du Croissant rouge" en vue d'une distribution, a indiqué à l'AFP le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh.
La situation humanitaire s'aggrave selon des militants qui ont évoqué des exactions des forces gouvernementales contre la population.
Le plan Annan préconise, outre la cessation de la violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire aux zones touchées par les combats, la libération des personnes détenues arbitrairement et la liberté de circulation pour les journalistes dans le pays.
Dans ce contexte, le porte-parole de Kofi Annan a annoncé mardi qu'une équipe de l'ONU se rendrait en Syrie dans les 48 heures pour préparer le plan de déploiement des observateurs censés surveiller la cessation des hostilités.copiado : http://www.afp.com/afpcom

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