AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULTDes migrants campent près d'un centre humanitaire dans le nord de Paris, Porte de la Chapelle, le 27 juillet 2017
"C'est ça, ma maison": d'un geste, Ibrahim, Soudanais de 23 ans, désigne l'une des tentes où vivent de nouveau plus de 800 migrants ayant afflué près d'un centre humanitaire dans le nord de Paris, trois semaines après une vaste évacuation.
Le président français Emmanuel Macron a dit jeudi ne vouloir "plus personne dans les rues, dans les bois" d'ici la fin de l'année, lors d'un discours sur l'accueil des migrants.
"La première bataille: loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d'urgence", a-t-il plaidé.
Au même moment porte de la Chapelle, dans le nord de la capitale française, la file d'attente s'allonge sous une pluie fine avant une distribution de petits-déjeuners par des bénévoles.
De l'autre côté de la route, même file d'attente, cette fois, pour tenter de gagner son ticket vers l'un des 400 lits du centre de premier accueil.
"Je suis là depuis hier soir", dit Abdel, 22 ans, originaire du Soudan. "Premier arrivé, premier servi", espère le jeune homme, en France depuis un mois. Autour de lui, des grappes d'hommes, presque tous venus d'Afrique (Soudan, Guinée...) ou d'Afghanistan.
Censé éviter d'incessantes reconstitutions de campements indignes dans la capitale, le centre ouvert en novembre a rapidement fait affluer des centaines de migrants à ses abords et plusieurs évacuations se sont déjà produites.
AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULTUne réfugiée travaille sur ses cours de langue, alors qu'elle campe sous un pont près du centre humanitaire pour migrants de la Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, le 27 juillet 2017
Le 7 juillet, près de 2.800 personnes avaient dû en partir.
Selon France terre d'asile, l'association mandatée pour mener des maraudes, plus de 800 personnes vivent à nouveau dans la rue dans ses alentours. Et selon la mairie de Paris, "à ce rythme-là, on dépassera les 2.000 d'ici la mi-août".
"On se dirige vers une nouvelle évacuation", estime le directeur général de France terre d'asile, Pierre Henry.
"Plus on attend et plus c'est nécessaire. Et plus on évacue, plus l'incompréhension grandit dans l'opinion publique à qui l'on donne le sentiment d'une grande impuissance. On tourne en rond", regrette-t-il.
- 'Coup de pouce de Dieu' -
Depuis son ouverture, le centre humanitaire a permis à plus de 12.000 personnes de ne pas dormir dans la rue. Mais avec l'accélération des arrivées, la création de places d'hébergement en aval peine à suivre.
AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULTDes migrants font la queue pour recevoir de la nourriture, près du centre humanitaire pour migrants de la Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, le 27 juillet 2017
La promesse de M. Macron à un accueil digne pour tous les migrants est "un engagement fort", souligne M. Henry, qui plaide pour la création d'un "système de premier accueil" avec la mise en place de centres de transit "dans les grandes capitales régionales".
Sous les immenses ponts routiers, non loin du centre, c'est presqu'un bidonville qui s'est reconstitué. Partout les ordures s'amoncellent: restes de nourriture abandonnés aux pigeons, bouteilles d'eau vides, chaussures trouées.
"Si je nettoie, ça ira", tente de se rassurer Idriss, Soudanais de 23 ans, qui repousse un tas de feuilles mortes devant sa tente. Sur le grillage, sa brosse à dents est soigneusement accrochée. "C'est tout ce que je peux faire comme toilette", dit-il.
Arrivé du sud-Soudan il y a deux jours, Gabriel, 26 ans, pieds nus gonflés et ongles cassés, raconte avoir laissé derrière lui une femme et deux enfants âgés d'un et trois ans et attendre "enfin un coup de pouce de Dieu".
"Ce qu'il nous faut, ce ne sont pas des vêtements ou des couvertures. On a besoin qu'on nous donne une vie meilleure, des papiers", lance, lui, Saïdou, Guinéen de 38 ans.
AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULTDes migrants campent près du centre humanitaire pour migrants de la Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, le 27 juillet 2017
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"Ces gens sont là parce qu'ils ont connu la misère ou la guerre. Il y en a eu d'autres avant eux, c'est juste leur tour", dit Brahim, 76 ans, qui habite le quartier depuis 40 ans.
"Alors bien sûr, c'est pas bon pour le quartier, mais je tâche de comprendre, car ils ont risqué leur vie et pour eux maintenant, ça passe ou ça casse", dit-i
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