Grèce : le scénario d’un accord en deux temps Grèce : un bras de fer perdu pour Varoufakis contre Syriza Alexis Tsipras : « S'il n'y a pas encore d'accord, ce n’est pas à cause de notre intransigeance » Pourquoi les négociations avec la Grèce traînent en longueur Grèce : où en sont les discussions avec les créanciers ?


 


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    Grèce : le scénario d’un accord en deux temps

    LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Par
     
    Après quatre mois de laborieuses négociations, un accord entre Athènes et ses créanciers semble désormais à portée de main. Mais, pour qu’Athènes touche enfin son chèque d’environ 7,2 milliards d’euros et que le pays sorte de l’instabilité financière et économique qui le gangrène depuis le début du bras de fer avec ses créanciers, des compromis difficiles doivent encore être faits dans les heures et les jours qui viennent. Par Athènes. Mais aussi par les bailleurs les plus intransigeants du pays, à commencer par le Fonds monétaire international (FMI).
    Lundi 1er juin au matin, en tout cas, personne ne se risquait à commenter, à Bruxelles, Paris ou Berlin, la tribune particulièrement véhémente du premier ministre grec, Alexis Tsipras, parue la veille sur Lemonde.fr. Il dit, en substance, que la Grèce a fait sa part du chemin, et que les créanciers du pays (FMI, UE, BCE) doivent à leur tour bouger. « Si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance », assure le leader de la gauche radicale Syriza, qui a pris personnellement en charge, ces derniers jours, la laborieuse négociation avec les bailleurs de fonds du pays.
    Ces propos vont-ils peser sur les discussions ou, au contraire, pousser les dirigeants politiques européens, le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel en tête, à prendre clairement et publiquement position pour une sortie de crise rapide ?

    Intensification des discussions

    Les discussions sur la liste des réformes grecques à engager, contre l’aide internationale, se sont intensifiées ces derniers jours, y compris au plus haut niveau, pour sortir de l’impasse. Le « groupe de Bruxelles », des représentants des créanciers, a repris son travail mercredi 27 mai et s’est réuni une partie du week-end
    M. Tsipras a eu deux conversations téléphoniques en quatre jours avec M. Hollande et Mme Merkel, jeudi 28 mai et dimanche 31 mai. Ces derniers devaient à nouveau parler de la Grèce, lundi 1er juin à Berlin, avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, autre protagoniste-clé du dossier.
    Le peu qui a filtré de ces discussions au sommet est qu’Athènes espère un accord avant le 5 juin. Et que la Commission européenne, Paris et Berlin y travaillent aussi. A cette date, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI.
    D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver cet argent. Mais le gouvernement grec craint que, s’il envoie le chèque sans assurance d’un accord avec Bruxelles, il ne puisse pas assurer les remboursements suivants au FMI (336 millions d’euros le 12 juin, 560 millions le 16 et 336 millions le 19 juin)…

    Trouver un premier compromis

    Les Grecs misent donc sur un accord partiel portant sur une première série de réformes, les discussions les plus dures sur le système de retraites et le fonctionnement du marché du travail étant reportées.
    Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a ainsi suggéré de remettre à l’après-30 juin, date de la fin du deuxième plan d’aide au pays, un accord plus global qui aborderait aussi une restructuration de la dette publique. « Aucun accord ne peut rendre la situation grecque viable sans régler la question de la dette », a-t-il déclaré durant le week-end.
    Ce scénario d’un accord en deux phases circule beaucoup à Athènes ces derniers jours. Dans cette hypothèse, un premier compromis autour des réformes liées à la fiscalité (hausse de la TVA, lutte contre la fraude fiscale, maintien de l’impôt sur la propriété, etc..) pourrait s’accompagner du versement d’une partie des 7,2 milliards d’euros encore disponibles dans le cadre du deuxième plan d’aide.
    Cela permettrait à la Grèce de passer le cap difficile des remboursements au FMI de juin. Et à la BCE en juillet. Les points les plus difficiles de la négociation ne seraient pas abordés avant l’automne.

    Retraites et marché du travail toujours sujets de désaccord

    Il faut dire que, même si les positions des uns et des autres se sont rapprochées ces derniers jours, les discussions achoppent toujours sur les retraites et le marché du travail. Mais pas seulement.
    Le FMI plaide par exemple pour un report du départ à la retraite à 67 ans. A la Commission européenne, on souhaite différer la négociation sur une réforme des retraites ambitieuse.
    Sur le surplus primaire du budget de l’Etat grec (surplus budgétaire hors paiement des dettes), la Commission européenne propose seulement 1 % du PIB en 2015 (contre un objectif de 3 % encore en début d’année), 2 % en 2016 et 3 % en 2017. Les Grecs seraient d’accord, mais pas le FMI.
    Sur la TVA, les divergences demeurent aussi : Athènes a proposé une augmentation, censée rapporter environ 900 millions d’euros, mais les créanciers estiment que la TVA devrait rapporter au moins deux fois plus.

    Pas sans le FMI

    Côté créanciers, un accord partiel serait envisageable, à condition cependant d’obtenir d’Athènes suffisamment de garanties sur certaines réformes (le niveau des rentrées fiscales, probablement). Mais certains commencent à trouver le FMI trop intransigeant, même si les créanciers demeurent pour l’instant unis.
    Le FMI, qui a déjà prêté des sommes record à la Grèce (32 milliards d’euros depuis 5 ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes, en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.
    Berlin, Helsinki ou d’autres capitales européennes se rangent pour l’instant derrière cette position pour ménager des opinions publiques particulièrement hostiles à un nouveau plan d’aide à la Grèce.
    Quoi qu’il en soit, un accord avec la Grèce ne sera formellement validé que lors d’un Eurogroupe, la réunion des 19 ministres des finances. Et pas question que le FMI n’en soit pas, cela a clairement été répété par M. Juncker il y a quelques jours.
    La sortie de crise semble donc encore tout sauf imminente. « Mais les négociations, c’est comme une course, ce sont les derniers mètres qui sont souvent les plus durs », glisse une source proche des négociations, à Bruxelles.
    Le niveau des dépôts au plus bas Selon les chiffres de la Banque de Grèce publiés vendredi 29 mai, le niveau des dépôts des particuliers et des entreprises a atteint son plus faible niveau depuis onze ans en Grèce. 30,7 milliards d’euros ont quitté les banques depuis le mois de novembre 2014. Sur le seul mois d’avril, cette fuite des capitaux a atteint 5 milliards d’euros. Aujourd’hui, le montant global de ces dépôts s’établit à 133,6 milliards d’euros.
    En recul aussi, les crédits au secteur privé, – 2,4 % en avril. Les crédits aux particuliers sont les plus touchés avec un recul de 3,1 % par rapport à avril 2014, mais les entreprises aussi ont toujours du mal à accéder à l’emprunt, avec un taux de variation annuel s’établissant à – 2 % en avril.
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