Avant la mort de Philip Seymour Hoffman, les Etats-Unis s'inquiétaient d'un retour de l'héroïne
Les autorités américaines avaient récemment sonné
l'alarme contre une hausse de la consommation depuis une décennie, et
contre une vague de surdoses dans le nord-est du pays.
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Avant la mort de Philip Seymour Hoffman, les Etats-Unis s'inquiétaient d'un retour de l'héroïne
Le Monde.fr avec AFP |
• Mis à jour le
La mort de l'acteur Philip Seymour Hoffman, possiblement d'une surdose d'héroïne, a mis en lumière le retour en grâce aux Etats-Unis d'une vieille drogue auprès d'un public jeune, pas exclusivement urbain, souvent passé d'abord par des addictions aux médicaments vendus légalement sur ordonnance. Récemment, des dizaines de morts dans le nord-est du pays avaient poussé les autorités à sonner l'alarme.
Le nombre d'Américains prenant régulièrement de l'héroïne reste faible après les grandes épidémies des années 1970 et 1980. Mais il augmente de façon inquiétante. Entre 2010 et 2012, il est passé de 239 000 à 335 000, selon une étude nationale sur l'usage des drogues publiée en décembre. Le phénomène touche en premier lieu New York, où Hoffman résidait. Dans cet Etat, les saisies d'héroïne ont augmenté de 67 % au cours des quatre dernières années, selon la Drug Enforcement Administration (DEA), l'agence fédérale de lutte contre les drogues. L'an dernier, l'agence en a saisi 144 kilos dans l'Etat, soit près de 20 % des saisies nationales, pour une valeur de 43 millions de dollars.Trois jours avant la mort d'Hoffman, 46 ans, l'un des acteurs les plus respectés de sa génération, 13 kilos de cette drogue, d'une valeur estimée à 8 millions de dollars, avaient été saisis dans un appartement du quartier new-yorkais du Bronx, où elle était préparée et empaquetée. Deux hommes ont été arrêtés, et les autorités ont saisi des centaines de milliers de sachets servant à l'emballage des doses individuelles. Ils étaient estampillés de mots clefs comme « NFL », « fermeture du gouvernement », « Iphone » et « Jeux olympiques 2012 ».
Les autorités ont également découvert dans l'appartement des balances, des moulins à café, du bicarbonate de soude et des masques. Les moulins à café servent traditionnellement à couper l'héroïne pure avec d'autres produits. Avec la drogue saisie, les trafiquants pouvaient alimenter le marché new-yorkais avec quelque 500 000 sachets, a estimé un responsable de la DEA. « Une saisie de cette taille devrait nous ouvrir les yeux sur la magnitude du problème auquel nous sommes confrontés avec l'héroïne », a conclu la procureure spécialisée Bridget Brennan, dans le New York Times.
TOUT LE NORD-EST DES ÉTATS-UNIS TOUCHÉ
Selon le responsable en charge du bureau new-yorkais de la DEA, James J. Hunt, « aujourd'hui, la différence, c'est que les addicts que nous voyons sont pour beaucoup des jeunes de banlieue qui commencent avec des drogues sur ordonnance, et qui montent en gamme vers l'héroïne. » « Alors qu'il devient plus difficile de se procurer des médicaments, nous observons un passage vers le marché noir et l'héroïne », ajoute le docteur Andrew Kolodny, président de l'association des Médecins pour une prescription raisonnée des opioïdes.
Il semble que cette trajectoire ait été celle de Philip Seymour Hoffman. Consommateur d'héroïne dans sa jeunesse, il avait déclaré y avoir renoncé durant plus de vingt ans avant de replongler l'an dernier, après un passage par une addiction médicamenteuse. L'acteur avait alors passé dix jours dans un centre de désintoxication.
Mais le problème ne se limite pas à New York, centre historique de la consommation de cette drogue aux Etats-Unis. Selon M. Hunt, c'est tout le nord-est des Etats-Unis qui est touché, à la suite de la capitale culturelle. Le site du magazine The Atlantic rappelle ainsi qu'un sachet d'héroïne se vend à un peu plus de 4 euros à New York, contre 20 à 30 euros dans certains contés de la Nouvelle-Angleterre. Dans plusieurs Etats, les autorités ont alerté contre l'appartion récente d'un mélange d'héroïne et de Fentanyl, un puissant médicament anti-douleur, dont la combinaison, effectuée parfois à l'insu du consommateur, peut être mortelle. Des usagers sont morts à Camden, l'une des villes les plus déshéritées des Etats-Unis, dans le New Jersey. Mais également juste de l'autre côté du fleuve Delaware, à Philadephie, puis plus à l'ouest dans le comté de Lebanon et à Pittsburgh, en Pennsylvanie.
DES MORTS ÉGALEMENT DANS LES ZONES RURALES
Dans cet Etat, 22 personnes sont mortes de surdose d'héroïne ces deux dernières semaines. La drogue avait été coupée avec du Fentanyl, ont révélé les autorités. Le Fentanyl est entre 70 et 100 fois plus puissant que la morphine, a souligné le directeur du Gateway Rehabilitation Center de Pittsburgh (Pennsylvanie) Neil Capretto sur la radio NPR. « Nous avons une épidémie d'héroïne dans l'ouest de la Pennsylvanie. Et c'est aussi vrai dans de nombreuses villes dans tout le pays, a-t-il ajouté. Et je pense que cela va s'aggraver avant d'aller mieux ». En août dernier, le CDC, Centre de prévention et de contrôle des maladies, avait mis en garde contre les dangers du Fentanyl, après 12 overdoses mortelles à Rhode Island.
Le 8 janvier dernier, le gouverneur du petit Etat rural du Vermont (nord-est), connu depuis plusieurs années pour le nombre inquiétant d'accros à l'héroine qui y vivent, a consacré à cette drogue l'essentiel de son discours annuel. « Ce qui a commencé comme un problème de dépendance aux médicaments et à l'Oxycontin s'est maintenant transformé en une vraie crise de l'héroïne », a-t-il déclaré. Il a précisé que le nombre de personnes traitées pour héroïne avait augmenté de 250 % depuis l'an 2000, avec la plus forte augmentation, 40 %, enregistrée l'an dernier.
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