AFP / STRINGERMarine Le Pen à Gardanne, le 30 avril 2017
A une semaine du second tour de la présidentielle, la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen poursuit dimanche une campagne offensive pour ravir la victoire à son rival Emmanuel Macron en cherchant à le défier sur tous les terrains.
Après un déplacement surprise cette semaine auprès de salariés d'une usine menacée de fermeture au moment où son rival rencontrait leurs syndicats, la candidate a déposé une gerbe devant une stèle pour les déportés à Marseille (sud), sans prévenir la presse, peu avant un hommage similaire prévu par M. Macron.
Elle a aussi improvisé une visite à Gardanne (sud) axée sur la défense de l'environnement, en vantant sa vision d'une "véritable écologie". Cette campagne, menée pied au plancher depuis le soir du premier tour où elle est arrivée deuxième, vise à faire mentir les sondages qui la donnent battue le 7 mai.
Le jeune centriste pro-européen, 39 ans, qui cherche lui à se placer sur le terrain des "valeurs", doit se rendre en fin de journée au Mémorial de la Shoah à Paris à l'occasion de la journée nationale du souvenir des victimes de la déportation. Il s'était déjà rendu cette semaine dans un village martyr de la Seconde Guerre mondiale pour "ne jamais oublier" "une page de l'Histoire de France des plus noires".
Les heures sombres de la guerre ont ressurgi au cours de cette campagne avec plusieurs polémiques autour du Front national. Le président par intérim du parti a ainsi été évincé cette semaine après avoir été accusé de propos négationnistes, ce qu'il dément.
AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELTNicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, et Marine Le Pen lors de leur conférence de presse commune le samedi 29 avril 2017
L'écart se ressert entre les deux finalistes - Emmanuel Macron est crédité de 59% des intentions de vote contre 41% à son adversaire - et l'alliance inédite scellée samedi entre la candidate du Front national et le chef d'un autre parti, le parti souverainiste "Debout la France", pourrait renforcer la position de cette dernière.
M. Dupont-Aignan, qui avait obtenu 4,7% des voix au premier tour, sera nommé Premier ministre en cas de victoire, a annoncé Marine Le Pen.
- le cas de l'euro -
AFP / Vincent LEFAI, Jean Michel CORNUDates clés de la vie et carrière de Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour de l'élection présidentielle
La candidate a récusé dimanche toute "contradiction" dans sa position sur l'euro, après avoir affirmé samedi dans son projet d'accord avec M. Dupont-Aignan que "la transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique".
"Cela fait assez longtemps que je réclame la transformation de la monnaie unique vers la monnaie commune. Par conséquent, il n'y a là aucune contradiction. Oui, je pense que l'on peut parfaitement conserver l'euro monnaie commune", a-t-elle déclaré en marge de sa visite à Gardanne.
Parallèlement, des appels de tous bords politiques mais aussi de figures morales en France, d'artistes et d'associations se multipliaient pour exhorter les électeurs à voter Macron pour "protéger les valeurs de la République".
L'élection de Marine Le Pen serait quelque chose de "monstrueux", a ainsi estimé l'ancien secrétaire de Jean Moulin, figure de la résistance française à l'occupation nazie, dans une interview au Journal du dimanche.
"Le Pen, dans la vie politique française, représente la négation de tout ce pour quoi nous nous sommes battus", a jugé Daniel Cordier, 96 ans.
AFP/Archives / LIONEL BONAVENTURERobert Badinter, le 9 janvier 2017, à Paris
L'ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, voix très respectée en France, a aussi dénoncé la volonté de la candidate d'instaurer "un principe constitutionnel de +préférence nationale+".
Cette mesure "ouvrirait la voie à des mesures humainement détestables, qu’il s’agisse notamment de l’école, des services de santé, des logements sociaux ou de l’emploi. Ce n’est pas en ajoutant la misère à la défiance que l’on pourra intégrer les étrangers établis légalement sur notre sol", a-t-il déclaré.
A l'adresse des Français voulant s'abstenir, en particulier les partisans déçus du conservateur François Fillon et du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, une soixantaine d'associations et d'ONG les ont appelés à ne pas rester "spectateurs" et à se mobiliser "face à celles et ceux qui prônent le rejet de l'autre et le repli sur soi".
A rebours de ces appels et mises en garde, le pape s'est refusé à toute consigne de vote aux Français, qualifiant samedi Marine Le Pen de représentante de "la droite forte" et estimant qu'il ne savait pas "d'où vient" M. Macron.
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