Europe, numérique et sécurité pour le déplacement de Philippe en Estonie Brexit, questions numériques et enjeux de sécurité face à la Russie ont animé le premier déplacement à l'étranger d'Edouard Philippe, qui a choisi l'Estonie à l'heure où le pays balte s'apprête à prendre la présidence du Conseil de l'Union européenne.


AFP / Petras MalukasLe Premier ministre estonien Jüri Ratas (g) et son homologue français Edouard Philippe, le 28 juin 2017 à Tallinn
Brexit, questions numériques et enjeux de sécurité face à la Russie ont animé le premier déplacement à l'étranger d'Edouard Philippe, qui a choisi l'Estonie à l'heure où le pays balte s'apprête à prendre la présidence du Conseil de l'Union européenne.
A peine un pied posé à Tallinn, M. Philippe a failli être rattrapé par les enjeux nationaux, à savoir la question de la convocation du Congrès le 3 juillet par Emmanuel Macron, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre.
"Je pense que comme toujours il y aura deux expressions à la fois parfaitement en ligne et en même temps complémentaires", a-t-il laconiquement évacué la question mercredi soir avant de rencontrer la communauté française, concentré sur sa première sortie hors de l'Hexagone.
Car en moins de 24 heures sur place, M. Philippe entend donner la prééminence aux questions européennes, alors que la présidence tournante de l'UE échoit à l'Estonie au 1er juillet, pour le deuxième semestre 2017.
"C'est sous la présidence estonienne que va se jouer la relance du projet européen", a ainsi affirmé M. Philippe aux côtés de son homologue Jüri Ratas, et après avoir été reçu par la présidente Kersti Kaljulaid.
"C'est sous la présidence estonienne qu'il nous reviendra de construire une Europe qui protège, confiante dans l'avenir, sans naïveté: une Europe qui organise de façon ordonnée les négociations sur la sortie du Royaume-Uni", a-t-il insisté, alors que les discussions du Brexit ont tout juste débuté au niveau européen.
Mais le Premier ministre a surtout mis en avant mercredi "l'exemple estonien en matière d'e-administration" dont il veut "s'inspirer" en France.
- L'e-administration saluée -
M. Philippe a ainsi visité en fin d'après-midi la salle du Conseil des ministres, où tout le travail effectué est dématérialisé. M. Philippe s'y est fait présenter le système d'identité et signature numériques qui permet à chaque citoyen estonien d'accéder en ligne aux services de l'administration.
"Les perspectives ouvertes par cette audace sont quelque chose dont je voudrais que l'on puisse s'inspirer", a relevé M. Philippe qui se donne pour objectif que la quasi totalité des services publics se retrouvent en ligne d'ici à 2022.
Accompagné notamment du secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, M. Philippe a plaidé pour "apporter un service supplémentaire plus réactif, plus rapide, plus précis, aux usagers" afin "d'améliorer la qualité des services offerts par une administration".
Les questions de défense animeront aussi le voyage alors que la France multiplie les messages de fermeté à l'adresse de la Russie, qui partage une frontière avec l'Estonie.
M. Philippe se rendra jeudi matin sur la base militaire de Tapa dans le nord du pays, pour rendre visite aux quelque 300 soldats français de la mission Lynx, appuyés par quatre chars Leclerc, qui s'y exercent. Le contingent français constitue aujourd'hui la principale composante du bataillon multinational de l'Otan stationné à Tapa, sous commandement britannique, constitué à l'issue du sommet de Varsovie en juillet 2016, en réponse à l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014.
L'Estonie, victime d'une cyberattaque de grande envergure en 2007 attribuée à la Russie, abrite également un centre de cyberdéfense de l'Otan, à Tallinn. Un sujet sensible alors que M. Macron avait déploré durant la campagne présidentielle des cyberattaques et le piratage de milliers de messages et de documents internes, pointant la responsabilité de la Russie.
La délégation, composée également de la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, du président du groupe d'amitié France-Pays baltes au Sénat Jean-Marie Bockel et de l'eurodéputé spécialiste des questions de défense Arnaud Danjean, participera jeudi avant son départ à une cérémonie à la mémoire des déportés du Convoi 73 du 15 mai 1944.
Ce convoi avait emmené quelque 900 juifs français dans un camp d'extermination en Lituanie et à la prison Patarei de Tallinn, où M. Philippe se recueillera en compagnie de Henri Zajdenwergier, le dernier survivant.
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