Le Conservatoire national du jeu vidéo garde la mémoire vive
AFP / JEAN-PHILIPPE KSIAZEKObjets faisant partie de la collection du Conservatoire national du jeu vidéo français
Des notes de travail des années 80, de vieux contrats de programmeurs ou des piles de magazines spécialisés... le Conservatoire national du jeu vidéo français (CNJV), à Chalon-sur-Saône, sauvegarde la mémoire d'un secteur habituellement tourné vers son avenir.
C'est une industrie "jeune mais déjà presque quinquagénaire", lance son créateur Bertrand Brocard.
Pionnier du jeu vidéo français dans les années 80, il rassemble avec quelques bénévoles ce qui a survécu de cette époque et cherche à "convaincre les producteurs actuels de garder leurs archives pour le futur".
Sur des étagères, à côté d'ordinateurs Amstrad éteints depuis longtemps, s'alignent des boîtes en carton remplies de vieux papiers.
Ici, des croquis d'Astérix et Obélix validés par le dessinateur Uderzo, pour un jeu sorti en 1993. Là, le programme complet de "Meurtre à grande vitesse", qui date du milieu des années 80 et qui tient sur quelques feuilles A4.
Les jeux d'aujourd'hui sont plus volumineux, "mais le système de jeu, le côté ludique, n'a pas beaucoup changé", affirme Bertrand Brocard.
AFP / JEAN-PHILIPPE KSIAZEKBertrand Brocard, créateur du Conservatoire national du jeu vidéo français
Quand il a créé le CNJV en juin 2016, il a apporté ses propres archives, de l'entreprise Cobrasoft, qu'il a fondée dans les années 80 à Chalon-sur-Saône, et de l'ancien poids lourd français du jeu vidéo, Infogrames Entertainment, avec lequel il a travaillé.
Deux compagnies qui ont aujourd'hui disparu avec leurs archives, comme beaucoup d'entreprises du secteur. La plupart des documents sont récupérés directement dans le garage ou le grenier de concepteurs de jeux à la retraite.
Véritable base de données de 70 mètres carrés, le local de M. Brocard est pour l'instant réservé aux professionnels du jeu vidéo ou aux chercheurs. Mais plusieurs expositions sont en projet, à Chalon-sur-Saône ou à Villeurbanne, pour mettre en valeur les trouvailles du conservatoire.
Des disquettes au contenu parfois illisible, faute de disposer encore du logiciel idoine, des photos d'époque, des notes sur un coin de nappe... "On a même retrouvé une cassette d'une session de travail où on entend le créateur du jeu, le programmeur et le graphiste en train de discuter", raconte le conservateur.
- "Travail d'urgence" -
"C'est inouï, parce qu'on se rend compte comment une entreprise du jeu vidéo pouvait vivre dans les années 80 et 90", indique Guillaume Montagnon, qui écrit un livre sur l'histoire du jeu vidéo en France avec l'universitaire Alexis Blanchet. Le chercheur s'intéresse à "tout ce qui est comptabilité, contrats, catalogue: ces documents permettent de resituer dans un contexte précis et de dater les logiciels".
Une démarche parallèle au "rétrogaming", qui voit revenir à la mode les anciens jeux vidéos, selon lui. Les passionnés "vont s'intéresser à l'histoire d'un jeu en particulier. Et donc, comment il a été fait à l'époque", parfois pour adapter le jeu sur téléphone mobile.
Il y a aussi "un travail d'urgence" à interroger les premiers acteurs du secteur tant qu'ils sont encore en vie. "Aujourd'hui je pense qu'on regrette de ne pas avoir d'interview des frères Lumière, faites par des historiens, des chercheurs" avant leur mort, ajoute M. Montagnon.
Les initiatives de conservation sont encore rares dans le monde, peut-être parce que le jeu vidéo est une "culture populaire" qui "a toujours eu un côté scandaleux, sulfureux", analyse le chercheur. "Notamment dans les années 90", parce que ces jeux étaient associés au déclenchement de crises d'épilepsie, à la violence ou l'addiction.
Pour Bertrand Brocard, "l'Etat a un rôle à jouer, une responsabilité, et pas simplement en rajoutant un budget sur la Bibliothèque nationale" de France (BNF), avec laquelle le conservatoire a organisé un colloque sur le sujet en décembre. "Ce qu'on fait, c'est vraiment d'intérêt public. C'est pas juste pour se faire plaisir", insiste-t-il.
En attendant, à 65 ans, l'ancien créateur de jeux vidéos consacre une grande partie de son temps à "dépouiller, indexer, archiver" lui-même les cartons. "Si rien n'est fait, ça va disparaître".
L'assurance chômage entrevoit un retour à l'équilibre
AFP / LOIC VENANCELes déficités de l'assurance chômage devraient quasiment disparaître à l'horizon 2019
L'équilibre de l'assurance chômage est en vue. Ses déficits devraient quasiment disparaître à horizon 2019, selon l'Unédic, qui voit dans ces chiffres un gage de sa bonne gestion, au moment où l'exécutif veut réformer la gouvernance du régime.
Endettée depuis le début des années 2000, l'assurance chômage, gérée par les partenaires sociaux au sein de l'Unédic, n'a plus enregistré d'excédents depuis 2008, frappée de plein fouet par la crise.
Si les excédents ne sont pas encore pour demain, ils pourraient bien être pour après-demain. Les déficits du régime, qui s'élevaient à 3,6 milliards d'euros en 2017, reculeraient à 2,0 milliards en 2018 et à 595 millions en 2019, selon une note publiée mercredi par l'organisme gestionnaire. La dette totale culminerait alors à 36,2 milliards.
Ces chiffres laissent entrevoir un retour à l'équilibre en 2020.
L'Unédic est nettement plus optimiste que lors de son dernier exercice de prévisions, publié en octobre. L'organisme tablait à l'époque sur 3,3 milliards d'euros de déficits en 2018.
L'amélioration finalement attendue est essentiellement due à une "conjoncture plus favorable".
AFP / ALAIN JOCARDDes représentants syndicaux réunis au Medef à Paris pour des négociations sur l'assurance chômage, le 11 janvier 2018
Selon le gestionnaire de l'assurance chômage, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en France entière diminuerait de 76.000 personnes en 2018, puis de 126.000 en 2019. Soit 202.000 de moins en deux ans. Les chiffres globaux passeraient ainsi de 3,7 millions fin 2017 à 3,5 millions fin 2019. Quant au taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT), il reculerait à 8,4% de la population active fin 2019, contre 8,9% aujourd'hui.
Les projections de l'Unédic se basent sur une prévision de croissance de 2,0% en 2018 et de 1,8% en 2019. Pour 2018, le gouvernement (1,7%), l'OCDE (1,8%) et le FMI (1,9%) sont moins optimistes.
- Gages de bonne gestion -
Mais pour l'Unédic, la conjoncture n'est toutefois pas le seul facteur. L'amélioration des comptes serait aussi due, "pour un tiers", aux effets de la convention d'assurance chômage conclue par les partenaires sociaux en avril 2017 et entrée en vigueur en octobre dernier. Ces nouvelles règles devraient permettre, selon lui, une économie de 1,3 milliard d'ici à fin 2019.
En revanche, les prévisions ne tiennent pas compte de la future indemnisation des salariés démissionnant en vue d'une reconversion.
AFP/Archives / STEPHANE DE SAKUTINLa ministre du Travail Muriel Pénicaud le 9 février 2018 à Paris lors d'une conférence de presse à Matignon
A la demande du gouvernement, les partenaires sociaux se sont accordés la semaine dernière sur les curseurs de ce nouveau droit qui était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Pour en bénéficier, il faudrait justifier d'une ancienneté minimum de sept ans dans l'emploi, sans interruption, et obtenir une attestation du caractère "réel et sérieux" de son projet professionnel. La mesure mènerait à un surcoût minimum de 180 millions d'euros par an pour l'assurance chômage.
Ces règles, qui n'ont pas encore été validées par le gouvernement, n'entreront toutefois pas en vigueur avant 2019.
Les bonnes prévisions publiées mercredi tombent à pic pour les partenaires sociaux, aujourd'hui gestionnaires de l'Unédic et qui souhaitent donner des gages de leur bonne gestion au moment où le gouvernement envisage de reprendre la main. L'Etat garantit déjà la dette du régime et Emmanuel Macron n'a jamais caché sa volonté de renforcer la présence publique dans la gouvernance.
Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, syndicats et patronat n'ont cessé de revendiquer leur esprit de "responsabilité" et la "plus-value" d'une gestion paritaire de l'assurance chômage.
Dans l'accord de la semaine dernière, ils plaident sans surprise pour que ce soit la "négociation" entre partenaires sociaux qui continue de "définir en toute autonomie les règles d'indemnisation et le niveau de ressources nécessaires" du régime, avec l'objectif, à terme, de se passer de la "garantie financière accordée par l'Etat".
La ministre du Travail Muriel Pénicaud doit bientôt annoncer les orientations retenues par l'exécutif.
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