SNCF: le gouvernement veut aller vite avec une réforme "avant l'été"

SNCF: le gouvernement veut aller vite avec une réforme "avant l'été"

AFP/Archives / Eric FEFERBERGLe Premier ministre Edouard Philippe au côté d'Elisabeth Borne, la ministre des Transports, lors d'une conférence de presse à Paris, le 26 février 2018
Le Premier ministre Edouard Philippe a dit lundi vouloir recourir aux ordonnances pour faire adopter, "avant l'été", une réforme de la SNCF prévoyant, entre autres, la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues.
"Nous voulons regarder la réalité en face", a-t-il affirmé, arguant qu'"il est temps d'oser mener la réforme que tous les Français savent nécessaire".
Le Premier ministre Edouard Philippe a dit lundi vouloir recourir aux ordonnances pour faire adopter, "avant l'été", une réforme de la SNCF prévoyant, entre autres, la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues.
"La situation est alarmante, pour ne pas dire intenable. Les Français, qu'ils prennent ou non le train, payent de plus en plus cher pour un service public qui marche de moins en moins bien", a jugé le chef du gouvernement lors d'une intervention à Matignon.
"Nous voulons regarder la réalité en face", a-t-il affirmé, arguant qu'"il est temps d'oser mener la réforme que tous les Français savent nécessaire".
Préconisant "plus d'efficacité et de souplesse à la SNCF", il a jugé nécessaire de réorganiser le groupe public. Il convient, selon lui, d'"examiner calmement" une transformation en société nationale à capitaux publics, comme l'a préconisé l'ancien patron d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, dans un récent rapport sur l'avenir du système ferroviaire français.
Une telle transformation serait "l'inverse d'une privatisation puisque l'Etat y détiendrait des titres incessibles", a martelé Edouard Philippe.
Les futurs employés de la SNCF devront en outre bénéficier, selon lui, "des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail".
AFP / Thomas SAINT-CRICQL'évolution du réseau ferroviaire en France
"A l'avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n'y aura plus de recrutement au statut" de cheminot, a-t-il expliqué, reprenant une des propositions phare du rapport Spinetta.
Quant à la très lourde dette de SNCF Réseau (46,6 milliards d'euros à la fin 2017), "l'Etat prendra sa part de responsabilités avant la fin du quinquennat", quand la SNCF aura fait des efforts, a déclaré Edouard Philippe. Il lui a demandé notamment d'"aligner ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".
"A l'avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n'y aura plus de recrutement au statut" de cheminot, a-t-il expliqué, reprenant une des propositions phare du rapport Spinetta.
Pour sa part, la SNCF devra présenter "avant l'été", et après concertation, "un projet stratégique d'entreprise", garantissant "une meilleure qualité de service pour les usagers des transports" et "une gestion plus efficace", tout en étant "porteuse d'un nouveau contrat social avec les cheminots".
Quant à la très lourde dette de SNCF Réseau (46,6 milliards d'euros à la fin 2017), "l'Etat prendra sa part de responsabilités avant la fin du quinquennat", quand la SNCF aura fait des efforts, a déclaré Edouard Philippe. Il lui a demandé notamment d'"aligner ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".
- Deux mois de concertation -
Pour tenter de calmer les élus locaux, le Premier ministre s'est démarqué des préconisations de Jean-Cyril Spinetta qui souhaitait faciliter la fermeture des "petites lignes" peu fréquentées dont la rénovation coûterait trop cher. "Ce n'est pas une réforme des petites lignes", a-t-il assuré.
AFP / Kun TIANLes "petites lignes" de la SNCF
La ministre des Transports Elisabeth Borne a annoncé deux mois de concertation, en mars et avril, pour préciser le contenu de la réforme.
Quel qu'en soit le résultat, M. Philippe a déjà dit que, "face à l'urgence", son gouvernement entendait légiférer par ordonnances. Au moins en partie.
"Nous voulons aller vite sans escamoter pour autant la concertation ou le débat parlementaire", a-t-il plaidé, précisant qu'il comptait réduire "le contenu des ordonnances aux seuls aspects techniques".
Les syndicats CGT, UNSA, SUD-Rail et CFDT avaient déjà menacé le gouvernement d'un "conflit majeur" s'il choisissait cette voie des ordonnances.
AFP / Thomas SAINT-CRICQLe transport ferroviaire en France
Premiers à réagir lundi, SUD-Rail et la CFDT ont qualifié de "provocation" les annonces du Premier ministre.
"L'annonce de la fin du statut est vécue par les agents comme une vraie injustice et une vraie provocation", a déclaré à l'AFP Erik Meyer (SUD-Rail), dénonçant par ailleurs "un chantage à l'ordonnance".
Les quatre syndicats se retrouveront mardi après-midi pour discuter d'une réponse commune.
"Je ne cherche l'affrontement avec personne", a assuré Edouard Philippe.
"Mais", a-t-il averti, "si certains sujets s'enlisent, au cours des concertations, en pâtissant de tentatives d'obstruction ou de rapports de force verrouillés, si certains tentent de confisquer le débat ferroviaire pour le pervertir en un débat idéologique déconnecté des besoins de mobilités des Français, alors le gouvernement prendra ses responsabilités."
Côté politique, l'opposition fustigeait surtout le choix des ordonnances.
"Est-ce qu'on a vraiment besoin, dans l'état de la situation, de légiférer par ordonnances ?", a demandé Gilles Platret, porte-parole de LR, alors que "sur la SNCF, ce n'était pas un engagement de campagne" d'Emmanuel Macron.
"Nous dénonçons la méthode brutale et arrogante employée par le gouvernement pour engager la réforme ferroviaire. La confirmation d'un recours aux ordonnances va en effet inutilement diviser les acteurs de la SNCF et risque de dresser les Français contre cette entreprise publique qui relève du patrimoine national", ont dénoncé les anciens ministres socialistes Stéphane Le Foll et Frédéric Cuvillier.
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