Taxe sur les transactions financières: le débat relancé par l'Allemagne

 
03/31 | 13:03 GMT
La ministre danoise de l'Economie Margrethe Vestager au centre de la photo de famille des ministres des Finances de la zone euro le 30 mars 2012 à Copenhague
COPENHAGUE (AFP) - Le débat autour de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières en Europe, qui semblait dans l'impasse, a été relancé après une proposition allemande de procéder par étapes pour tenter de convaincre les plus récalcitrants parmi les 27.
Le sujet a été largement abordé samedi par les ministres des Finances de l'UE réunis à Copenhague. La veille, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, l'un des principaux promoteurs de cette taxe, leur a présenté un document dans l'optique de parvenir à un consensus.
L'exécutif européen avait présenté en septembre 2011 un projet de taxe sur les transactions financières pour toute l'Union européenne. Les taux retenus étaient de 0,1% sur les actions et les obligations et de 0,01% sur les autres produits financiers.
Neuf pays, dont l'Allemagne et la France, défendent son instauration. Mais d'autres comme la Grande-Bretagne y sont opposés car ils craignent qu'elle ne favorise la délocalisation d'activités financières.
Le document allemand "propose une étape intermédiaire" qui consisterait à "s'inspirer du droit de timbre britannique", une taxe prélevée sur certains transferts d'actions, ainsi que de la toute récente "taxe française sur les transactions financières", qui s'appliquera principalement aux actions des sociétés françaises dont la capitalisation dépasse un milliard d'euros.
La solution proposée par l'Allemagne "entraînerait une taxe sur toutes les transactions impliquant des actions de sociétés cotées en Bourse", mais "ne marquerait pas la fin des négociations" en vue d'une taxe qui s'appliquerait aux obligations et aux produits dérivés.
Le ministre allemand de l'Economie Wolfgang Schäuble le 14 novembre 2011 à Leipzig
Cette proposition a été bien accueillie par le ministre français des Finances, François Baroin. Elle "est sage, elle est soutenue. Il faut que nous avancions" dans ce dossier, a-t-il dit en marge de la réunion.
Son homologue finlandaise, Jutta Urpilainen, interrogée sur la proposition de M. Schäuble, a simplement répondu: "nous la soutenons".
La ministre danoise des Finances, Margrethe Vestager, a elle souligné à la fin de la réunion de samedi que c'était dans la recherche d'"alternatives" que son pays entendait prioritairement diriger les discussions, car "c'est là que l'atmosphère est la plus constructive".
Le ministre suédois des Finances, Anders Borg, dont le pays est l'un des plus réticents à imposer une telle taxe après une expérience malheureuse dans les années 1980, a carrément estimé qu'il serait "préférable d'abandonner la proposition de la Commission et de trouver une solution pragmatique", jugeant que se contenter d'un droit de timbre serait "moins coûteux pour l'économie et n'aurait pas d'effet négatif sur les marchés financiers".
Il a insisté sur la nécessité de trouver une solution "acceptable par Londres", où transitent 80% des transactions financières en Europe.
"Le Royaume-Uni est toujours très réticent à l'idée d'une taxe sur les transactions financière quelle qu'elle soit, mais il applique un droit de timbre, donc coordonner la taxation est quelque chose d'envisageable", a souligné M. Borg.
Le ministre britannique des Finances, George Osborne, ne s'est pas exprimé publiquement sur la question à Copenhague.
En attendant, M. Schäuble a convié d'autres pays, y compris parmi les opposants à la taxe, à participer à "un groupe de travail" pour avancer sur la question.
Une première réunion d'experts devrait avoir lieu la semaine prochaine, et le sujet pourrait être abordé lors de la prochaine réunion des ministres européens des Finances mi-mai.
La réunion de samedi a par ailleurs permis aux 27 d'échanger leurs points de vue sur une future proposition de la Commission européenne concernant la résolution des crises bancaires, et sur la régulation des agences de notation.
Sur ce dernier sujet, des désaccords persistent entre Etats sur la proposition d'imposer une rotation entre agences. "Le marché des agences de notation est très réduit, il faut donc s'assurer que la rotation puisse réellement fonctionner", a expliqué Mme Vestager.
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