Les Suisses refusent de limiter le salaire de leurs patrons

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    Les électeurs suisses ont voté contre l’initiative 1:12 - Pour des salaires équitables, lancée par la Jeunesse socialiste suisse (JS), selon les premières tendances issues des bureaux de vote après leur fermeture, dimanche 24 novembre à 11 heures. Cette initiative devait conduire à la limitation des salaires des patrons à douze fois le salaire le plus bas de leur entreprise.
    Les partisans de "1:12" ont organisé le 2 novembre une manifestation devant les bâtiments d’UBS à Zurich, symbole selon eux de tous les excès salariaux. Le patron de la banque, Sergio Ermotti, était représenté sur une affiche disant : "En tant que dirigeant d’UBS, j’ai gagné autant que tous ces gens réunis." En 2012, accusent les militants socialistes, les dirigeants d’UBS se sont offerts 2 milliards d’euros en bonus, quand la banque essuyait des pertes équivalentes.
    "Ces dix dernières années, une petite partie de la société s’est emparée de la plus grosse partie des bénéfices", s’insurge David Roth, le président de la JS, dont l’initiative a réuni les 100 000 signatures nécessaires à l’organisation d’une votation nationale.
    DES CHIFFRES "INJUSTIFIABLE"

    Le débat sur les salaires des dirigeants a été alimenté au début de l’année par la polémique liée au chèque de 72 millions de francs suisses (58 millions d’euros) promis au président de Novartis, Daniel Vasella, pour son départ en retraite. Un parachute doré auquel il a finalement dû renoncer.

    "La Suisse a changé ces derniers mois : plusieurs dizaines de milliers de drapeaux ont été suspendus aux balcons et fenêtres. Des militants de tous âges et de toutes conditions salariales ont participé à cette campagne de proximité", affirme le président du Parti socialiste suisse, Christian Levrat. "Certains encaissent 730 francs suisses par minute de travail", s’insurge-t-il, ces chiffres "injustifiables remettent en cause le ciment social" du pays.
    Des employés de grandes entreprises ont rendu publics des courriers ou circulaires internes de multinationales comme Nestlé ou Novartis, incitant leurs collaborateurs à voter "non" dimanche.
    En 2010, les 10 % des salariés helvètes ayant les plus faibles revenus gagnaient moins de 4 000 francs suisses (3 242 euros) par mois, selon l’Union syndicale suisse. Si la loi sur l’encadrement des rémunérations était adoptée, les salaires les plus élevés seraient plafonnés autour de 576 000 francs suisses (467 000 euros) par an. Or, le salaire moyen des dirigeants des principales entreprises cotées du pays a atteint 6,7 millions de francs en 2012, selon le cabinet de conseil PwC.
    VENT DEBOUT
    Dans un entretien au quotidien économique suédois Dagens Industri, publié mercredi 20 novembre, le directeur général du groupe d’ingénierie helvético-suédois ABB, Ulrich Spiesshofer, s’est dit inquiet : "Nous n’aurions par exemple pas les moyens de garder ceux qui sont le mieux payés dans la recherche et développement."
    Les opposants au projet, dont le Conseil fédéral, l’équivalent du gouvernement, estiment que cette initiative menace l’attractivité de la Suisse et qu’elle encouragera les entreprises à quitter le pays. Ils craignent aussi une diminution des recettes fiscales et des cotisations sociales.
    Outre les banques, les sociétés de négoce de matières premières, qui se concentrent entre Lausanne et Genève, sont aussi vent debout. Le directeur général de l’anglo-suisse Glencore, Ivan Glasenberg, a déclaré au SonntagsZeitung que l’adoption du texte contraindrait son groupe à quitter la Suisse. Il a lui-même touché un salaire équivalent à 130 millions d’euros en 2012.
    copy  http://www.lemonde.fr/economie/

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