Les nostalgies du « camarade » Vladimir
Editorial. Le coup de force de
Poutine en Crimée n'aurait pas dû surprendre les Occidentaux. Il est
dans la nature d'un homme qui se dit lui-même éperdument nostalgique de
l'Union soviétique.
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Les nostalgies du « camarade » Vladimir
LE MONDE | • Mis à jour leEditorial. D'abord, appelons les choses par leur nom : la Russie vient de s'emparer de la Crimée, territoire appartenant à l'Ukraine. Elle l'a fait par la force, au mépris du droit international et de tous les traités qu'elle a elle- même signés. C'est un acte de guerre froide. Il est signé Vladimir Poutine.
Des milliers de soldats lourdement armés, sans insigne, bloquent les casernes de l'armée ukrainienne en Crimée. Ils contrôlent les deux aéroports de la région, ses grands axes stratégiques, ses dépôts de carburant…
Lire le reportage : En Crimée, l'arrivée des Russes ravive les anciennes querellesLe Kremlin peut jouer sur toute une gamme de faux-semblants pour dire que ses forces n'ont pas franchi la frontière – même si le Parlement russe leur en a donné l'autorisation, samedi, au nom de la « protection des intérêts » de la Russie et des « populations russophones » de Crimée (très largement majoritaires). Moscou dispose sur place d'une base navale de 20 000 hommes : nul besoin d'envahir formellement.
Vladimir Poutine avait bien d'autres moyens de prendre soin des intérêts de son pays en Ukraine. Il en avait d'autres aussi pour défendre les populations russophones de l'est du pays, légitimement inquiètes d'une des premières mesures prises par le Parlement : la suppression du russe parmi les langues régionales reconnues de l'Ukraine.
Il pouvait prendre contact avec le nouveau gouvernement de Kiev, la capitale, et l'inciter à une position de compromis entre la Russie et l'Union européenne. Mais c'est ne rien comprendre à M. Poutine que de l'imaginer disposé à négocier sur l'Ukraine. Le président est un homme de la guerre froide. Il considère que la Russie « perd » l'Ukraine si un gouvernement ukrainien choisit un partenariat financier avec Bruxelles, plutôt que l'union douanière que le Kremlin veut lui imposer.
La Crimée est secondaire dans cette histoire – les Occidentaux n'y ont strictement aucune revendication. Les Russes y disposaient déjà par traité de tout ce dont ils ont besoin. La Crimée est un otage stratégique. Ce que M. Poutine poursuit, c'est une guerre de déstabilisation contre l'Ukraine pour lui interdire de conclure un accord financier avec les Occidentaux. Dans « l'étranger proche » de la Russie, la souveraineté de Kiev doit rester limitée.
Car M. Poutine pose ouvertement les Occidentaux en ennemis de la Russie : pour qui veut bien se donner la peine de la lire, c'est le cœur de la rhétorique poutinienne. Le « camarade » Vladimir n'en a pas fini avec la guerre froide. Les Occidentaux ne l'ont pas compris, qui ont laissé la Russie en 2008 dépecer une partie de la Géorgie. Le président Barack Obama ne l'a pas compris, qui a multiplié les gestes d'ouverture sans jamais rien obtenir de Moscou.
Le coup de force de Crimée n'aurait pas dû surprendre les Occidentaux. Il est dans la nature d'un homme qui se dit lui-même éperdument nostalgique de l'Union soviétique.
http://www.dailymotion.com/video/x1dltfd_ukraine-comprendre-les-origines-de-la-crise-en-5-minutes_news
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