Après dix-huit mois à l’Elysée, l’image d’un président est cristallisée, surtout quand, comme l’a fait Emmanuel Macron, celui-ci n’a cessé de la façonner, rappelle, dans sa chronique, Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde ». Emmanuel Macron, quelques minutes avant l’enregistrement de son allocution télévisée du 10 décembre depuis le palais de l’Élysée. LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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Chronique. Pour espérer surmonter la crise qui ébranle le pays, pour échapper à la vindicte dont il est désormais la cible, Emmanuel Macron doit changer. Changer de ton, d’allure, de méthode, de stratégie même. Mais le peut-il réellement ? Peut-on changer à 40 ans, l’âge du président ?
La question se pose pour tout un chacun, lorsque survient un traumatisme – amoureux, professionnel, familial – renversant les certitudes, les réflexes et jusqu’à l’image de soi qui forgent une personnalité. Elle s’impose plus encore, et c’est son cas, quand on a depuis toujours volé de succès en succès, quand toutes les audaces ont souri, quand on a rendu possible ce qui était réputé impossible et que l’on s’est cru, de ce fait, invulnérable.
Et quand soudain, non plus dans l’intimité des affaires privées mais dans la lumière aveuglante de la place publique, tout se renverse en son contraire. C’est ce qui se passe pour le chef de l’Etat. A l’été, déjà, l’affaire Benalla puis les démissions spectaculaires de deux ministres de premier plan, Nicolas Hulot et Gérard Collomb, avaient brusquement détraqué la mécanique macronienne et écharpé l’autorité présidentielle. C’est encore plus vrai depuis que les « gilets jaunes » tiennent le haut du pavé.
Véritable métamorphose
D’abord, il y a la détestation, la haine même qui lui est jetée à la figure sur les ronds-points et les réseaux sociaux. Début novembre, lors de sa semaine de commémoration de la Grande Guerre, il pouvait encore aller au-devant des Français, s’expliquer et répondre aux interpellations, même les plus rugueuses. Les huées hargneuses qui l’ont accompagné lors de sa brève visite au Puy-en-Velay, le 4 décembre, ont démontré que ce temps est révolu. C’est sans doute le plus humiliant, le plus pétrifiant pour ce jeune président qui avait suscité l’emballement de beaucoup, voire l’adulation, et qui pouvait s’autoriser des « Je vous aime ! » en fin de meetings électoraux.
De même, l’audace qui semblait inépuisable a suppression des hausses des taxes sur l’essence. Le train des réformes, affiché comme l’impératif catégorique du quinquennat, est désormais hypothéqué. Quant au président qui se croyait abusivement habilité à faire la leçon aux Français, le voilà brutalement renvoyé par ces derniers à son incompréhension de leurs anxiétés et de leurs attentes.
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