Le Kosovo se dote d'une armée pour affirmer sa souveraineté. Climat: fin de COP tendue à Katowice. "Acte V" ou non ? Les "gilets jaunes sous pression après l'attaque de Strasbourg.


Le Kosovo se dote d'une armée pour affirmer sa souveraineté

AFP / Armend NIMANIQuelques heures avant le vote du parlement kosovar, le président Hashim Thaçi avait revêtu jeudi son treillis pour s'adresser aux forces de sécurité du Kosovo (KSF) aujourd'hui surtout chargées de missions de sécurité civile
Le Kosovo s'est dotée vendredi d'une armée pour affirmer sa souveraineté, avec le soutien des Américains et au risque d'envenimer ses relations avec la Serbie, qui ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province.
Après avoir institué un ministère de la Défense et avant d'adopter une loi d'organisation, les députés kosovars ont voté un texte qui modifie le mandat de la Force de sécurité du Kosovo (KSF), aujourd'hui surtout chargée de missions de sécurité civile.
"Le Parlement du Kosovo a adopté la loi sur la force de sécurité du Kosovo! Félicitations!", a lancé le président du parlement devant des députés unanimes puisque les dix élus de la minorité serbe avaient boycotté la session.
Ces forces seront désormais chargées d'"assurer l'intégrité terroriale du pays, ainsi que de protéger la propriété et les intérêts de la République du Kosovo, d'apporter un soutien militaire aux autorités civiles en cas de catastrophe, et de participer à des opérations internationales", selon le texte.
Depuis la guerre entre forces serbes et rebelles kosovars albanais (1998-99, plus de 13.000 morts), la sécurité et l'intégrité territoriale du Kosovo sont garanties par la Kfor, une force internationale menée par l'Otan.
- Bataille de drapeaux à Mitrovica -
A la mi-journée, aucun incident n'avait été relevé dans les secteurs majoritairement peuplés de Serbes, notamment dans la ville divisée de Mitrovica, où comme ailleurs au Kosovo, les mesures de sécurité ont été relevées.
AFP / Armend NIMANIDes drapeaux américains déployés au-dessus de la place Mère Teresa à Pristina, le 14 décembre 2018
Sa partie septentrionale s'est parée de drapeaux serbes, tandis que le côté albanais, au sud de la rivière Ibar, s'est pavoisé du drapeau des Etats-Unis, le plus solide soutien de Pristina, qui ont soutenu la création de cette armée.
"Soldats! Félicitations! Nouvelles missions!": le président Hashim Thaçi avait revêtu jeudi son treillis pour s'adresser aux membres de la KSF.
Il a assuré que la nouvelle armée serait au service de tous les citoyens, quelles que soient leurs appartenances ethniques, une décennie après la proclamation d'une indépendance reconnue selon Pristina par quelque 115 pays.
Celle-ci est rejetée par Belgrade, mais aussi notamment par la Russie et la Chine qui ferment au Kosovo la porte de l'Onu.
"Maintenant, nous pouvons dire que nous sommes un Etat. Un Etat sans armée, cela n'existe pas", dit Skender Arifi, un coiffeur de 37 ans.
AFP / Armend NIMANIDes forces de sécurité du Kosovo (KSF) face au président Hashim Thaçi, le 13 décembre 2018, à Pristina
A Belgrade comme parmi les 120.000 Serbes qui vivent toujours au Kosovo, cette armée est accueillie par un mélange d'inquiétude et de colère.
"J'espère que si les Albanais (du Kosovo) entreprennent quelque chose contre nous, l'Etat serbe fera quelque chose pour nous protéger", commente Marko Djusic, habitant de Dren, village serbe du nord du Kosovo.
Cette nouvelle crise intervient dans un contexte tendu, avec un dialogue au point mort depuis des mois, et la mise en place par Pristina en novembre d'une barrière douanière sur les produits serbes.
Le Kosovo "est mon pire cauchemar, je vais me coucher avec, je me réveille avec, et je ne dors pas beaucoup", a commenté le président serbe Aleksandar Vucic.
Son cabinet a répété jeudi son "énorme inquiétude pour l'avenir" de la minorité serbe et prévenu que la création d'une armée "empirera significativement la situation".
L'enjeu est autant politique que militaire. Selon les analystes au Kosovo, il faudra près d'une décennie pour que soit achevée la transformation en armée de la KSF.
- Reprise du dialogue ? -
Aujourd'hui forts de 2.500 membres, ses effectifs doivent passer à 5.000, plus environ 3.000 réservistes, loin des quelque 30.000 soldats que compterait l'armée serbe selon les estimations.
AFP / Vincent LEFAIKosovo
Au Kosovo comme à Belgrade, l'option d'une escalade militaire n'est pas jugée crédible par les analystes, même si la Première ministre serbe Ana Brnabic a récemment assuré qu'elle était "sur la table".
Sous couvert d'anonymat, une source diplomatique à l’Otan ne dissimule toutefois pas son inquiétude: si le souhait de se doter d'une armée est "légitime", cela aurait dû se faire "de façon progressive afin d’éviter l’escalade".
Tout en assurant que la Kfor continuerait d'assurer la sécurité du Kosovo, le secrétaire-général de l'Otan, Jens Stoltenberg a émis des réserves.
Les responsables kosovars sont toutefois confortés par le soutien public de la Grande-Bretagne mais surtout des Etats-Unis, leur plus proche allié.
Jeudi, l'ambassadeur américain à Pristina Philip Kosnett a souhaité qu'après la création de l'armée, les responsables "concentrent leur énergie sur le dialogue" pour normaliser leurs relations.


Climat: fin de COP tendue à Katowice

AFP / Janek SKARZYNSKIUn manifestant environnementaliste en marge de la conférence climat (COP24) à Katowice (Pologne) le 8 décembre 2018.
Entre retards, désaccords et pressions de toutes parts, la 24e conférence climat de l'ONU (COP24) s'est engagée vendredi vers un finish intense, avec peut-être à la clé l'espoir d'un accord ambitieux pour l'application du pacte de Paris.
Prévue pour se terminer vendredi, la COP de Katowice devrait respecter la tradition et se prolonger quelque peu, anticipaient déjà les négociateurs, qui ont sous les yeux un projet d'accord dont ils doivent encore trancher les points clés.
Leur mission: trouver le mode d'emploi de l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau pré-industriel.
Ce sprint final arrive après deux semaines agitées, crispées par un contexte géopolitique défavorable à la cause climatique, marquées par une controverse imprévue sur le rapport scientifique du Giec et par le retour des divisions entre pays du Nord et du Sud, point récurrent des négociations climat.
Alors ces dernières heures suffiront-elles? "Il faut réussir le test de la COP24", rassure le négociateur malien Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. En 2015 à Paris, "les étoiles étaient alignées. Aujourd'hui, on est dans une situation plus compliquée, mais les choses vont peut-être rebondir en 2020-21. Entretemps, qu'au moins on produise des règles crédibles. C'est un signal que la communauté internationale enverrait à Donald Trump ou Jair Bolsonaro, qui se préparent déjà à faire des tweets. Il ne faut pas leur donner cette occasion!"
Les implications du "mode d'emploi" ne sont pas anecdotiques. En vertu de l'accord de Paris, les engagements des pays pour réduire les gaz à effet de serre sont volontaires. Mais leur suivi doit être multilatéral, avec des règles de transparence, comme autant de "poutres" garantissant la solidité de l'édifice.
À Katowice, cette discussion sur la manière dont les États devront rendre compte de leurs actions, a notamment été l'affaire des États-Unis et de la Chine. Le premier poussant, avec d'autres pays riches, pour des règles de suivi strict, et le second pour la flexibilité accordée aux pays en développement. Mais comment traduire cette flexibilité? Faut-il y attacher un délai?
La question des financements des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres, notamment la manière dont va s'organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025.
- Tocsin -
Le mode d'emploi n'est pas le seul objet de controverse. Les délégués doivent encore régler un hic survenu autour de la mention du dernier rapport du groupe des experts de l'ONU (Giec) dans la décision finale. Arabie Saoudite, Russie, Etats-Unis, refusent le terme "accueille favorablement", que les petites îles en particulier réclament absolument.
Publié tôt vendredi matin, le projet de décision propose que la COP "invite les parties à faire usage de l'information contenue dans le rapport" du Giec. "La COP reconnaît le rôle du Giec, chargé de fournir les données scientifiques pour informer les parties", ajoute le texte.
A la table des pourparlers, il y a aussi "l'ambition": comment pousser les États, dont les engagements formulés en 2015 pour réduire les gaz à effet de serre sont notoirement insuffisants, à présenter d'ici 2020 des plans renforcés?
Dans le projet de décision, la COP "réitère sa demande" de "mise à jour" de leur contribution d'ici 2020, les mêmes termes que l'accord de Paris, rien de plus.
"C'est un début, mais l'entreprise est inachevée", a réagi Jennifer Morgan, pour Greenpeace. "Il nous faut un signal plus clair en faveur de l'ambition et nous appelons les pays à oeuvrer pour une décision les engageant à relever leurs contributions".
Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres était attendu vendredi à Katowice pour la troisième fois. Mercredi, il appelait à intensifier l'action, devant un réchauffement "galopant".
Les promesses nationales présentées en 2015 conduisent à un monde à +3°C. Le Giec a dressé le tableau des impacts déjà en cours, à + 1°C aujourd'hui, et montré l'ampleur de ceux à venir à +1,5.
En Silésie, les pays les plus vulnérables ont aussi sonné le tocsin face au "risque d'extinction" qui les menace. "C'est le temps du leadership, pas de la lâcheté", a dit le Philippin Emmanuel de Guzman.
Des leaders qui manquent cruellement, ont regretté les ONG. "Le secrétaire général met la pression sur la Chine pour qu'elle assume ce rôle de leader", souligne Camilla Born, du think tank E3G.
Quant à la Pologne, présidente de cette COP24 organisée au coeur de sa capitale du charbon

"Acte V" ou non ? Les "gilets jaunes sous pression après l'attaque de Strasbourg

AFP / FRANCOIS LO PRESTIRassemblement de "gilets jaunes" à Somain (nord), le 11 décembre 2018
Le gouvernement a appelé deux jours après l'attaque de Strasbourg les "gilets jaunes" à "être raisonnables" et à renoncer à leurs manifestations samedi, s'attirant une fin de non-recevoir de certains d'entre eux et des réactions politiques contrastées.
Jeudi soir, la motion de censure présentée par la gauche a été largement rejetée, mais les débats ont permis de porter leur colère à l'Assemblée nationale, où le patron du PS Olivier Faure a déclaré qu'il était temps "de changer de cap".
Depuis Bruxelles, le président de la République a déclaré de son côté avoir apporté par ses annonces lundi une réponse "à la fois légitime et importante pour la France", à une "colère légitime" du peuple.
Ces décisions, "des choix de véritables accompagnements, des mesures fortes (...) pour que le travail paie mieux dans notre pays", selon Emmanuel Macron, doivent être présentées mercredi prochain dans un projet de loi en Conseil des ministres.
D'ici là, le gouvernement n'a "à ce stade pas décidé d'interdire les manifestations" prévues par des "gilets jaunes" samedi mais son porte-parole Benjamin Griveaux les a appelés à être "raisonnables", "au regard" de l'attaque meurtrière à Strasbourg qui a fait trois morts et 13 blessés.
"On ne lâche rien, le Ve acte aura bien lieu samedi", lui ont répondu, comme d'autres, les "gilets jaunes" de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), selon lesquels "la propagande gouvernementale ne passera pas".
"C'est au gouvernement d'assurer la sécurité des citoyens", a rétorqué de son côté Maxime Nicolle, l'une des figures du mouvement, lors d'une conférence de presse à Versailles. La veille, sous le nom de "Fly Rider", il avait mis en doute le caractère terroriste de la fusillade de Strasbourg.
AFP / Bertrand GUAYBenjamin Griveaux le 12 décembre 2018 à l'Assemblée nationale, à Paris
Dans la foulée de l'attaque mardi soir, les autorités ont déclenché dans toute la France le niveau "urgence attentat" du plan Vigipirate. Il serait donc "facile" d'interdire les manifestations, mais cela n'empêcherait pas "les personnes souhaitant casser (et) piller de se rendre dans les rues", a insisté M. Griveaux.
A l'extrême droite, Marine Le Pen, sans donner de consignes pour samedi, s'est dite "étonnée" que l'"on cherche à culpabiliser" les "gilets jaunes", car ils ne sont pas "les responsables du danger terroriste".
Le chef de file de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, s'est lui déclaré "douloureusement surpris" que "certains à LREM utilisent" cette attaque "pour peser" sur les "gilets jaunes" : "Si on commence à céder à un assassin en modifiant toute notre vie, c'est lui qui a gagné".
- "Un nouveau modèle français" -
Mais la pression sur les manifestants est aussi venue de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, selon qui il serait "de bon ton" qu'ils ne manifestent pas samedi, "pour ne pas surcharger la barque des policiers". Même son de cloche chez Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne, selon qui "le message des gilets jaunes devient inaudible parce que les manifs sont maintenant un support pour les pilleurs et les casseurs".
Il faut "maintenant que le mouvement s'arrête", a renchéri Richard Ferrand, le président LREM de l'Assemblée nationale, appelant à "passer à la construction d'un nouveau modèle français", via le dialogue national annoncé par Emmanuel Macron.
Sur le terrain, la mobilisation continue. Au péage autoroutier de la Barque, sur l'A8, à la sortie d'Aix-en-Provence, les gilets jaunes avaient déjà repris leur position dans la nuit de mercredi à jeudi, avec le soutien sur place de François Ruffin, le député LFI de la Somme. Avant de se faire à nouveau évacuer par les forces de l'ordre.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, peu après minuit, une sixième personne a perdu la vie en lien avec ce conflit, un "gilet jaune" de 23 ans percuté par un poids lourd, à la sortie Avignon-sud de l'A7., elle se concentre sur le mode d'emploi, mais n'a jamais eu à son programme le renforcement des engagements.

copy  https://www.afp.com/fr


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