Attentat de Strasbourg: deux nouvelles personnes en garde à vue, sept au total
AFP/Archives / Alain JOCARDDes policiers s'activent dans la rue où Chérif Chekatt a été tué le 13 décembre 2018 à Strasbourg
Deux personnes de l'entourage de l'assaillant de l'attentat de Strasbourg, tué jeudi soir par la police après deux jours de traque, ont été placées en garde à vue la nuit dernière portant le total à sept gardes à vue, a annoncé vendredi le procureur de Paris, Rémy Heitz.
Il s'agit des "quatre membres de sa famille, placés en garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi dernier, et trois membres de son entourage proche, dont un placé en garde à vue hier matin et deux cette nuit", a déclaré le magistrat antiterroriste.
"L'enquête va désormais se poursuivre pour identifier d'éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l'avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l'acte", a-t-il ajouté.
Le procureur est auparavant revenu sur les conditions dans lesquelles Chérif Chekatt, un délinquant de 29 ans fiché S pour radicalisation islamiste, a été abattu jeudi soir par la police dans le quartier du Neudorf. C'est dans cette zone, au sud du centre-ville qu'avait été perdue sa trace après son périple meurtrier qui a fait trois morts, une quatrième victime en état de mort cérébrale et plusieurs blessés graves.
"C'est une patrouille de police qui a remarqué à 21H00, marchant rue du Lazaret, un homme, un individu, dont le signalement pouvait correspondre à l'auteur des faits", a rapporté le magistrat.
"Celui-ci, qui a détecté la présence du véhicule de police, (...) a alors fait mine de rentrer dans l'immeuble au numéro 74 de cette rue", sans succès, a-t-il ajouté.
Les policiers se sont alors signalés et "l'individu s'est retourné pointant son arme - semblable à celle utilisée mardi soir - dans leur direction, pour tirer", selon le procureur.
"Un projectile a atteint le véhicule de la police au-dessus de la portière arrière gauche. Deux des trois policiers ont alors riposté, tirant à de nombreuses reprises, et tuant l'auteur", a-t-il précisé.
"Le décès de Chérif Chekatt, formellement identifié par la comparaison (...) de ses empreintes digitales, a été constaté à 21h05".
"Les enquêteurs ont saisi sur lui un revolver ancien chargé de six munitions dont cinq étaient percutées. Ils ont par ailleurs retrouvé sur lui un couteau et huit autres munitions de calibre 8mm dans la poche intérieur de sa parka", a indiqué M. Heitz.
La localisation du fugitif a bénéficié de l'appel à témoins lancé mercredi soir, qui a "permis de recueillir près de 800 appels" et de "considérer comme probable la présence du fugitif dans le quartier du Neudorf", selon le procureur.
Parmi les témoignages "déterminants", le magistrat a cité celui "d'un riverain ayant vu un homme rue d'Epinal franchir une clôture et d'une autre personne signalant sa présence possible rue du Doubs".
"Une opération d'ampleur mobilisant un hélicoptère était engagée dès 19H30 afin de concentrer les recherches sur ce secteur", a-t-il indiqué.
Israël poursuit la traque en Cisjordanie, Netanyahu sous pression
AFP / GALI TIBBONDes Israéliens, la plupart venant de colonies en Cisjordanie occupée, manifestent devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem le 13 décembre 2018, après les attaques palestiniennes
Les forces israéliennes traquent vendredi les auteurs du dernier en date d'une série d'attentats palestiniens, qui remet en cause des mois de calme relatif en Cisjordanie occupée et soumet le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux ultimatums de sa droite.
Territoire occupé depuis plus de cinquante ans et où 400.000 colons mènent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens, la Cisjordanie a connu jeudi sa troisième attaque anti-israélienne en deux mois.
La presse israélienne se demande, comme la une du quotidien Yediot Aharonot, "comment éviter une intifada", du nom de soulèvements palestiniens passés.
Deux soldats ont été tués et un soldat et une civile grièvement blessés jeudi quand un homme descendu de voiture a ouvert le feu contre un arrêt de bus près de la colonie de Givat Assaf, non loin de Ramallah, dans un secteur où les implantations israéliennes jouxtent les localités palestiniennes. Le tireur a pris la fuite.
L'armée a ensuite annoncé l'envoi de renforts. Ramallah, siège d'autorités palestiniennes aux pouvoirs restreints par l'occupation, a été bouclée.
Des heurts entre Palestiniens et forces israéliennes ont éclaté à différents endroits. Des colons criant vengeance ont caillassé des véhicules palestiniens. Le chauffeur arabe d'un bus public israélien a été sévèrement battu par des ultra-orthodoxes juifs à Modiin Illit.
Vendredi, un soldat israélien a été sérieusement blessé dans une nouvelle attaque près de la colonie de Beit El par un Palestinien à l'aide d'une arme blanche et d'une pierre, a indiqué l'armée.
La Cisjordanie va au-devant de violences potentielles, les mouvements palestiniens, dont le groupe islamiste Hamas, ayant appelé à manifester après la prière hebdomadaire.
Le Hamas a revendiqué l'attentat qui a tué deux Israéliens le 7 octobre et, un autre dimanche qui a causé la mort d'un bébé, provoquant un vif émoi. Israël voit la main du Hamas dans l'attaque de jeudi.
- Effet de balancier ? -
Le Hamas gouverne la bande de Gaza, territoire distant de quelques dizaines de kilomètres de la Cisjordanie. Ses activités ont été jugulées en Cisjordanie, à la fois par Israël et par l'Autorité palestinienne, à couteaux tirés avec le Hamas.
AFP / ABBAS MOMANIHeurts à Ramallah en Cisjordanie occupée entre soldats israéliens et protestataires palestiniens près de la colonie israélienne de Beit El, le 13 décembre 2018
La température augmente en Cisjordanie au moment précis où elle retombe à Gaza après des mois de violences à la frontière qui ont causé la mort de plus de 230 Palestiniens.
Le Hamas active des cellules réduites en Cisjordanie, avec trois objectifs, écrit le quotidien Israel Hayom: "Se venger de la situation à Gaza, saper les positions de l’Autorité palestinienne, poursuivre le jihad contre Israël".
Le Hamas, qui refuse l'existence d'Israël, fête le 31e anniversaire de sa création vendredi. "L'ennemi ne doit rêver ni de sécurité, ni de stabilité en Cisjordanie", a-t-il juré.
Les forces israéliennes ont abattu cette semaine deux Palestiniens auteurs ou impliqués dans les attaques d'octobre et de dimanche, et membres du Hamas. Poursuivant leur chasse à l'homme, elles ont arrêté dans la nuit une quarantaine d'agents du Hamas selon elles.
Après avoir frôlé une nouvelle guerre, Israël et le Hamas ont conclu un cessez-le-feu à Gaza le 13 novembre. Mais M. Netanyahu a fait passer un message au Hamas: pas de trêve à Gaza en même temps que des violences en Cisjordanie, selon les médias.
- "Des canards" -
M. Netanyahu, à la tête d'une majorité réduite au minimum précisément par l'opposition d'une partie de sa coalition au cessez-le-feu à Gaza, fait face à présent aux pressions des colons et à leurs avocats, auquel son gouvernement fait la part belle.
Il a annoncé jeudi vouloir "légaliser" des milliers de logements de colons dépourvus des autorisations nécessaires en Cisjordanie.
Toutes les colonies en Cisjordanie sont illégales au regard du droit international. La colonisation, qui rogne peu à peu les territoires sur lesquels les Palestiniens souhaitent créer leur Etat, est aussi considérée par une grande partie de la communauté internationale comme un obstacle majeur à une paix de plus en plus élusive.
Israël distingue lui entre les colonies qu'il a approuvées et d'autres, dites "sauvages". Pour la majorité des colons, la Cisjordanie -ou Judée-Samarie- doit faire partie intégrante d'Israël, pour des raisons religieuses ou idéologiques.
M. Netanyahu a ordonné plus de troupes et plus de checkpoints sur les routes de Cisjordanie. Il veut que les maisons d'auteurs d'attentat puissent être détruites sous 48 heures. Il a décidé un recours accru à la pratique controversée de la détention sans inculpation ni procès.
C'est encore insuffisant pour la frange la plus à droite des colons. Des centaines d'entre eux ont manifesté jeudi devant la résidence du Premier ministre, où son nom a été conspué.
Les exigences vont de la fermeture des routes de Cisjordanie pour les Palestiniens aux mesures de rétorsion contre la population palestinienne, en passant par une opération militaire d'envergure.
"S'ils (les Palestiniens) continuent à se déplacer librement et à nous massacrer comme des canards, ce gouvernement n'a pas de raison d'exister une journée de plus", a dit le député nationaliste religieux Bezalel Smotrich, lui-même un colon.
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