Violences du 1er Mai: la stratégie policière contestée Depuis le Cher, Edouard Philippe défend la gestion du 1er mai

Violences du 1er Mai: la stratégie policière contestée

AFP / Alain JOCARDLes forces de l'ordre déployées dans Paris lors de la manifestation du 1er mai 2018
Au lendemain de la manifestation parisienne du 1er mai marquée par des dégradations et des violences, la stratégie policière déployée face aux 1.200 militants radicaux des "black blocs" est critiquée, malgré un très faible nombre de blessés.
- Le dispositif policier était-il sous-dimensionné ?
C'est ce qu'a laissé entendre mercredi le ministre de l'Intérieur promettant "encore plus de forces de l'ordre lors des prochaines manifestations".
Près de 1.500 policiers et gendarmes étaient mobilisés mardi. "C'était assez", a jugé mercredi le préfet de police Michel Delpuech.
Pour le syndicat majoritaire des gardiens de la paix Alliance, les autorités doivent toutefois "revoir en profondeur la doctrine du maintien de l'ordre et notamment le filtrage des participants en amont des manifestations".
Lors du 1er mai 2017, ces filtrages avaient été mis en oeuvre dans le cadre de l'état d'urgence mais ce dispositif n'est aujourd'hui possible qu'en cas de menace terroriste.
- La menace d'ultra-gauche a-t-elle été anticipée ?
Dans une note du 30 avril consultée par l'AFP, la Direction du renseignement de la préfecture de police prévoyait la présence de "500 à 1.000 militants de la mouvance contestataire radicale regroupés en black blocs".
AFP / ALAIN JOCARDUn manifestant envoie un pavé contre des CRS, en marge du défilé syndical du 1er mai 2018, à Paris
Mardi vers 14H30, en moins d'une dizaine de minutes, près de 1.200 "black blocs" ont fait irruption au milieu du pré-cortège de 14.500 personnes, un volume "inédit" compliquant le maintien de l'ordre. Dès les premiers incidents, le préfet de police a été contraint de demander au cortège syndical de changer d'itinéraire, "une première" selon lui.
Pourquoi ne pas avoir arrêté ces militants encagoulés en amont de la manifestation ? "Le problème (...) c'est de savoir si on peut les interpeller. La liberté de manifester existe, la liberté d'aller et venir aussi", a expliqué M. Delpuech.
- Les policiers ont-ils tardé à intervenir ?
Le secrétaire général du PCF Pierre Laurent a pointé "l'attitude bien trouble des forces de police qui ont laissé faire pendant près d'une heure". Interrogé mercredi, le ministre de l'Intérieur a rétorqué que les forces de l'ordre étaient intervenues "5 minutes" après l'incendie du McDonald's, premier commerce à être ciblé vers 15H55.
Au vu de la présence des casseurs au milieu d'un millier de manifestants "pacifiques", la préfecture n'a pas voulu ordonner de charge policière, de peur de "faire des dégâts collatéraux".
A 16H00, le préfet donne l'ordre "de projeter l'ensemble des moyens disponibles" pour mettre fin aux dégradations et aux incendies d'un engin de travaux publics et de véhicules. Peu après 16H20, le déploiement de deux lanceurs d'eau permet de disperser les manifestants les plus radicaux.
Pour Gérard Collomb, le préfet de police a décidé d'une "stratégie qui a évité qu'il y a(it) 200 ou 300 personnes dans les hôpitaux".
AFP / Paz PIZARROHeurts entre manifestants et policiers
"La priorité c'est d'essayer de faire qu'une manifestation ne dégénère pas avec des morts", a complété le ministre.
"En aucun cas il n'y a eu défaillance de l'Etat", a de son côté assuré le Premier ministre Edouard Philippe.
- Les casseurs ont-ils vraiment semé le chaos ?
Pour le syndicat de police Unsa, des "cohortes de black blocs (...) ont semé le chaos dans Paris".
D'après les autorités, 31 commerces ont été dégradés dont deux incendiés, 6 véhicules ont été incendiés et 10 autres ont été dégradés. Les casseurs ont également jeté des projectiles sur les policiers sans chercher l'affrontement direct.
Pour autant, les dégradations sont bien moins importantes que celles commises lors du mouvement contre la loi travail à l'automne 2017 où une centaine de commerces étaient pris pour cible à chaque manifestation, selon une source policière.
Seules quatre personnes ont par ailleurs été très légèrement blessées, dont un CRS. Un bilan humain "extrêmement léger", selon M. Delpuech, mais éclipsé par les scènes de saccages qui ont tourné en boucle à la télévision.
- Pourquoi tant d'interpellations ?
283 personnes ont été interpellées mardi, un "bilan judiciaire inédit" pour ce genre de manifestations selon le préfet Delpuech. Un nombre qui s'explique par plusieurs "encagements" (encerclements) par les forces de l'ordre, visant à éviter le corps-à corps. L'an dernier, seules 5 personnes avaient été arrêtées.
A l'issue de ces interpellations, 102 personnes avaient été placées en garde à vue mardi soir (et non 109 comme annoncé par la préfecture mercredi matin). Parmi elles, 43 ont vu leur garde à vue prolongée mercredi soir (pour 24 heures supplémentaires), 49 ont été relâchées, et sept gardes à vues ont été levées sans poursuite à ce stade, mais d'autres investigations doivent être menées concernant ces personnes.
Enfin trois personnes devaient être déférées mercredi soir au palais de justice de Paris pour être présentées jeudi matin au parquet qui leur signifiera d'éventuelles suites judiciaires.

Depuis le Cher, Edouard Philippe défend la gestion du 1er mai

AFP / GUILLAUME SOUVANTEdouard Philippe répond à la presse mercredi 2 mai 2018 à l'abbaye de Noirlac
Depuis le Cher où Matignon s'est délocalisé pour trois jours au contact du "terrain", Edouard Philippe a fermement défendu la gestion par l’État de la manifestation du 1er mai à Paris, marquée par des violences de groupes d'ultragauche.
"Je peux vous dire qu'en aucune façon il n'y a eu défaillance de l’État", a assuré le chef de gouvernement sur BFMTV, en dénonçant les images "profondément choquantes, scandaleuses" de dégradations en marge du traditionnel défilé syndical mardi.
Et ce n'est pas parce qu'Emmanuel Macron est en voyage officiel en Australie et en Nouvelle-Calédonie "qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion", a martelé Edouard Philippe, en décrivant un état d'esprit empreint de "calme, autorité et fermeté".
"J'espère que tous ceux qui se sont rendus coupables de ces actes seront sévèrement punis", a insisté le Premier ministre, interrogé depuis la préfecture, à Bourges, où il a également évoqué la possibilité de demander la dissolution "d'associations" pour éviter de nouvelles violences.
Dans cette perspective, et alors que le député La France insoumise François Ruffin a appelé à faire la "Fête à Macron" samedi à Paris entre Opéra et Bastille, M. Philippe a appelé "chacun à bien mesurer ses propos" en particulier "tous ceux qui détiennent une responsabilité par leur mandat, leur fonction".
AFP / Thomas SAMSONDes militants des "black blocs" manifestent en marge du défilé du 1er mai 2018 à Paris
Le sujet a considérablement pollué la première des trois journées de délocalisation de Matignon dans le Cher, où le Premier ministre et ses services ont posé leurs valises pour "aller à la rencontre des acteurs du terrain, pour écouter et aussi expliquer" l'action du gouvernement, selon M. Philippe. Une expérience déjà tentée à l'automne dans le Lot: à l'issue de la deuxième Conférence nationale des territoires organisée le 12 décembre à Cahors, le chef du gouvernement avait fait une tournée en plusieurs étapes du département.
Régulièrement attaqué par l'opposition sur la supposée déconnexion de l'exécutif avec les territoires, le Premier ministre a choisi le département du Cher pour son "image très rurale mais avec une réalité industrielle très forte", dans lequel "se posent des sujets d'accès et d'éloignement" en dépit de sa position centrale.
"C'est un bon endroit pour évoquer les transformations engagées", a indiqué M. Philippe lors d'une courte allocution devant le conseil municipal de Bourges, après avoir essuyé quelques huées d'une trentaine de manifestants lors de son arrivée en mairie.
- Les réformes illustrées -
Dans la matinée, au cours d'une visite sur un marché aux bestiaux à Sancoins, dans le sud-est du département, le chef du gouvernement a ainsi plaidé pour "la montée en gamme" des filières agricoles, alors qu'un projet de loi pour l'agriculture et l'alimentation doit être débattu en mai à l'Assemblée nationale, dans l'hémicycle.
AFP / GUILLAUME SOUVANTLe Premier ministre Edouard Philippe visite une ferme mercredi 2 mai 2018 à Nérondes, dans le Cher
Il s'est également rendu dans une exploitation agricole à Nérondes où il a rencontré de jeunes producteurs de quinoa qui ont notamment mis leurs graines au menu du restaurant de l'Assemblée nationale. Ou encore à l'abbaye de Noirlac pour défendre le tourisme culturel.
Dans l'après-midi, alors que le Cher compte 30% de médecins en moins que la moyenne hexagonale, M. Philippe a conversé avec le personnel d'une maison de santé pluridisciplinaire. Emmanuel Macron avait promis durant sa campagne que le nombre de ces établissements doublerait, notamment pour résoudre la problématique des déserts médicaux.
Jeudi, une partie de la délégation ministérielle doit visiter un laboratoire et échanger avec des élèves entrepreneurs, soulignant que les trois jours de séminaire doivent mettre l'accent sur le volet économique, dans un département où un quart de la population est employé dans l'industrie.
Un déplacement à Vierzon, l'une des 222 villes bénéficiaires du "plan action cœur de ville" annoncé fin mars par le gouvernement, est également prévu.
Vendredi matin, MM. Philippe et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire doivent enfin se rendre dans un centre de ressources technologiques à Bourges.
Le choix du Cher, dont 98% des axes routiers sont bi-directionnels et donc soumis à l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée à partir du 1er juillet, ce qui suscite la colère d'automobilistes soutenus par de nombreux élus, "montre qu’Édouard Philippe veut se confronter aux inquiétudes et aux difficultés", "sans éluder les questions", estime par ailleurs son entourage.
Deux autres délocalisations des services du Premier ministre doivent avoir lieu en juin et en juillet, a en outre précisé cette même source.
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