NDDL: aux "100 noms", l'évacuation des zadistes du toit d'un hangar
AFP / LOIC VENANCEDes manifestants ont déployé une banderole avant leur explusion de la ZAD de Notre dame des Landes le 9 avril 2018.
Les gendarmes font descendre des zadistes un à un du toit d'un hangar, au lieu-dit les "100 noms" sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes: ils étaient venus protester contre l'expulsion d'un lieu de vie ou étaient menés des projets agricoles non déclarés, a constaté l'AFP.
"Attention, moutons méchants", pouvait-on lire sur une large banderole installée sur un chalet de bois et de paille de ce lieu-dit, en bordure sud-est de la ZAD, à proximité de l'ex-route dite "des chicanes".
Dans le hangar à proximité qui servait d'abri aux moutons, plusieurs dizaines de zadistes se sont opposés aux forces de l'ordre, dont une dizaine étaient grimpés sur le toit. Certains ont jeté de la boue sur les gendarmes.
Des militants ont formé une chaîne humaine autour du bâtiment avant d'être repoussés dans un champ par les gendarmes, qui ont tiré des grenades lacrymogènes. "Les +100 noms+ resteront", ont crié les zadistes.
Au total, huit personnes, cinq hommes et trois femmes, qui vivaient sur place depuis 2013 et menaient des projets qu'ils n'avaient pas déclaré à la Mutualité sociale agricole (MSA), ont été expulsés.
"On leur a donné 10 minutes pour partir", a indiqué une zadiste à l'AFP.
Lors d'une conférence de presse lundi matin, la préfète de la région Pays de la Loire Nicole Klein avait assuré que les personnes qui avaient déposé des projets agricoles ou qui comptaient le faire ne seraient pas visées par les expulsions.
"Le projet agricole (des 100-noms") n'est pas complètement évident. Mais c'est surtout la proximité de la route (D281, NDLR)" qui justifie ce démantèlement", a expliqué Mme Klein par téléphone à l'AFP.
Un jardin vivrier et une bergerie ont été développés sur ce site avec ânes et moutons. Un paysan crêpier, qui mène son activité dans un autre hameau du bocage, vivait sur place en s'occupant de la bergerie.
Parmi les personnes venues soutenir les occupants, des retraités arboraient des panonceaux "Stop violence", "Patience et raison" ou encore "Place au dialogue".
Françoise, venue de Saint-Nazaire, est restée jusqu'au dernier moment sur le balcon du chalet. "Je tenais à défendre la maison et ses projets de vie, c'est une alternative à une vie conforme et stérile. Ce sont des projets enrichissants et attractifs", souligne-t-elle.
La sexagénaire, cheveux gris courts, qui a "de l'énergie à revendre et des causes à défendre", se dirige vers les autres maisons menacées d'expulsion. "Il faut éviter le massacre. Tout va être rasé sinon", interroge-t-elle.
- "Créativité"-
AFP / LOIC VENANCEDes gendarmes évacuent des militants protestant contre leur expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes le 9 avril 2018
Un occupant qui se fait appeler "Camille", 34 ans, cheveux courts et fine barbe, vit aux "100 noms" depuis 2013. Ancien enseignant en BTS, il a participé à la construction du chalet, détruit par un incendie puis reconstruit en 2014.
"Une des choses qui m'a amenée à venir ici, c'est une inquiétude grave et profonde pour l'avenir, pour la situation de nos enfants, à cause du changement climatique", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Camille" ne s'est pas inscrit à la sécurité sociale agricole. "Je cultive des poireaux que je ne vends pas. Je ne tire pas de revenus de mon activité agricole, ce n'est pas le but", a-t-il expliqué.
"Ici, on a un projet de territoire innovant. Il y a de la créativité, de nouvelles façons de s'organiser, une économie pas basée sur le système marchand mais sur l'échange et le partage", ajoute-t-il.
Guillaume, qui vit aussi sur place, oscille entre émotion et colère: "Ils disent défendre l'état de droit mais on n'a même pas vu l'ordonnance d'expulsion de l'huissier". "On s'est déclarés il y a cinq ans, on est identifiés, on a une boîte aux lettres, le facteur passe, on avait un troupeau qui grossissait, on avait juste besoin de temps pour développer l'infrastructure", déplore le jeune homme, qui compte "venir pour reconstruire".
AFP / LOIC VENANCENotre-Dame-des-Landes: affrontements lors de l'opération d'expulsions
AFP / LOIC VENANCEHeurts entre forces de l'ordre et zadistes à Notre-Dame-des-Landes le 9 avril 2018
Une opération massive d'expulsions, avec près de 2.500 gendarmes, a débuté lundi à l'aube à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) pour déloger les occupants illégaux de la ZAD, donnant lieu à des affrontements, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport.
L'intervention qui a débuté à 06h00, loin du regard des journalistes tenus à l'écart, s'est concentrée sur les abords de la route D281, l'ex-route "des chicanes".
Les accès ont été bloqués par les gendarmes mobiles dès 03H00 pour la dégager. Des images fournies par les militaires montrent un escadron de gendarmerie déblayant la route jonchée de pneus brûlés, d'épaves de voitures et surmontée de barricades en feu, avec des bonbonnes de gaz à proximité.
En milieu de matinée, des engins de chantiers sont arrivés sur la D281. Le mirador et le chapiteau du "Lama fâché", un lieu de vie de la ZAD situé au bord de la départementale, ont été détruits par deux pelleteuses.
Un peu plus tard c'est le squat des "100 noms" dont les résidents ont été expulsés, qui était visé par les gendarmes. Ils ont dû déloger en milieu de journée plusieurs dizaines de zadistes venus s'opposer pacifiquement à la destruction du lieu, notamment en grimpant sur le toit, a constaté l'AFP.
- Dix squats démantelés -
AFP / LOIC VENANCELes forces de l'ordre devant une barricade en feu, lundi 9 avril 2018, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Dix squats ont été démantelés et six personnes se trouvant sur un squat "ont été expulsées", les autres étant vides, a indiqué lors d'une conférence de presse Nicole Klein, préfète des Pays de la Loire.
Selon elle, l'objectif de démanteler une "quarantaine de squats" sur 97 est "presque atteint" et l'opération est "parfaitement dans les règles". Neuf huissiers sont sur place, a-t-elle précisé.
"L'objectif a toujours été de faire des expulsions avec discernement, les lieux sont choisis", a-t-elle toutefois précisé, ajoutant que les "gens qui ont montré la volonté d'être dans un projet ne sont pas ceux qui seront expulsés".
Le dispositif choisi "vise à empêcher toute réinstallation dans la durée", a souligné le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, lors de la conférence.
Le survol aérien de la zone a été interdit jusqu'à vendredi prochain.
Des affrontements ont éclaté une demi-heure après le début de l'opération entre zadistes et gendarmes mobiles au lieudit "Les fosses noires", au sud-ouest de la D281. Une dizaine de tracteurs "vigilants" barraient la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques. Les gendarmes ont répondu à des jets de projectiles et de cocktails Molotov par des tirs de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
AFP / Simon MALFATTONotre-Dame-des-Landes
Une interpellation a eu lieu pour violences sur agent de la force publique, selon le ministère de l'Intérieur. Un gendarme a été blessé légèrement à l'oeil après un tir de projectile.
"On appelle au calme et à l'apaisement. (...) On ne peut pas faire autrement, avec la posture radicale du gouvernement et avec la posture radicale de certains habitants de la ZAD", a déclaré pour sa part Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, association historique des opposants à l'aéroport.
- "résister" -
"Ces expulsions sont illégales", a déclaré à l'AFP une occupante de la ZAD se faisant appeler comme tous les zadistes "Camille". "C'est inacceptable que l’État chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister, nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux".
Les zadistes appellent à se rassembler à 18H00 devant les préfectures ou les mairies, en tout 77 rassemblements en France selon eux, notamment à Nantes et Rennes.
"On est pris par une émotion et une colère assez profonde face à ce gâchis", a commenté un autre zadiste face à la presse.
AFP / LOIC VENANCEUn zadiste le 9 avril 2018
L'opération de grande ampleur lancée lundi matin prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.
La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.
"Nous devons absolument soutenir nos camarades expulsés manu militari et sauver les projets qui se développent sur la ZAD que nous continuerons de soutenir coûte que coûte", a déclaré pour sa part Dominique Le Lay, de l'Acipa.
Le 17 janvier, en mettant fin au projet d'aéroport, le Premier ministre Édouard Philippe avait promis d'éradiquer la "zone de non droit".
L'opération démarrée lundi est la première d'ampleur depuis l'"opération César" à l'automne 2012, une tentative d'évacuation massive qui avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.
copy https://www.afp.com/fr/
Nenhum comentário:
Postar um comentário