Universités: le blocage de Tolbiac levé après une intervention policière
AFP / CHRISTOPHE SIMONIntervention de police à Tolbiac, vendredi 20 avril 2018
Le blocage du site universitaire parisien de Tolbiac, lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de l'accès à la fac, a été levé vendredi à l'issue d'une vaste opération de police lancée au petit matin, sans faire de blessé selon les autorités.
L'opération, qui a pris fin vers 06H00, s'est déroulée dans le calme, selon la préfecture de police (PP). De nombreux étudiants évacués ont toutefois dit à l'AFP avoir été matraqués et insultés par les CRS, alors qu'ils n'opposaient aucune résistance.
Face à "de nombreuses rumeurs", notamment sur les réseaux sociaux, "faisant état d’une personne grièvement blessée se trouvant dans le coma", la PP a réaffirmé dans la soirée dans un communiqué qu'"aucun blessé n’a été recensé sur cette opération".
La PP a précisé qu'"aucun blessé grave qui puisse être en lien avec cette opération d’évacuation n’a été hospitalisé dans les services de réanimation tant médicale que chirurgicale ou neurochirurgicale", indiquant que cette information a été confirmée au cabinet du préfet de police par l'Assistance publique Hôpitaux de Paris (APHP).
Une personne a été interpellée, pour outrage et rébellion, selon la PP.
Lors du conseil des ministres, quelques heures après l'évacuation, Emmanuel Macron a souligné que "le défi pour les prochains jours" dans les universités serait "de permettre la tenue des examens dans de bonnes conditions", a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
"Il incombera" à la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal de le relever, a-t-il précisé, alors que depuis plusieurs semaines quatre universités sont totalement bloquées et une dizaine de sites (sur 400) perturbés pour protester contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée par ses détracteurs d'instaurer un système de "sélection" déguisée.
À Tolbiac, au moins une centaine de CRS ont pénétré à 05H00 sur le site appelé Pierre Mendès-France, une tour de 22 étages occupée depuis le 26 mars, pour évacuer la centaine d'occupants présents sur place. Ils ont essuyé des jets de bouteilles de verre et autres projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.
Guettant une intervention policière, certains occupants se réclamant de "la Commune libre de Tolbiac", en référence à la période insurectionnelle de la Commune de Paris, se sont retranchés à l'intérieur, tandis que d'autres tentaient de s'enfuir en escaladant la grille.
Tags dans les amphis, matériel informatique détruit, matelas et détritus en tous genres par terre : les trois semaines d'occupation ont laissé des traces à Tolbiac.
Le site sera fermé jusqu'à nouvel ordre, en attendant sa remise en état. Les étudiants ne pourront "probablement" pas être accueillis à Tolbiac avant la rentrée de septembre, a estimé vendredi le directeur du site, Florian Michel.
AFP / CHRISTOPHE SIMONUn étudiant est arrêté à Tolbiac, lors de l'opération de déblocage, vendredi 20 avril 2018
Les partiels prévus à partir du 2 mai auront bien lieu - une semaine supplémentaire a été ajoutée, jusqu'au 26 mai -, non pas à Tolbiac mais dans d'autres centres universitaires de Paris et région parisienne.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué "la réussite de cette opération dans un contexte d'intervention délicat" tandis que Frédérique Vidal a jugé "très important que les choses puissent revenir à la normale".
Vendredi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le site de l'université, encore gardé par des CRS, en scandant "État d'urgence, État policier. Vous nous empêcherez pas de manifester".
- "Immense soulagement" -
L'intervention des forces de l'ordre avait été réclamée dès le 9 avril par Georges Haddad, président de l'université Paris-I dont dépend Tolbiac, inquiet de la situation après la découverte de cocktails Molotov sur le site.
AFP / Jean Michel CORNUUniversités : évacuation de Tolbiac
M. Haddad a fait part de son "immense soulagement" après l'évacuation, "heureux qu'il n'y ait eu aucun blessé".
Il a évalué le coût des "dégradations" à "plusieurs centaines de milliers d'euros".
Dans un premier temps, la préfecture de police n'avait pas accédé à sa demande de recourir à la force publique. Compte tenu de la "particularité topographique" du site, "c'est presque plus dangereux (d'intervenir) que de ne pas intervenir", avait expliqué dimanche Emmanuel Macron.
Le syndicat de droite UNI, qui avait déposé plusieurs recours en justice infructueux pour contraindre les forces de l'ordre à intervenir, a salué l'évacuation.
Deuxième syndicat étudiant, l'Unef a en revanche condamné le recours à la force.
Le député La France insoumise Alexis Corbière a dénoncé "une mise en scène", et le NPA déploré des "violences policières inacceptables".
Par ailleurs, le blocage qui avait perturbé Sciences Po Paris pendant la semaine a été levé vendredi. Deux autres Instituts d'études politiques (IEP), ceux de Rennes et Lille, étaient toujours partiellement bloqués.
À l'université d'Avignon, les manifestants (majoritairement non-étudiants) qui occupaient un amphithéâtre du campus Hannah Arendt depuis mercredi soir ont quitté les lieux.
Affaire Vincent Lambert: le tribunal administratif ordonne une nouvelle expertise médicale
AFP/Archives / FRANCOIS NASCIMBENIL'hôpital Sebastopol de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert, pris en photo en juin 2015
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a ordonné vendredi une nouvelle expertise pour "déterminer le tableau clinique" de Vincent Lambert, 41 ans, hospitalisé dans un état végétatif depuis 2008.
Dans un communiqué, les juges ont jugé "nécessaire" cette étape avant de se prononcer "définitivement" sur l'arrêt des soins décidé par le CHU de Reims le 9 avril et contesté par les parents du patient.
Cette expertise "devra déterminer si le tableau clinique que présente Vincent Lambert a évolué depuis 2014, date de la dernière expertise réalisée par le Conseil d’État", ont-ils indiqué.
Des médecins ont pourtant fait "le constat du caractère incurable des lésions", de "l'altération de l'état de santé général" et de "la totale dépendance à l'alimentation et à l'hydratation artificielles" du patient, avait rappelé Me Pierre Desmarais, l'avocat du CHU, jeudi à l'audience devant le tribunal administratif, saisi en référé par les parents de Vincent Lambert.
Au terme d'une nouvelle procédure collégiale - la quatrième en cinq ans - le Dr Vincent Sanchez avait décidé de l'arrêt des traitements, alertant sur "l'obstination déraisonnable" faite au patient, devenu "un corps souffrant" selon lui.
Ses parents, catholiques fermement opposés à l'euthanasie passive, ainsi que certains membres de sa famille, sont convaincus qu'il peut être rééduqué car il est capable d'émettre des vocalises, de déglutir et de communiquer avec les siens, assurent-ils, vidéos à l'appui.
"Mon fils n'a pas mérité d'être affamé et déshydraté (...) Vincent est handicapé mais il est vivant", a ainsi écrit Viviane Lambert dans une tribune adressée au président de la République.
La nouvelle expertise sera réalisée par "un collège de trois médecins" qui devront se prononcer "de façon indépendante et collégiale" sur l'état du patient, a précisé le tribunal.
Malgré les décisions judiciaires successives favorables à l'arrêt des traitements, jusqu'à celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en juillet 2015, son applicabilité a toujours été entravée par des recours en justice successifs et des pressions sur l'équipe médicale: trois procédures collégiales avortées et deux médecins écartés en cinq ans.
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