AFP/Archives / KENZO TRIBOUILLARDDe la cocaïne et du cannabis saisis par la police, présentés le 23 novembre 2015 au siège de la PJ à Paris
François Thierry, ex-patron de la lutte antidrogue en France, a été de nouveau placé en garde à vue lundi, cette fois dans l'enquête sur une saisie record de cannabis en 2015, une des affaires qui mettent au jour les liaisons troubles entre la police et les "indics".
M. Thierry est entendu depuis lundi matin à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", où trois autres policiers, dont l'actuel N°2 de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), Patrick Laberche, ont également été placés en garde à vue.
Désormais en poste à la Sous-direction antiterroriste (SDAT), M. Thierry avait déjà été placé en garde à vue début mars dans le cadre d'un dossier confié depuis mi-2013 à des juges d'instruction, après une saisie de cocaïne à l'aéroport parisien d'Orly.
Dans ces deux affaires, les magistrats instructeurs s'interrogent sur les pratiques de l'office antidrogue et ses liens avec les indicateurs, acteurs sulfureux mais jugés essentiels pour les investigations.
A l'époque, la saisie douanière record de cannabis est saluée par le président François Hollande. Réalisée par la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), elle a lieu le 17 octobre 2015 avec la découverte de sept tonnes de cannabis dans des camionnettes stationnées dans le très chic XVIe arrondissement de Paris.
Cette saisie aurait abouti grâce à un "renseignement" obtenu le jour même, d'après un PV de la DNRED dont a eu connaissance l'AFP.
L'OCRTIS avait immédiatement été saisi pour mener des investigations. Mais, rapidement, le parquet de Paris avait découvert que cette importation de drogue était le fruit d'une opération secrète de ce même service, pour infiltrer un réseau de trafiquants, avec l'aide d'un indicateur au rôle controversé, Sofiane Hambli, a expliqué une source proche du dossier.
L'homme, dont l'appartement luxueux donnait sur le boulevard où a eu lieu la saisie, avait pourtant été lourdement condamné dans le passé dans des affaires de trafic de stupéfiants: cinq ans de prison en 2002, avant une évasion lors d'une sortie médicale, puis une peine de 13 ans en 2011. Mais il avait été remis en liberté conditionnelle dès 2014.
- Un juge pas au courant -
"Le problème dans ce dossier, c'est qu'Hambli est bien plus qu'un informateur. Il apparaît comme l'un des responsables du trafic lui-même", confiait récemment une source proche de l'enquête.
Au-delà du trouble jeté sur la belle prise, l'affaire mettait en lumière une guerre des services, entre douaniers et policiers. Le parquet avait dessaisi l'OCRTIS au profit de la Brigade des stupéfiants de Paris.
Baptisée Janissaire, l'opération était censée se dérouler sous le contrôle d'un juge d'instruction à Lyon. Pourtant, le magistrat qui suivait le dossier, entendu comme témoin, a assuré ne pas avoir été tenu au courant du passage d'autant de tonnes de cannabis sur le territoire français. "Nous n'aurions jamais accepté la livraison d'une seule tonne de résine de cannabis sous couvert de l'opération d'infiltration", avait-il assuré en juin dans une audition révélée par Libération, et dont l'AFP a eu connaissance.
Combien de tonnes sont arrivées en France sous couvert de l'opération Janissaire? Et combien sont passées à travers les mailles du filet? Au-delà des sept tonnes saisies, les enquêteurs ont fait le lien avec six autres tonnes saisies en Belgique le 25 octobre 2015 et deux autres à Nantes, selon une autre source proche du dossier. Libération avait évoqué l'importation de 40 tonnes.
Surtout, les enquêteurs ont découvert que M. Hambli pourrait être lié au transport de la drogue en Belgique, a ajouté cette source.
Dans un rapport versé au dossier judiciaire, M. Thierry défend l'intérêt d'avoir ce trafiquant notoire comme informateur malgré son pedigree. Accusant les douanes d'avoir doublé l'OCRTIS en connaissance de cause, M. Hambli a porté plainte pour "faux en écriture publique".
Le rôle des indics dans l'office antidrogue est aussi au cœur d'une autre enquête née des révélations d'un ancien informateur, Hubert Avoine. Il accuse l'OCRTIS et son ex-patron d'avoir facilité l'importation en France de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis, au profit de M. Hambli.
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