Nouveau débat marathon pour Macron, appelé à ne pas "bluffer". Colombie: attribué à l'ELN, l'attentat de Bogota sabote le dialogue de paix Accusations explosives contre Trump, son avocat dément.

Nouveau débat marathon pour Macron, appelé à ne pas "bluffer"

POOL/AFP / Ludovic MARINLe président Emmanuel Macron s'exprime lors d'une rencontre avec quelque 600 maires du Sud-Ouest, le 18 janvier 2019 à Souillac
Pour la seconde fois en trois jours, Emmanuel Macron a échangé vendredi pendant six heures et demi avec 600 maires, dont certains l'ont prévenu que les mots seuls ne suffiraient pas à mettre fin à la crise des "gilets jaunes", à la veille de l'acte 10 du mouvement.
"Je vous mets en garde, monsieur le président: il ne faudra pas que ce débat devienne le grand bluff !", a averti le président de l'association des maires ruraux du Lot, Christian Venries, au début de la discussion dans la petite ville de Souillac.
"Nous avons besoin d'actes forts", a renchéri le maire de Cahors, Jean-Marc Vayssouze-Faure (PS), en lui remettant le cahier de doléances des habitants établi "par des mots plutôt que par des dégradations".
Comme lui, de nombreux maires des 13 départements d'Occitanie ont pris au mot Emmanuel Macron qui avait souhaité mardi un débat "sans tabou".
A 6h32, sa durée a égalé celle de 6h38 de la réunion de mardi dans l'Eure. "Même Fidel Castro n'avait pas fait autant", en a souri le maire de Marsan (Gers), Aymeric de Montesquiou.
Déjà venu à Souillac en février 2017 comme candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron a paru repartir en campagne en leur répondant, ôtant sa veste, debout au centre de l'agora et micro à la main, la politique des 20 premiers mois de son quinquennat.
"Je suis un pragmatique, il n'y a pas de tabou", a-t-il affirmé, en se disant ouvert à des aménagements sur certaines décisions, comme les 80 km/h. Mais il a de nouveau défendu la suppression de l'ISF, l'une des premières revendications des "gilets jaunes". "Ce n'est pas un sujet entre les riches et les pauvres, c'est: est-ce qu'on veut aider à créer des emplois?", selon lui.
Qualifiant le débat de "détonateur à intelligence collective", il a estimé qu'il n'était plus possible pour le monde politique de "décider comme avant, sans aller chercher de la délibération et de consensus".
- "J'ai ma vérité" -
Le chef de l'Etat a également récusé les accusations de mépris, liées souvent à ses petites phrases. "Je m'en accommode" mais "j'ai ma vérité, ma sincérité… je suis profondément attaché à chacun de nos concitoyens".
Venus des quatre coins de l'immense région d'Occitanie, les maires l'ont interpellé en particulier sur l'affaiblissement des services publics dans les campagnes, qui se sentent défavorisées. "L'internet haut débit et la 4G font défaut", a dénoncé Agnès Simon-Picquet, maire des Junies (Lot).
Emmanuel Macron a affirmé que l'immigration faisait "partie du débat" mais que c'était "une erreur de l'aborder par l’intermédiaire du terrorisme", répondant à des propos virulents de la maire LR de Montauban (Tarn-et-Garonne), Brigitte Barèges. Elle a aussi regretté que, "par le biais de l'Aide médicale d'Etat, soit un milliard d'euros par an, un étranger (puisse) se faire rembourser tous ses soins à 100%".
- "Macronneries" -
Souillac avait été placée sous très haute sécurité. Ce qui n'a pas empêché des dizaines de manifestants - "gilets jaunes", retraités locaux et jeunes masqués - de venir protester: "Manu, arrête tes macronneries, tu ne vas pas réussir à nous endormir avec ton grand débat", clamait une banderole des "gilets jaunes aveyronnais en colère".
POOL/AFP / LUDOVIC MARINEmmanuel Macron lors d'une visite surprise dans une école de Saint-Sozy, près de Souillac, le 18 janvier 2019
Le matin, des heurts ont opposé les manifestants aux forces de l'ordre, qui les ont repoussés, parfois à coups de matraque, et procédé à deux interpellations, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Jean-Luc Mélenchon (LFI) a dénoncé cette situation: "Nous voyons 600 personnes, nos élus locaux, des braves gens, en écharpe. Au milieu un type qui répond aux questions. Et tout autour, 1200 policiers. Et pas un seul gilet jaune!"
En dépit du débat, de nouveaux rassemblements de "gilets jaunes" sont prévus samedi dans plusieurs villes.
Comme mardi dans l'Eure, le chef de l'Etat a effectué avant le débat une visite surprise, cette fois dans une école née du regroupement de plusieurs communes à l'initiative des parents.
Il a ensuite longuement échangé avec quelques habitants, notamment une étudiante infirmière, qui l'a interpellé sur le handicap, et des retraités. "Je ne suis pas sourd, c'est pour ça que je vais au contact", a répondu le président à un artisan.
Une nouvelle rencontre avec des élus est prévue le 24 ou 25 janvier, dans un lieu que l'Elysée doit annoncer. "L'idée est d'avoir une à deux rencontres par semaine, en fonction de l'agenda international, et garder des rencontres qui soient à taille humaine", a expliqué Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales et co-animateur du grand débat.
Quelque 360 débats, à partir de samedi, sont actuellement référencés sur la plateforme, a précisé M. Lecornu: 40% organisés par des élus locaux, des collectivités territoriales, 40% par des citoyens et 20% par des associations.
Lancé à la hâte, le grand débat s'organise peu à peu. Un collège de cinq personnalités chargées d'en "garantir l'indépendance" a été désigné vendredi.


Colombie: attribué à l'ELN, l'attentat de Bogota sabote le dialogue de paix

AFP / Juan BARRETOPoliciers en faction sur le site de l'attentat qui a fait 20 morts à Bogota, le 17 janvier 2019
Bogota a attribué vendredi à la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) l'attentat meurtrier qui a fait 20 morts la veille dans la capitale, une attaque qui ferme la porte au dialogue de paix avec la dernière rébellion de Colombie.
"Le gouvernement sait et comprend que l'ELN n'a aucune volonté de paix", a affirmé le Haut commissaire pour la paix, Miguel Ceballos, lors d'une conférence de presse au lendemain de l'attaque visant l'école de la police nationale, qui n'a pas été revendiquée.
"Un acte terroriste commis par l'ELN a fauché ces vies" d'étudiants de l'Ecole d'officiers Général Francisco de Paula Santander, située dans le sud de la capitale, a déploré le ministre de la Défense, Guillermo Botero.
Le gouvernement a à nouveau dénoncé le fait que des guérilleros de l'ELN se réfugiaient au Venezuela voisin, avec lequel Bogota a rompu ses relations, le président colombien Ivan Duque accusant son homologue Nicolas Maduro de diriger une "dictature".
Selon M. Botero, l'auteur de l'attaque, José Aldemar Rojas Rodriguez, 56 ans, était membre depuis plus de 25 ans de la rébellion et se rendait régulièrement "au Venezuela pour former au maniement des explosifs des membres de l'ELN présents dans ce pays".
Connu sous le nom de guerre de "Mocho Kiko" - qui peut se traduire par Le Manchot du fait qu'il avait perdu la main droite dans une explosion - il appartenait au front Domingo Lain, opérant dans l'Arauca, département frontalier du Venezuela.
- Opération longuement planifiée -
Colombian Presidency/AFP / HOLe ministre colombien de la Défense Guillermo Botero s'adresse à la presse le 18 janvier 2019 à Bogota. Photo diffusée par la présidence colombienne
Le ministre a en outre désigné comme cerveaux de l'attentat les rebelles de l'ELN, dont les pourparlers avec le gouvernement sont suspendus. Il a ajouté que l'opération "était planifiée depuis plus de dix mois".
Les autorités se sont refusées à parler d'un attentat suicide, qui serait une première en Colombie.
L'auteur de l'attaque, de nationalité colombienne, a fait irruption jeudi matin dans l'enceinte de l'école de police, la principale du pays, au volant d'une camionnette grise Nissan Patrol, chargée de 80 kilos de pentolite, selon la police.
Repéré par un chien formé à la détection des explosifs, selon des policiers, il a forcé l'entrée de l'école et son véhicule est allé percuter le bâtiment du dortoir des filles. Il a été tué dans l'explosion, qui a fait en outre 20 morts et 68 blessés.
Le chef de l'Etat a décrété un deuil national de trois jours suite à cette attaque, la plus meurtrière de ces seize dernières années dans la capitale d'une Colombie peinant à sortir de plus d'un demi-siècle de conflit armé.
Elle a été qualifiée d'"acte terroriste démentiel" par ce président de droite qui a durci le ton envers l'ELN, exigeant qu'elle libère ses otages, évalués à 17, et cesse ses activités criminelles avant de reprendre les pourparlers.
AFP / JUAN BARRETODes experts au travail sur le site de l'attentat qui a fait 20 morts à Bogota, le 17 janvier 2019
Selon des experts, l'attentat risque de porter un coup fatal à ces négociations entamées en 2017 avec son prédécesseur Juan Manuel Santos (2010-2018), mais que M. Duque a laissées en suspens depuis son arrivée au pouvoir en août.
"Le processus de paix avec l'ELN est mort", a déclaré à l'AFP l'analyste Ariel Avila, de la Fondation Paix et Réconciliation. "La guerre va continuer", a-t-il ajouté, estimant qu'une future négociation ne serait possible qu'avec un autre gouvernement et "seulement si le Venezuela nous aide".
"Il est fort probable que le président Duque décide de rompre les négociations de paix avec l'ELN", a lui aussi estimé Frédéric Massé, expert du conflit armé, selon lequel l'attaque pourrait être "l'oeuvre des éléments les plus radicaux de l'ELN (...) pas vraiment convaincus de l'utilité de négocier".
- L'ELN, dernière guérilla de Colombie -
Avec environ 1.800 combattants, l'ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et leur transformation en parti politique suite à l'accord de paix de 2016.
En février 2003, un autre attentat à la voiture piégée, organisée par les Farc, avait fait 36 morts et des dizaines de blessés au Nogal, un club huppé du nord de Bogota.
L'attaque de jeudi a été unanimement condamnée, en particulier par l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne, la France et même le Venezuela, ainsi que par le parti Farc.
Il y a un an, le 29 janvier 2018, la police avait été la cible d'un autre attentat à la voiture piégée, revendiquée par l'ELN, à Barranquilla (nord). Six policiers avaient été tués et 40 blessés.
En 2017, Bogota, qui compte huit millions d'habitants, avait été le théâtre de deux attaques meurtrières, dont une en février revendiquée aussi par l'ELN et dans laquelle un policier avait été tué.
Bien que l'intensité du conflit ait diminué depuis l'accord avec les Farc, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui au fil des décennies a impliqué une trentaine de guérillas, paramilitaires et forces de l'ordre, faisant plus de huit millions de victimes - morts, disparus et déplacés.

Accusations explosives contre Trump, son avocat dément

GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives / MARK WILSON, NICHOLAS KAMMPhotomontage présentant l'avocat Michael Cohen (à gauche) et le président Donald Trump (à droite)
"Catégoriquement faux": un avocat de Donald Trump a assuré vendredi que le président américain n'avait pas ordonné à son ancien homme de confiance de mentir au Congrès, après la publication d'accusations explosives liées à l'ultra-sensible enquête russe.
Jeudi soir, le site d'information BuzzFeed News a écrit, en s'appuyant sur deux sources policières fédérales anonymes, que Donald Trump avait demandé à son ancien avocat personnel Michael Cohen de mentir lors de son audition au Congrès en 2017 à propos de discussions sur un projet immobilier en Russie.
L'accusation est grave. Selon BuzzFeed, il s'agit là du premier exemple de M. Trump demandant à un subordonné de mentir directement sur ses affaires avec la Russie.
L'opposition démocrate a immédiatement promis d'enquêter.
Si ces allégations "s'avéraient exactes, elles représenteraient une incitation au parjure et une obstruction à la justice", a souligné Adam Schiff, président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, en s'engageant à "suivre les preuves où qu'elles nous mènent".
Donald Trump s'est jusqu'ici gardé d'une réaction frontale. Il a juste rappelé dans un tweet laconique que son ancien avocat avait été condamné pour parjure et fraude. "Il ment pour réduire sa peine de prison", a-t-il de nouveau affirmé.
Son avocat personnel Rudy Giuliani s'est montré plus direct: suggérer que "le président a conseillé à son ancien avocat de mentir est catégoriquement faux", a-t-il indiqué dans une déclaration citée par les médias américains.
"C'est encore une de ces accusations ridicules sans fondement ni crédibilité", a ajouté Hogan Gidley, porte-parole adjoint de la Maison Blanche, sur Fox News.
Michael Cohen, qui a pour habitude de confirmer ou d'infirmer sur Twitter les informations de presse le concernant, n'avait toujours pas réagi vendredi en milieu de journée. Son avocat Lanny Davis a fait savoir qu'il ne répondrait à aucune question sur ce sujet.
- Destitution -
M. Cohen, tombé en disgrâce aux yeux du président dont il fut pourtant l'un des plus proches collaborateurs, avait déjà reconnu avoir menti au Congrès au sujet d'un projet immobilier de Donald Trump à Moscou.
La question est maintenant de savoir s'il l'a fait de son propre chef, ou non.
M. Cohen doit de nouveau témoigner le 7 février au Congrès, devant une commission de la Chambre des représentants, désormais aux mains des démocrates.
S'il confirmait, sous serment, les révélations de BuzzFeed, ces accusations seraient explosives et ouvriraient la porte à une possible procédure de destitution.
Cet "impeachment" devrait être confirmé par un vote du Sénat, contrôlé par les républicains, le parti de M. Trump.
La présidence de Donald Trump est sous la menace de l'enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller pour déterminer notamment s'il y a eu collusion entre la campagne du milliardaire et la Russie en 2016. Dans ce cadre, le procureur cherche en particulier à savoir si les liens d'affaires entre Donald Trump et Moscou ont pu avoir une influence sur la campagne.
En 2015, le magnat de l'immobilier avait relancé un vieux rêve: construire une tour Trump de 100 étages à Moscou. Michael Cohen avait d'abord déclaré devant le Congrès que les discussions sur ce projet avaient pris fin début 2016. Puis il avait reconnu avoir menti puisque celles-ci se sont poursuivies jusqu'en juin, après la victoire de Donald Trump aux primaires républicaines.
Ancien avocat et homme de confiance du milliardaire républicain, Michael Cohen a accepté de coopérer avec la justice car le procureur Mueller avait débusqué plusieurs de ces malversations.
Dans ce cadre, il a été condamné en décembre à 3 ans de prison, une peine qu'il devrait commencer à purger dans les prochaines semaines.
La justice a estimé que celui qui fit partie pendant dix ans du cercle rapproché du magnat de l'immobilier avant de se retourner contre lui, avait violé la loi sur le financement des campagnes électorales et qu'il avait agi "sous la direction" de Donald Trump.
Des accusations balayées d'un revers de main par le président, qui assure n'avoir jamais demandé à son ancien avocat d'enfreindre la loi.
copiado https://www.afp.com/fr/

Nenhum comentário:

Postar um comentário

Postagem em destaque

Ao Planalto, deputados criticam proposta de Guedes e veem drible no teto com mudança no Fundeb Governo quer que parte do aumento na participação da União no Fundeb seja destinada à transferência direta de renda para famílias pobres

Para ajudar a educação, Políticos e quem recebe salários altos irão doar 30% do soldo que recebem mensalmente, até o Governo Federal ter f...