Attentats de l'Aude: émotion et recueillement pour les adieux aux victimes
AFP / PASCAL PAVANILe Premier ministre Edouard Philippe et des familles de victimes le 29 mars 2018 à Trèbes lors de l'hommage aux trois Audois tués lors des attaques terroristes
"Quelle tristesse inouïe". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées le 23 mars lors des attentats islamistes de l'Aude s'est déroulée jeudi dans l'émotion et le recueillement à Trèbes et Carcassonne.
"Ce n'était pas l'heure de partir pour aucun d'entre eux", a déclaré Marc Rofes, évoquant le "déchirement" des familles réunies devant lui, le visage grave, souvent en sanglots.
"Quelle tristesse inouïe". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées le 23 mars lors des attentats islamistes de l'Aude s'est déroulée jeudi dans l'émotion et le recueillement à Trèbes et Carcassonne.
Devant Edouard Philippe, les ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet, le maire de Villedubert, dont la première victime était originaire, a débuté, étranglé par le chagrin, l'hommage solennel sur la place des armes de Trèbes, où avaient été alignés les cercueils des trois Audois tombés sous les balles du jihadiste Radouane Ladkim.
"Ce n'était pas l'heure de partir pour aucun d'entre eux", a déclaré Marc Rofes, évoquant le "déchirement" des familles réunies devant lui, le visage grave, souvent en sanglots.
"Vous êtes tombés sous les balles du terrorisme et avez emporté avec vous l'insouciance d'une petite ville d'Occitanie que rien ni personne ne prédisposait à vivre de tels événements", a poursuivi le maire de Trèbes Eric Menassi, en présence de plusieurs centaines de personnes réunies sous un soleil froid.
"Quelle tristesse inouïe", a-t-il lancé, "qui aurait pu croire que nous nous retrouverions un jour (ici) pour honorer la mémoire de quatre personnes assassinées sur l'autel du fanatisme le plus insensé?"
"Trèbes, au sein de la République, restera debout et fière de ses valeurs", a conclu la voix soudainement cassée par l'émotion, l'édile de Trèbes, dont le supermarché a été la cible de l'islamiste.
AFP / ERIC CABANISEdouard Philippe, Gérard Collomb et Nicole Belloubet se tiennent derrière des membres de la famille d'une des victimes des attentats de l'Aude lors d'un hommage solennel à Trèbes, le 29 mars 2018
Au lendemain de l'hommage national rendu au colonel Arnaud Beltrame, qui a donné sa vie en se substituant à une otage, les proches de Jean Mazières, 61 ans, de Christian Medves, 50 ans, et de Hervé Sosna, 65 ans, ont déposé des roses blanches sur les trois cercueils, avant que ne résonne la Marseillaise.
"Il faut que ça s’arrête", a lancé Thierry Lefranc. "On habite dans un département rural. C'est inimaginable pour nous", a déclaré Julie, une habitante trentenaire.
Premier à être tombé sous les balles de Lakdim, Jean Mazières, viticulteur à la retraite. Le petit délinquant radicalisé l'a abattu dans une voiture stationnée sur un terrain boisé de Carcassonne peu avant 10h00.
Le conducteur, 26 ans, de nationalité portugaise, a été atteint d'une balle dans la tête. Il est toujours dans un état grave.
Le tueur de 25 ans, qui s'est revendiqué du groupe Etat islamique, s'est ensuite rendu au Super U de Trèbes, où il a tué un employé, Christian Medves, chef boucher, ainsi qu'un client, Hervé Sosna, maçon à la retraite. "Deux Trébéens qui étaient l'exacte antithèse de la haine et de l'obscurantisme", selon le maire.
- "fléau du terrorisme" -
M. Collomb et Mme Belloubet se sont ensuite rendus à Carcassonne pour visiter l'espace d'accompagnement des victimes. " Il faudra que nous soyons en mesure d’assurer un accompagnement sur la durée", a confié la garde des Sceaux.
Les ministres sont ensuite allés assister aux obsèques du colonel Arnaud Beltrame à la cathédrale Saint-Michel, une messe à laquelle participaient de nombreux gendarmes et militaires de toutes les forces armées.
AFP / Pascal PAVANILes cercueils de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, victimes des attentats dans l'Aude, sont portés lors d'une cérémonie d'hommage à Trèbes, le 29 mars 2018
Le colonel Beltrame, 44 ans, a été mortellement blessé au cou par Lakdim, abattu lors de l'assaut du GIGN.
Son cercueil a été accueilli en fin de matinée sur le parvis de la cathédrale par l'évêque Mgr Alain Planet qui a présidé une messe d'une heure et demie.
Après avoir entendu "la prière du gendarme", les proches du colonel Beltrame ont prié pour les trois autres victimes, "pour les civils et les militaires blessés, pour ceux qui ont vécu cette épreuve".
Dans la prière universelle, ils ont demandé à ce que "le monde entier" soit "délivré du fléau de la guerre et du terrorisme", selon le livret de messe, publié par l'hebdomadaire La Vie.
Dans son homélie, le Père Jean-Baptiste, qui devait célébrer en juin le mariage religieux du gendarme, "a rappelé en quoi le dernier sacrement qu'il a donné à Arnaud Beltrame au moment où il est mort à l'hôpital, donnant la main à sa femme, était de même nature que ce mariage", a rapporté à la presse, Nicolas, ami de la famille.
A Trédion (Morbihan), le village de la mère d'Arnaud Beltrame, une cérémonie s'est tenue devant plus de 150 personnes. "C'est un hommage à tous les corps d'arme qui risquent leur vie pour nous protéger"", a témoigné sa cousine Pascale Nicolic. Le maire de la commune, Jean-Pierre Rivoal, a salué le courage d'un homme qui "porte haut les valeurs de la France".
Les obsèques de Jean Mazières ont été célébrées dans sa commune de Villedubert. Dans une église trop petite, son fils Vincent a pris la parole, : "Tu seras toujours dans mon cœur. Je te promets de me battre pour maman et d’être aussi fort que tu l’as été", selon un correspondant de l'AFP.
Celles d'Hervé Sosna et du très populaire Christian Medves ont été célébrées séparément à l'église de Trèbes. Arnaud Beltrame devait être inhumé dans l'après-midi à Ferrals, dans les Corbières, où il résidait.
Hommage lui sera rendu ce week-end en finale de la Coupe de la Ligue et sur les pelouses de L1 et L2.
Fac de droit de Montpellier: le doyen et un professeur mis en examen
AFP/Archives / SYLVAIN THOMASManifestation d'étudiants le 28 mars 2018 à Montpellier après les violences d'hommes cagoulés contre des étudiants grévistes dans la nuit du 22 au 23 mars
Le doyen et un professeur de la faculté de droit de Montpellier ont été mis en examen jeudi dans l'enquête sur les violences survenues il y a une semaine dans l'établissement, quelques heures après l'annonce de leur suspension par la ministre de l'Enseignement supérieur.
Le doyen de la faculté, Philippe Pétel, qui a démissionné après les incidents ayant vu des hommes cagoulés expulser violemment des étudiants grévistes d'un amphithéâtre de la faculté, a été mis en examen pour complicité d'intrusion et Jean-Luc Coronel a été mis en examen pour complicité d'intrusion et violences en récidive --en raison d'une condamnation datant de 2013. Tous les deux ont été placés sous contrôle judiciaire.
Evoquant une après-midi et une soirée marquées dans la faculté par des "incidents", des "provocations" et des "tensions fortes" entre pro- et anti-blocage, après une journée d'actions sociales et dans le contexte de la protestation contre la loi Vidal modifiant les conditions d'accès aux études universitaires, le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret a décrit par le détail le déroulé des incidents.
- Neuf blessés -
AFP/Archives / SYLVAIN THOMASIris Christol, avocate de Philippe Petel, le doyen de la faculté de droit et science politique de Montpellier, répond le 20 mars 2018 à Montpellier
M. Pétel a reconnu avoir donné l'ordre de permettre l'accès aux locaux pour que la police puisse intervenir -- "ce dont on peut douter, puisque la demande de réquisition de la force publique (faite par la direction de l'université, ndlr) n'avait pas eu de suite", a pointé le procureur. En revanche, aucun témoignage ne suggère que le doyen a lui-même pris part aux violences qui ont suivi, a précisé M.Barret.
Car en fait de policiers, ce sont au total une dizaine de personnes, cagoulées et armées de morceaux de bois arrachés à des palettes trouvées sur le parking du personnel et de pistolets à impulsions électriques, qui ont fait irruption dans l'amphithéâtre et "frappé des coups extrêmement bruyants sur les tables et les chaises et sur un certain nombre de personnes", selon M. Barret, qui a évoqué 9 personnes se plaignant d'avoir été blessées, sept dans l'amphithéâtre, et deux autres dans les incidents qui ont précédé. "Fort heureusement, que des blessures légères", a-t-il ajouté.
Selon certains témoignages, M. Coronel aurait "pris contact avec le groupe des personnes à qui on a donné accès aux locaux", voire participé lui-même aux violences avec ce groupe, a poursuivi M. Barret au cours d'une conférence de presse. Lui reconnaît simplement être intervenu dans l'amphithéâtre pour évacuer "dans une bousculade, de l'agitation et des cris" une étudiante en particulier --il portait du reste des traces de coups lors de sa garde à vue, a précisé le magistrat.
"A l'heure où je vous parle, il n'y a aucun indice mettant en cause d'autres personnels ou étudiants de l'université", a conclu M. Barret.
- Appel à "l'apaisement" -
Parallèlement, au vu des premiers éléments de l'enquête administrative ouverte lundi, le doyen et le professeur ont été suspendus de leurs fonctions, a tweeté dans la matinée la ministre Frédérique Vidal.
Cette dernière a appelé à "l'apaisement" sur France Info, alors que les mouvements de blocage et les manifestations contre la loi qu'elle a portée se multiplient dans des universités. Mme Vidal a rappelé qu'il y avait "deux lignes rouges" à ne pas franchir: "pas de violence dans les établissements (...). Et puis faire en sorte que l'année universitaire se termine et que les examens aient lieu dans les meilleures conditions".
Les conclusions de l'enquête administrative "seront rendues à la fin de la semaine", a-t-elle aussi promis. Le président de l'université de Montpellier a annoncé que la faculté de droit ouvrirait à nouveau le 3 avril, ce que l'intersyndicale juge prématuré.
Réclamant "des mesures conservatoires immédiates" contre les enseignants, les étudiants et les personnes mis en cause dans les incidents, un "comité de mobilisation" des étudiants de la faculté de droit et de science politique a appelé --avant la mise en examen de MM. Pétel et Coronel-- à une "marche pour la justice, contre les agresseurs et leurs complices" vendredi à 16H00 au départ de la faculté de droit.
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