Borloo étrille Macron et sa vision "dangereuse" de la société Lafarge chez les juges en vue d'une mise en examen pour ses activités en Syrie

Borloo étrille Macron et sa vision "dangereuse" de la société

POOL/AFP/Archives / ludovic MARINEmmanuel Macron et l'ancien ministre Jean-Louis Borloo le 22 mai 2018 lors de la présentation du plan pour améliorer la vie dans les quartiers en difficultés
Son rapport sur les banlieues avait été enterré il y a quelques semaines par Emmanuel Macron. L'ex-ministre Jean-Louis Borloo prend sa revanche en éreintant la vision de la société "dangereuse" du chef de l'État et de son gouvernement.
Lors d'une réunion, mercredi soir, à Valenciennes, l'ancien ministre de la Ville a fait part de son "sentiment": "on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité", a lâché celui qui fut pourtant un soutien du candidat Macron, dans une intervention diffusée sur RTL.
A son endroit et celui du gouvernement, il dénonce aujourd'hui "la vision de la société" "inefficace et dangereuse", une charge aussi virulente que l'affront que l'ancien député du Nord a subi ces derniers jours, après l'enterrement par l'exécutif de son rapport sur les banlieues.
Le père de la politique de rénovation urbaine des quartiers dans les années 2000, figure populaire de la classe politique mais toujours vu avec une certaine méfiance par ses congénères, avait dès l'automne fait une offre de service au nouveau président Macron.
Ce dernier lui avait alors confié une mission sur les quartiers prioritaires de la ville et, ses proches l'assuraient, "il a repris du poil de la bête". Macron? "Jean-Louis est d'accord avec lui en ce qu'il entraîne le pays".
Las: deux mois plus tard, c'est non pas Emmanuel Macron mais Édouard Philippe qui, entre deux rendez-vous, réceptionnait en catimini les conclusions de son rapport, laissant augurer le sort de la soixantaine de pages de préconisations de l'ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Le 22 mai, le président de la République portait le coup fatal: "Que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s'échangent l'un un rapport, l'autre disant +on m'a remis un plan+... Ce n'est pas vrai. Cela ne marche plus comme ça".
- "Gratin de nouilles" -
A l'humiliation, dont il ne disconvenait pas en privé, Jean-Louis Borloo avait opposé un satisfecit de façade, jurant avoir retrouvé dans les annonces présidentielles une part de ses propositions.
L'un de ses proches décryptait: "la plupart des gouvernants ont la trouille du dialogue avec les banlieues: il y a une forme de paranoïa, une défiance généralisée dans les élites", alors qu'à l'Élysée, on raillait précisément un rapport "très identifié à une politique des années 90".
Dans la majorité, l'ancien maire de Valenciennes, arrivé sur le tard à la politique après une fructueuse carrière d'avocat d'affaires, compte d'ailleurs autant de soutiens que de contempteurs: "il pense qu'il n'y a que lui qui connaît la banlieue", fustige une ministre, quand un ténor de la majorité met a contrario en exergue un "spécialiste" qui répond "à une attente très forte, de l'impatience même".
Mercredi, Jean-Louis Borloo, qui affirme ne plus être en politique, est sorti de sa réserve: "Si on parlait cuisine, il faut faire attention que notre pays ne se retrouve pas dans la situation culinaire désagréable où le gratin se sépare des nouilles", a-t-il lancé.
"C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens, et ce qui me dérange, c'est que les quelques moyens qu'elle a, elle a décidé d'arbitrer pour permettre à ceux qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite", a-t-il encore fustigé.
La sortie a autant surpris qu'agacé la majorité: "Ceux qui sont aux responsabilités depuis 30 ans sont-ils les mieux placés pour nous expliquer ce qu'ils n'ont pas fait et que nous devrions faire ?", a interrogé jeudi matin sur LCI le délégué général de La République en marche, Christophe Castaner.
Quelques heures plus tard, Jean-Louis Borloo a voulu minimiser: il ne pointait du doigt qu'"une vision globale sur les élites", son propos "ne s'adressait pas au gouvernement ou au président", a-t-il indiqué au Figaro.
"À force de parler de populisme pour ne pas entendre qu'il y a un sujet, on se dédouane à bon compte", a-t-il ajouté. "Je ressens un divorce entre une vision des sociétés qui est celle des élites européennes".

Lafarge chez les juges en vue d'une mise en examen pour ses activités en Syrie

AFP/Archives / Delil souleimanL'usine Lafarge de Jalabiya, en Syrie, en février 2018
Le cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des groupes jihadistes dont l'organisation Etat islamique pour maintenir son activité en Syrie, était jeudi chez les juges d'instruction pour une audition cruciale qui pourrait déboucher sur sa mise en examen, a-t-on appris de source proche du dossier.
Après deux ans d'une enquête hors norme, les magistrats envisagent de lourdes mises en examen du cimentier lui-même pour "complicité de crimes contre l'humanité", "financement d'une entreprise terroriste" et "mise en danger délibérée de la vie" de salariés, selon plusieurs sources proches du dossier. L'audition se déroule en présence des avocats et d'un représentant légal.
Après avoir déjà mis en examen huit cadres et dirigeants dont Bruno Lafont, PDG de Lafarge de 2007 à 2015, pour financement d'une entreprise terroriste et/ou mise en danger de la vie d'autrui, les juges entendent Lafarge SA, la holding actionnaire à 98% de la filiale syrienne Lafarge Cement Syria mise en cause.
Initialement programmée le 5 juin, cette audition avait été reportée in extremis à la demande de Lafarge SA, la holding ne pouvant y envoyer son ancien PDG Saad Sebbar, nommé en 2017, qui avait démissionné peu après avoir reçu la convocation.
Le groupe français, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, est soupçonné d'avoir versé au total près de 13 millions d'euros entre 2011 et 2015 pour maintenir son usine de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.
Ces sommes, qui ont bénéficié en partie à des groupes armés dont l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), correspondaient notamment au versement d'une "taxe" pour la libre circulation des salariés et des marchandises et à des achats de matières premières - dont du pétrole - à des fournisseurs proches de l'EI, d'après l'enquête.
"Lafarge a sacrifié ses salariés et pactisé avec des entités terroristes en toute connaissance de cause: elle doit répondre judiciairement de cette complicité de crimes contre l'humanité", a déclaré à l'AFP Marie Dosé, avocate de l'ONG Sherpa, partie civile, l'une des premières à avoir déposé plainte contre le cimentier en septembre 2016.
L'ONG avait écrit aux juges le 11 mai pour leur demander de monter d'un cran dans les responsabilités en retenant le chef d'accusation de "complicité de crimes contre l'humanité". Une telle décision, "inéluctable" selon Sherpa, constituerait une première mondiale pour une entreprise.

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