La réforme des pensions de réversion, "bouée de secours" de nombreuses veuves, inquiète La famille de Naomi Musenga demande l'ouverture d'une information judiciaire L'Opep s'entend sur une hausse de production pour "répondre" à la demande mondiale

La réforme des pensions de réversion, "bouée de secours" de nombreuses veuves, inquiète

AFP/Archives / GERARD JULIENLes pensions de réversion, qui concernent surtout les veuves, verront leurs règles "harmonisées" dans le cadre de la réforme des retraites
Les pensions de réversion, qui concernent surtout les veuves, verront leurs règles "harmonisées" dans le cadre de la réforme des retraites. Si le gouvernement promet de ne pas les supprimer, les syndicats craignent une harmonisation "par le bas" qui ferait "beaucoup de perdantes".
La question, explosive, a émergé début juin, dans un document destiné aux partenaires sociaux: "Doit-on maintenir des pensions de réversion (...) avec quels objectifs et sur quels critères"? Chargé d'une grande concertation, avant l'instauration du futur "système universel de retraite" promis par Emmanuel Macron, pour remplacer la quarantaine de régimes existants, le Haut commissaire Jean-Paul Delevoye voulait alors poser "toutes les questions", sans tabou.
Mais syndicats et politiques sont rapidement montés au créneau.
Car la réversion, qui permet aux veufs de toucher une partie de la retraite de leur conjoint décédé, concerne aujourd'hui 4,4 millions de personnes, dont 89% de femmes. Un million de bénéficiaires n'ont d'ailleurs aucune pension de droit "propre".
Carrières plus courtes que les hommes ou interrompues, écarts salariaux, temps partiel: les inégalités de la vie professionnelle persistent à la retraite. Les pensions des femmes "restent inférieures de 40% à celles des hommes", selon le Haut commissariat à la réforme des retraites. La réversion permet alors de "compenser" cet écart, le réduisant à 25%.
Elle est donc pour beaucoup de retraitées "la seule bouée de secours", selon Pascale Coton (CFTC). Idée "scandaleuse", "plan infâme": jeudi, plusieurs personnalités politiques, de la gauche radicale à la droite de la droite, se sont aussi émues du sort réservé à ce dispositif, le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon craignant "une harmonisation par le bas", voire une "suppression progressive".
- Risque d'exclusion d'une partie des retraités -
L'objectif n'est "pas du tout" de les supprimer, a promis la ministre des Solidarités Agnès Buzyn. Mais les conditions d'attribution et de calcul, "très différentes" selon les régimes, créent des "injustices", et doivent être "harmonisées", selon elle.
En effet, les retraités ne sont pas tous logés à la même enseigne. Le montant des pensions, par exemple, varie de 50% de la pension du défunt, pour les fonctionnaires, à 54% pour la retraite de base des salariés du privé, des agriculteurs ou des artisans, ou 60% pour la plupart des régimes complémentaires.
L'attribution se fait pour certains "sous conditions de ressources". Les anciens salariés du privé ne doivent pas toucher plus de 1.712,53 euros par mois pour toucher la pension de réversion de base, comme la plupart des professions libérales. Les fonctionnaires, ou avocats n'y sont en revanche pas soumis.
De même, certains régimes incluent une condition d'âge minimum: 55 ans la plupart du temps, et jusqu'à 65 ans pour certaines professions libérales. Sans oublier des conditions de durée de mariage minimum ou de non-remariage dans certains cas, par exemple dans le secteur public.
Mais pour Philippe Pihet (Force ouvrière), l'harmonisation voulue par le gouvernement, qui entend "faire des milliards d'économies", risque de se faire "par le bas", avec "beaucoup de perdants, et surtout de perdantes". Avec 35,8 milliards d'euros versés en 2013, les réversions représentaient 12% des dépenses de retraite.
"Le risque majeur, c’est la mise sous conditions de ressources. Seuls les conjoints qui n’auront pratiquement pas eu d’activité auront droit à quelque chose", et "on exclura discrètement toute une partie de la population", juge-t-il.
De plus, il n'y aura "sans doute plus de régimes complémentaires, mais un seul système". Les survivants des salariés du privé cotisant à l'Agirc-Arrco "vont donc y perdre", estime le représentant syndical. Pascale Coton reconnaît qu'une harmonisation est nécessaire, mais "il faudra faire attention à ce que toutes les retraitées puissent vivre dignement".
La CGT, elle, réclame une réversion "à 75% pour tous les régimes sans condition d’âge ou de revenu". Mais "pour le moment, si vous avez vécu quarante ans ensemble sans être marié, vous n'en bénéficiez pas", a regretté Laurent Berger (CFDT) vendredi sur LCI. Pour lui, le système n'est pas "immuable" mais il faut "prendre le temps du débat".

La famille de Naomi Musenga demande l'ouverture d'une information judiciaire

AFP / FREDERICK FLORINLes parents de Naomi Musenga, décédée à Strasbourg après un appel au Samu non pris au sérieux, et un de leurs avocats Jean-Christophe Coubris, lors d'une conférence de presse le 22 juin 2018
Les parents de Naomi Musenga, décédée fin décembre à Strasbourg après un appel au Samu traité avec mépris, ont réclamé vendredi l'ouverture d'une information judiciaire pour que les causes et les responsabilités dans sa mort soient dévoilées.
"J'implore madame le procureur (de Strasbourg, NDLR) pour que l'on entre dans le fond. Nous sommes démunis", a déclaré Honorine Musenga, la mère de Naomi, lors d'une conférence de presse à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg.
"Je ne lâcherai pas", a-t-elle affirmé par la suite, avant de fondre en larmes.
Parallèlement à une enquête administrative confiée à l'Inspection des affaires sociales (Igas), le parquet de Strasbourg a ouvert début mai une enquête préliminaire, mais cette procédure ne permet pas à la famille ou à ses avocats d'accéder au dossier.
"Il est inacceptable que l'on reste sur ce schéma d'enquête préliminaire", qui est "un cauchemar", a insisté Me Jean-Christophe Coubris, l'un des avocats de la famille.
"Maintenant nous insistons pour que cette enquête préliminaire cesse, que des mises en examen soient prononcées et qu'une information judiciaire soit ouverte", a réclamé Me Mohamed Aachour, autre avocat de la famille.
"Nous avons la ferme intention de remonter la chaîne des responsabilités jusqu'au directeur général" des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), a-t-il ajouté.
Regrettant que la question du manque de moyens accordés à l'hôpital ne soit pas abordée, Me Aachour a insisté sur le fait que le rapport de l'Igas n'était qu'une "étape". "On ne me fera pas croire que l'hôpital n'était pas au courant des pratiques du Samu", a-t-il accusé.
Six mois après la mort le 29 décembre 2017 de Naomi Musenga, 22 ans, dont l'appel de détresse avait été raillé par une opératrice du Samu de Strasbourg, le rapport de l'Igas, publié mercredi, a pointé du doigt des dysfonctionnements. La démission du responsable du Samu de Strasbourg, présentée dès le mois de mai, a été acceptée, mais selon les avocats de la famille Musenga, il a surtout servi de "fusible".
Une procédure disciplinaire va également être engagée à l'encontre de l'assistante de régulation qui avait pris avec moquerie l'appel de la jeune femme et avait été suspendue début mai, ont indiqué les HUS.
Selon l'Igas, les dysfonctionnements soulevés ont entraîné "un retard global de prise en charge de près de 2h20" de la jeune mère d'un enfant de 18 mois, décédée finalement à l'hôpital plusieurs heures après son premier appel aux urgences.
Les inspecteurs de l'Igas n'avaient toutefois pas pour mission de déterminer les causes du décès, qui demeurent inconnues à ce jour. Une autopsie avait été pratiquée mais le corps présentait selon le rapport des signes de "putréfaction avancée".
"La justice doit continuer à faire son travail. (...) J'aimerais que des responsabilités à l'intérieur de l'hôpital soient assumées", a réclamé le père de Naomi, aux côtés de son épouse et de trois des frères et soeurs de la jeune femme.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait indiqué jeudi qu'il n'y aurait pas d'autres sanctions après le départ du responsable du Samu de Strasbourg.
"Si on ne fait pas l'effort de comprendre les causes de la mort de Naomi, il y aura d'autres jeunes qui mourront de la même façon, que la standardiste soit polie ou pas. Finalement si la standardiste n'avait pas été mal élevée, Naomi serait morte dans l'indifférence générale", a déclaré le Pr Christian Marescaux, aux côtés de la famille lors de la conférence de presse. Ce neurologue avait déjà dénoncé publiquement en 2014 des dysfonctionnements aux HUS dans la prise en charge des patients victimes d'AVC.

L'Opep s'entend sur une hausse de production pour "répondre" à la demande mondiale

AFP/Archives / Ryad KramdiL'Opep et ses partenaires se réunissent vendredi et samedi à Vienne, en Autriche
Les ministres de l'Opep sont convenus vendredi d'une hausse de la production de pétrole pour "répondre" à la demande mondiale dans un contexte de hausse des prix, comme le souhaitaient la Russie et l'Arabie saoudite, sous pression américaine.
"Nous nous sommes accordés autour du chiffre d'un million de barils que nous avions proposé", a affirmé le ministre saoudien Khaled al-Faleh à l'issue d'une réunion du cartel à Vienne. "Je pense que cela va contribuer de façon significative à répondre à la demande supplémentaire que nous prévoyons au second semestre", a-t-il ajouté.
L'objectif d'un million de barils par jour, qui concerne l'Opep et dix autres producteurs dont la Russie, n'est toutefois pas mentionné dans le texte signé par le cartel, qui doit encore se réunir avec ses partenaires samedi.
Les objectifs de limitation de production établis fin 2016 par l'Opep et ses partenaires, soit 24 producteurs de pétrole représentant plus de 50% de l'offre mondiale, ont contribué à un redécollage des prix, au plus bas il y a deux ans.
L'Arabie saoudite et la Russie estiment toutefois que la marché est aujourd'hui en risque de "surchauffe", alors que la demande s'accélère.
Ryad et ses alliés ont toutefois eu fort à faire pour convaincre l'Iran de donner son feu vert à une hausse de production alors que la République islamique est sous le coup de sanctions américaines qui compromettent ses capacités d'extraction et d'exportation.
Jeudi soir, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namar Zanganeh, avait quitté une réunion technique, affirmant qu'il n'y aurait "pas d'accord", l'unanimité étant requise pour les décisions de l'Opep.
- Réallocations -
Mais l'Arabie, premier exportateur mondial, a réussi à faire valoir que l'accord de 2016 laisse des marges de manoeuvre, ses plafonds n'étant pas tous atteints.
L'Opep demande ainsi désormais à ses membres de considérer les volumes de production de façon globale plutôt que de fixer des objectifs par pays, ouvrant notamment la voie à des réallocations de quotas d'un pays à l'autre.
"Tous les pays ne font pas les mêmes efforts de baisse de production, certaines baisses sont dues à des manques d'investissements", a reconnu Souhail al-Mazrouei, ministre de l'Energie des Emirats arabes unis dont le pays assure la présidence tournante de l'Opep, un propos visant notamment le Venezuela.
Le ministre iranien a assuré après la réunion que le consensus dégagé vendredi correspondait à ce qu'il avait "proposé et accepté", à savoir "respecter l'accord à 100%, rien de plus".
L'Opep se base sur le fait que l'accord initial, qui visait une réduction de 1,8 million de barils par jour, a mené à une baisse réelle de 2,8 millions.
Concrètement, les producteurs ayant les moyens d'augmenter leur production pourront désormais accélérer leurs extractions pour compenser les déficits virtuels des autres pays.
Meneur des pays non membres de l'Opep, Moscou est un fervent partisan d'une hausse de production alors que ses entreprises pétrolières privées ont de plus en plus de mal à justifier auprès de leurs actionnaires de retenir leurs extractions et de ne pas profiter pleinement des cours élevés.
- Injonction de Trump -
Certains analystes présents à la conférence de l'Opep ont toutefois déploré de ne pas voir de chiffres de hausse de production dans le communiqué final.
"Ils ne peuvent pas se permettre d'être aussi vagues qu'ils l'ont été aujourd'hui (vendredi)", s'est étonné Joe McMonigle, de chez Hedgeye.
Malgré ce flou, le cours du pétrole ont grimpé à l'annonce de la décision, de 2,08% à 74,67 dollars pour le Brent européen et de 2,99% à 67,50 dollars pour le WTI américain à 14H45 GMT.
"J'espère que l'Opep va augmenter son débit de manière significative. Il faut garder les prix bas !" a de son côté tweeté le président américain Donald Trump au moment où l'Organisation publiait sa décision, après avoir récemment accusé le cartel d'être responsable de la hausse du coût de l'essence aux Etats-Unis.
Téhéran avait répliqué en accusant Washington d'avoir "créé les difficultés du marché en multipliant les sanctions contre deux membres fondateurs de l'Opep", l'Iran et le Venezuela.
Depuis 2016, la baisse de production établie par l'Opep et de ses partenaires a fait rebondir les prix de l'or noir, brièvement passés sous les 30 dollars début 2016 avant de dépasser les 70 dollars au deuxième trimestre 2018.
L'Organisation, qui réunissait 14 pays, a par ailleurs annoncé vendredi l'arrivée d'un nouveau membre, la République du Congo.
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