Réunir les familles séparées à la frontière, une tâche titanesque aux Etats-Unis
AFP / Brendan SmialowskiDes personnes traversent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, le 20 juin 2018 à El Paso (Texas)
Les familles éclatées par les autorités américaines après leur franchissement illégal de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis devraient mettre du temps à être réunies après le revirement du président Donald Trump, des avocats dénonçant un chaos.
"Lorsque je parle avec les parents, ils ont le regard fixé dans le vide parce qu'ils ne peuvent tout simplement pas comprendre, ils ne peuvent accepter, ils ne peuvent croire qu'ils ignorent où se trouvent leurs enfants et que le gouvernement américain les leur a retirés", explique à l'AFP Jodi Goodwin, avocate spécialisée dans l'immigration au Texas.
"C'est incroyablement poignant et un mépris épouvantable des procédures", poursuit cette avocate du Centre des migrations pour les droits humains qui travaille bénévolement à la frontière depuis 1995.
Plus de 2.300 enfants ont été séparés de leurs parents entre le 5 mai et le 9 juin, selon les chiffres du gouvernement fédéral américain.
Ils ont été placés dans des centres par les garde-frontières américains après la décision de Donald Trump en avril d'appliquer une politique de "tolérance zéro" en matière d'immigration pour tenter de dissuader les candidats à l'exil aux Etats-Unis.
Mais la violente polémique qui a suivi la révélation de ces chiffres et les images de jeunes enfants, y compris des bébés, en pleurs dans des enclos grillagés a contraint le milliardaire républicain à rétropédaler mercredi par le biais d'un décret mettant fin aux séparations systématiques.
La crise humanitaire qui sévit depuis plusieurs semaines est pourtant loin d'être achevée. D'autant que si le dossier des parents n'est pas réglé dans les 72 heures, les enfants sont envoyés dans des centres du ministère de la Santé parfois jusqu'à New York, à des milliers de kilomètres de la frontière.
- Difficile à retracer -
"Le seul fait qu'il soit si difficile de suivre à la trace où se trouvent les parents et où se trouvent les enfants" empêche une résolution du problème du jour au lendemain, relève Mme Goodwin, citant l'exemple de six demandeurs d'asile ayant perdu la trace de leurs enfants depuis des semaines.
AFP / Brendan SmialowskiLe poste-frontière de El Paso (Texas), le 20 juin 2018
D'après elle, l'organisme ayant pris en charge les enfants ne dispose pas d'un système pour se synchroniser avec les autorités migratoires qui détiennent les parents et assurer ainsi une fluidité des informations.
"Le système est très désorganisé, chaotique", décrit l'avocate. "Tout le monde agit dans l'urgence pour tenter d'éteindre un incendie et que les choses continuent bon an, mal an à fonctionner".
Reste que les avocats rappellent que la séparation familiale à la frontière existe depuis plusieurs années, mais elle a pris une telle ampleur ces dernières semaines avec une application systématique.
Ils ont accueilli sans grand enthousiasme le décret de M. Trump car, selon eux, il ne fait qu'allumer un autre incendie en n'éliminant pas la détention arbitraire ni la détention des enfants.
"Séparer les enfants de leurs parents est atroce et révoltant, mais les placer en détention avec eux est aussi atroce et révoltant même s'ils sont détenus avec leurs parents", estime Andrea Guttin, directrice juridique de l'ONG de défense des immigrés Houston Immigration Legal Services Collaborative.
Elle ajoute que le décret ne mettra pas un terme à la séparation de grands-parents arrivés avec leurs petits-enfants, de fratries non accompagnées d'un adulte ou d'oncles venus avec leurs neveux, par exemple.
Un avis partagé par Barbara Hines, ancienne professeure de droit de l'université du Texas: "Je ne pense pas que le décret de Trump soit une solution à la crise que lui et le ministre de la Justice Jeff Sessions ont créée".
Elle dénonce également le traitement comme des criminels des demandeurs d'asile par les agents de protection de la frontière, les plaçant en détention et les séparant de leurs enfants en violation de la législation américaine et du droit international.
Syrie: des milliers de personnes fuient des bombardements du régime dans le sud
AFP/Archives / Mohamad ABAZEEDBombardements dans la province de Deraa, le 22 mai 2018 en Syrie
Plus de 12.000 Syriens ont fui au cours des trois derniers jours la province de Deraa (sud), contrôlée majoritairement par les rebelles et cible de bombardements du régime de Damas, a rapporté jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Pour la troisième journée consécutive, des milliers de Syriens ont fui plusieurs localités dans l'est de la province de Deraa, sur fond d'intensification des tirs d'artillerie et des raids aériens des forces loyalistes", a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Ils se dirigent vers des localités à l'abri des bombardements, qui sont proches de la frontière jordanienne", a-t-il ajouté.
Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU a indiqué de son côté que 2.500 personnes avaient fui, jusqu'à mercredi, l'une des localités situées dans l'est de la province de Deraa.
Selon l'agence officielle Sana, "l'artillerie de l'armée syrienne mène des frappes ciblées contre (...) la ville de Hirak, au nord-est de Deraa, et sur la ville de Basr al-Harir (...) pour y détruire des fortifications".
Deraa est située non loin du plateau du Golan syrien, dont une large partie est occupée par Israël depuis 1967.
Cette province est morcelée entre différents groupes rebelles, qui en contrôlent près de 70%, les forces du régime et le groupe Etat islamique, qui y maintient une présence marginale.
Berceau de la contestation en mars 2011, elle est dans le viseur du régime depuis la sécurisation, le mois dernier, par les forces loyalistes, de l'ensemble de la capitale et de ses environs, après l'éviction des derniers rebelles et jihadistes.
Des négociations impliquant plusieurs puissances régionales et internationales sont en cours pour déterminer le sort de cette province ainsi que celle voisine de Quneitra, dont une large partie est également sous contrôle rebelle.
Le président Bachar al-Assad a récemment assuré que l'option militaire était toujours sur la table, alors que des renforts militaires sont amassés aux abords de la province depuis des semaines.
Le régime de Damas a enchainé les victoires depuis l'intervention militaire de Moscou dans le conflit syrien en septembre 2015, et il contrôle désormais plus de 60% du territoire, selon l'OSDH.
La guerre en Syrie, entrée dans sa huitième année le 15 mars, a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
COPY https://www.afp.com/fr/
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