Brexit: à Londres, des dizaines de milliers de manifestants réclament un second vote Trump sous pression face à la confusion de sa politique migratoire

Brexit: à Londres, des dizaines de milliers de manifestants réclament un second vote

AFP /Des Britanniques manifestent le 23 juin 2018 à Londres pour demander un vote sur les conditions finales du retrait du Royaume-Uni de l'UE
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Londres pour demander un vote sur les conditions finales du retrait du Royaume-Uni de l'UE, actuellement négociées à Bruxelles entre les deux parties.
Deux ans jour pour jour après le référendum sur le Brexit, cette marche organisée par l'association The People's Vote (Le vote du peuple) marque le début d'une campagne d'actions qui doit durer tout l'été pour exiger une nouvelle consultation populaire.
"J'étais en larmes lors des résultats du référendum, ça laissait présager d'un avenir très sombre", a expliqué à l'AFP Chiara Liduori, une italienne installée à Londres, venue participer à la manifestation avec sa fille de 2 ans, et sa nièce de 14 ans. "C'est pour elles que je suis venue, elles vont grandir dans Europe différente, qui n'est pas celle que je connais, ni celle que je veux".
Sous un ciel bleu, une foule compacte a traversé le quartier des ministères, ne manquant pas de huer en passant devant Downing Street, résidence de la Première ministre conservatrice Theresa May.
Sur les pancartes s'affichaient de nombreux slogans contre la sortie de l'UE ou le gouvernement, notamment "Le Brexit détruit le Royaume-Uni", "Theresa, dis nous la vérité", ou encore "Le Brexit n'est pas une affaire conclue".
"Je suis vraiment favorable à ce qu'on laisse les gens s'exprimer une nouvelle fois, beaucoup ont changé d'avis, on comprend mieux les enjeux aujourd'hui", a confié Emily Hill, une infirmière de 55 ans, qui a fait deux heures de route depuis le comté de Gloucestershire (sud-ouest de l'Angleterre) pour participer à l'évènement.
"De nombreux électeurs ont exprimé un vote de contestation" lors du premier référendum, en 2016, estime-t-elle, brandissant un drapeau européen. "Certains ne soutiennent pas l'Europe, mais je ne pense pas que cela représente la majorité de l'opinion dans le pays".
- "Longue bataille" -
Dans un sondage de l'institut Survation pour la chaine ITV publié vendredi, 48% des personnes interrogées étaient favorable à un second référendum, 25% s'y opposaient, et 27% n'avaient pas d'opinion.
"Le débat sur le Brexit crée des tensions, et polarise encore davantage la société", regrette William Diaz, un journaliste de 52 ans, qui défile avec une pancarte "Je suis un citoyen européen". "C'est une question très compliquée, ce n'est pas une décision que l'on devrait prendre en votant par oui ou par non".
Il évoque également ses craintes des "conséquences économiques" que pourrait avoir la sortie du pays de l'UE, mentionnant les menaces formulées cette semaine par les dirigeants d'Airbus ou BMW de mettre fin à leurs activités au Royaume-Uni en cas de Brexit sans accord.
AFP / Niklas HALLE'NDes Britanniques manifestent le 23 juin 2018 à Londres pour demander un vote sur les conditions finales du retrait du Royaume-Uni de l'UE
A l'avant du cortège, le chef du Parti libéral-démocrate, Vince Cable, ou la députée conservatrice europhile Anna Soubry défilaient derrière une bannière demandant "un vote sur l'accord final du Brexit".
Vince Cable a défendu la légitimité d'une seconde consultation. "C'est courant dans certains pays, comme en Suisse, vous votez d'abord sur le principe, puis vous votez sur le résultat final", a-t-il exposé à l'AFP.
"C'est le début d'une longue bataille", a-t-il reconnu, "aujourd'hui nous envoyons un puissant message au gouvernement sur les inquiétudes générées par sa gestion du Brexit".
- "Brexit complet" -
Divisé sur le dossier, l'exécutif britannique n'a pas encore dévoilé sa vision de la relation qu'il souhaite mettre en place avec l'UE après le retrait, prévu le 29 mars 2019.
Favorable à une franche rupture, le ministre des affaires étrangères Boris Johnson a exigé un "Brexit complet" dans une tribune publiée samedi par le tabloïd The Sun. Il a mis en garde Theresa May sur la nécessité de refuser un accord qui laisserait le pays "a moitié dans et à moitié hors" de l'UE, "contraint d'obéir aux règles européennes".
Le ministre du Commerce international, Liam Fox, s'est lui montré encore plus explicite sur la possibilité de conclure un Brexit sans accord.
AFP / Gillian HANDYSIDECalendrier du Brexit
"Je pense qu'il ne serait pas prudent pour nos partenaires dans ces négociations de penser que notre Première ministre bluffe", a-t-il déclaré à la BBC. "Elle a toujours affirmé qu'aucun accord valait mieux qu'un mauvais accord".
A quelques jours d'un sommet européen à Bruxelles, l'inquiétude augmente quant à la progression des discussions, alors que d'importantes interrogations restent sans réponse, notamment la question de la frontière irlandaise. L'UE a même conseillé de se préparer à l'absence d'accord.

Trump sous pression face à la confusion de sa politique migratoire

AFP / Eric BARADATDes manifestants devant la Maison Blanche à l'appel de l'association pour les libertés civiles ACLU pour protester contre la séparation des familles à la frontière américano-mexicaine, le 22 juin 2018
Des élus démocrates visitant samedi un centre de détention de migrants au Texas ont dénoncé la politique de "tolérance zéro" de Donald Trump, qui fait face au casse-tête des familles séparées à la frontière et à l'afflux des nouveaux arrivants.
Après l'immense tollé déclenché par une politique inflexible qui, en quelques semaines, a séparé plus de 2.300 enfants de leurs parents entrés illégalement aux Etats-Unis, le gouvernement doit répondre au défi de réunifier ces familles.
Le locataire de la Maison Blanche multiplie les signaux contradictoires sur ce dossier explosif. Confronté aux critiques jusque dans son propre camp, le président américain a fait volte-face et signé mercredi un décret mettant fin aux séparations systématiques.
La plus grande confusion règne depuis sur le sort des enfants déjà arrachés à leurs parents. L'exécutif a procédé à un premier pas concret en créant une cellule spécialisée, chargée de s'attaquer à la question.
Quelque 25 élus du Congrès américain se sont de leur côté rendus au centre de détention pour migrants de McAllen dans l'Etat du Texas, à la frontière mexicaine.
"La raison pour laquelle je suis ici, c'est parce que Donald Trump a changé les politiques en traitant les familles d'une façon inhumaine", a tonné Mike Capuano, représentant du Massachusetts, lors d'une conférence de presse.
- Une politique "barbare" -
"Ces personnes, les enfants surtout, sont traumatisées. Et ça fait partie de la politique de tolérance zéro de l'administration Trump qui est, selon moi, barbare", a abondé l'élue démocrate de Californie Barbara Lee.
Pour son collègue de cet Etat de l'ouest américain, Mark Takano, il reste toujours beaucoup d'incertitudes sur le destin de ces familles, notamment de savoir si elles seront, ou non, à nouveau réunies.
La chaîne CNN, citant des responsables, affirme que 500 enfants ont déjà retrouvé leurs parents. Officiellement, les autorités restent floues sur les chiffres.
Le ministère américain de la Santé a créé vendredi une "cellule spécialisée dans le regroupement des enfants non accompagnés".
- "Cellule spécialisée" -
Selon le site Politico, cette cellule est confiée à un responsable des situations d'urgence, signe de l'ampleur de la tâche dévolue à l'Office de relocalisation des réfugiés.
"Le ministre (Alex) Azar mobilise toutes les ressources compétentes du ministère (de la Santé) pour aider au regroupement ou au placement d'enfants et d'adolescents étrangers non accompagnés chez un parent ou un hôte", a confié vendredi soir à Politico Evelyn Stauffer, porte-parole du ministère.
Contacté samedi par l'AFP, le ministère n'a pas immédiatement donné suite.
En attendant des actes vérifiables, la pression populaire restait forte aux Etats-Unis.
Des manifestations devaient se dérouler samedi en Californie notamment et 130 rassemblements sont annoncés pour samedi 30 juin.
A Washington, une manifestation est prévue ce jour-là sur le Square Lafayette, en face de la Maison Blanche.
- "Crise créée par son gouvernement" -
Les organisateurs du mouvement de protestation estiment que le décret de M. Trump ne règle pas "la crise créée par son gouvernement".
Donald Trump est pour sa part attendu samedi à Las Vegas, dans l'Etat du Nevada, où il devrait parler de "commerce et d'immigration avec des partisans", selon un message posté sur son compte Twitter.
Et le président américain de continuer à blâmer ses opposants politiques: "Les démocrates favorables aux frontières ouvertes (...) veulent juste que tout le monde soit relâché dans notre pays, peu importe à quel point ils sont dangereux", a-t-il estimé samedi dans son message présidentiel hebdomadaire.
Face au nouveau report du vote d'une réforme sur l'immigration, Donald Trump avait appelé vendredi les républicains à "arrêter de perdre leur temps sur l'immigration jusqu'à ce qu'on élise plus de sénateurs et de membres de la Chambre (républicains) en novembre", lors d'élections qui renouvelleront tous les sièges de la Chambre et un tiers de ceux du Sénat.
La marine américaine, elle, envisage d'ériger des camps sur des bases aériennes désaffectées pour détenir des dizaines de milliers de migrants supplémentaires dans les mois à venir, selon un document interne cité vendredi par le magazine Time.
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