La police britannique aurait identifié les empoisonneurs présumés des Skripal Israël: accusations de "racisme" après le vote d'une loi sur "l'Etat-nation juif"

La police britannique aurait identifié les empoisonneurs présumés des Skripal

AFP / NIKLAS HALLE'N Des policiers en faction le 8 juillet 2018 devant un foyer de sans-abri où vivait Dawn Sturgess à Salisbury dans le sud-ouest de l'Angleterre
La police britannique pense avoir identifié les suspects de l'empoisonnement au Novitchok de l'ex-agent double Sergueï Skripal et sa fille Ioulia comme étant des Russes, une avancée majeure dans cette enquête, rapportait jeudi l'agence Press Association (PA).
"Les enquêteurs pensent qu'ils ont identifié les suspects de l'attaque au Novitchok via des (caméras de surveillance)", dont ils ont comparé les images avec "les dossiers des personnes qui sont entrées dans le pays à cette époque", a déclaré une source proche du dossier citée par l'agence britannique. "Ils (les enquêteurs) sont sûrs qu'ils (les suspects) sont Russes", a-t-elle ajouté.
Interrogé par l'AFP, Scotland Yard s'est refusé à tout commentaire.
L'empoisonnement de l'ex-agent double russe et de sa fille, début mars à Salisbury (sud-ouest de l'Angleterre) au moyen du Novitchok, un puissant agent innervant issu d'un programme chimique soviétique, a été attribué par Londres à Moscou, qui nie toute implication.
L'affaire avait déclenché une crise diplomatique entre le Kremlin et les Occidentaux, et une vague d'expulsions croisées de diplomates.
Hospitalisés dans un état critique, Ioulia et Sergueï Skripal avaient pu sortir de l'hôpital après plusieurs semaines de soins.
Sergueï Skripal, ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe, avait été condamné en 2006 pour "haute trahison", accusé d'avoir vendu des informations aux Britanniques. Il avait bénéficié en 2010 d'un échange d'espions organisé entre Moscou, Londres et Washington, et s'était installé en Angleterre.
L'empoisonnement des Skripal a été suivi plus récemment de celui d'un couple de Britanniques à Amesbury, non loin de Salisbury. Ces deux personnes ont aussi été intoxiquées par du Novitchok, contenu dans une petite bouteille. Les enquêteurs tentent de déterminer si le poison provient du même lot que celui qui a contaminé les Skripal.
- Fouilles 'méticuleuses' -
POOL/AFP/Archives / DYLAN MARTINEZ Ioulia Skripal, qui avait été empoisonnée avec son père, l'ex-espion russe Sergueï Skripal, discute avec des médias à Londres le 23 mai 2018
Charlie Rowley, 45 ans, est toujours hospitalisé, dans un état "grave mais stable", après avoir été admis dans un état critique le 30 juin. Sa compagne, Dawn Sturgess, 44 ans, mère de trois enfants, n'a pas survécu à l'empoisonnement.
Selon l'agence PA, Mme Sturgess aurait pu être "exposée à au moins 10 fois la quantité d'agent neurotoxique avec laquelle les Skripal sont entrés en contact".
Le Novitchok était contenu dans une bouteille de parfum ramassée par Charlie Rowley, a affirmé sur la BBC le frère de ce dernier, Matthew Rowley, un fait qui n'a pas été confirmé à ce stade par la police.
A la demande de Londres, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a dépêché sur place une équipe pour "déterminer de manière indépendante la nature de la substance qui aurait entraîné la mort" de Dawn Sturgess, a indiqué mercredi l'organisation dans un communiqué.
"L'équipe de l'OIAC a prélevé des échantillons" qui doivent être analysés, a-t-elle ajouté.
Poursuivant ses investigations, la police a de son côté annoncé mercredi avoir entamé des recherches "méticuleuses" dans un parc de Salisbury, le Queen Elizabeth Gardens.
AFP / Le"Novitchok"
Parallèlement au travail de la police, une "enquête publique" doit être formellement ouverte jeudi dans la ville pour faire la lumière sur la mort de Dawn Sturgess. Au Royaume-Uni, le rôle de ce type d'enquête est d'établir des faits, mais pas de prononcer des condamnations.
Dans une interview à la chaîne américaine Fox News, le président russe Vladimir Poutine a encore réfuté lundi tout implication de la Russie. "Nous voudrions voir des preuves documentées, mais personne ne nous en donne", a-t-il affirmé.
"Nous ne voyons que les accusations infondées -- pourquoi est-ce fait de cette manière? Pourquoi nos relations devraient-elles se détériorer à cause de cela?", s'est-il interrogé.

Israël: accusations de "racisme" après le vote d'une loi sur "l'Etat-nation juif"

AFP/Archives / THOMAS COEX Vue générale du Parlement israélien, le 3 décembre 2014 à Jérusalem
Le Parlement d'Israël a adopté jeudi une loi définissant le pays comme "l'Etat-nation du peuple juif", un texte polémique qui suscite des accusations de "racisme" envers la minorité arabe, en dépit de l'amendement d'un article controversé.
La loi, adoptée par 62 voix contre 55, stipule notamment que l'hébreu devient la seule langue officielle d'Israël, alors que l'arabe avait auparavant un statut identique. Il déclare que les "implantations juives (sur le territoire israélien) relèvent de l'intérêt national" et proclame que Jérusalem est la capitale d'Israël, y compris la partie orientale de la ville annexée.
La loi labelle "l'Etat d'Israël comme l'Etat national du peuple juif où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique ainsi que son droit à l'autodétermination". L'article le plus controversé, qui évoquait la possibilité de créer des localités exclusivement réservées aux juifs, excluant les citoyens arabes israéliens, a en revanche été amendé.
Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne très majoritairement juive et se disent victimes de discriminations.
Le texte amendé affirme que "l'Etat considère que le développement des implantations juives relève de l'intérêt national et que l'Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt".
La formulation initiale avait suscité une vague de critiques, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l'Union européenne en Israël en raison de son caractère jugé discriminatoire.
- "Mort de notre démocratie" -
AFP/Archives / AHMAD GHARABLI Le député arabe israélien Ayman Odeh, le 6 mars 2017 à Jérusalem
La nouvelle formule, plus vague, a toutefois été également dénoncée avec force par l'opposition, notamment le député arabe Ayman Odeh, qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer "la mort de notre démocratie".
Un autre député arabe, Youssef Jabareen, a affirmé que cette loi encourageait "non seulement la discrimination, mais aussi le racisme, elle va perpétuer le statut d'infériorité des arabes en Israël", l'Etat hébreu agissant comme "un mouvement juif et colonial, qui poursuit la judéisation de la terre et continue à voler les droits de ses propriétaires".
La députée d'opposition travailliste, Shelly Yachimovich, a elle aussi affirmé à la radio militaire qu'il s'agissait d'une "loi à la fois superflue et raciste".
Cette loi est "dangereuse et raciste par excellence", a fustigé le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, sur son compte Twitter, affirmant qu'elle légalisait "officiellement l'apartheid".
Selon lui, le texte "dénie aux citoyens arabes leur droit à l'autodétermination qui n'est plus déterminé que par la population juive".
- "Moment d'Histoire" -
POOL/AFP/Archives / RONEN ZVULUN Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu durant la réunion hebdomadaire du gouvernement, le 15 juillet 2018 à Jérusalem
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est lui félicité du vote. "C'est un moment décisif dans l'histoire de l'Etat d'Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau", a-t-il proclamé.
Et, lors des débats, le député du Likoud --le parti de M. Netanyahu--, Avi Dichter, qui était le rapporteur de la loi, a lancé aux députés arabes: "vous n'étiez pas ici avant nous et vous ne resterez pas ici après nous. Nous avons fait passer cette loi fondamentale pour empêcher la moindre velléité ou tentative de transformer l'Etat d'Israël en une nation de tous ses citoyens".
La loi entre dans la catégorie des lois fondamentales qui font office de constitution en Israël.
Elle prévoit encore que le calendrier lunaire juif soit le calendrier officiel du pays.
A propos de la langue officielle, aucune loi n'ayant été votée à ce sujet depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, l'hébreu et l'arabe étaient jusqu'à présent tous les deux considérées comme des langues quasi-officielles, utilisées dans tous les documents étatiques.
Après le vote de la loi, l'arabe n'aura qu'un "statut spécial", qui n'est pas précisément défini.
La radio publique a souligné que sur les 120 députés, 45 parlementaires juifs d'opposition avaient voté contre la loi.
M. Netanyahu, qui avait fait de ce texte son cheval de bataille, voulait à tout prix qu'il soit voté avant la fin de la session d'été du Parlement.

 copiado  https://www.afp.com/fr

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