AFP / Thomas SAMSONLe Premier ministre Edouard Philippe (c) parle à la presse aux côtés du secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi, candidat aux législatives à Paris, le 26 mai 2017 à Paris
Le Premier ministre Edouard Philippe a renouvelé vendredi sa "confiance" à Richard Ferrand, après les révélations sur une affaire immobilière concernant sa compagne, laissant aux électeurs bretons le soin de décider du sort du ministre, candidat dans le Finistère.
Alors même que son gouvernement planche sur sa première loi, consacrée à la moralisation de la vie publique, M. Philippe a déclaré: "Richard Ferrand a ma confiance".
Selon lui, les électeurs de la circonscription de Carhaix-Plouguer "pourront dans deux semaines dire si, comme moi, ils ont confiance en Richard Ferrand".
"Ce sera le juge de paix, celui que personne ne peut dépasser en démocratie", a ajouté le Premier ministre, en marge d'un déplacement à Paris en soutien à son secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi, candidat aux législatives, dont l'adversaire socialiste Jean-Christophe Cambadélis avait demandé "solennellement" à l'exécutif de s'exprimer sur l'affaire Ferrand.
Selon le Canard Enchaîné, les Mutuelles de Bretagne dont Richard Ferrand était alors le directeur général avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins. L'entreprise avait choisi, entre trois propositions, celle d'une société immobilière appartenant à la compagne du ministre.
Une affaire qui touche un des plus proches d'Emmanuel Macron et "tombe mal", de l'aveu du porte-parole du gouvernement Christophe Castaner: "l'exemplarité" en politique était au coeur de sa campagne.
M. Cambadélis a dénoncé une affaire d'"enrichissement personnel", qui "est en train de devenir l'affaire principale de cette élection", comme le Penelopegate avait pesé sur toute la campagne présidentielle.
Au micro de BFMTV, le premier secrétaire du PS a prédit son déroulement: "Acte 1 : un journal satirique ou autre révèle une affaire. Acte 2 : l'homme politique dit +Il n'y a rien à voir, circulez+ Acte 3 : il y a l'explication la semaine suivante de cette affaire. Acte 4 : il démissionne".
- Pas "une affaire", mais un "débat" -
Mais le Premier ministre a tenté de minimiser la polémique, affirmant qu'il s’agissait juste d'un "débat".
"Il n'y a aucune procédure juridictionnelle en cours, il n'y a donc pas une affaire, il y a un débat. Ce débat, il est politique et il sera tranché par ceux qui sont les plus à même et les mieux à même de trancher les débats politiques, qui sont les électeurs et les citoyens français", a déclaré Edouard Philippe.
M. Castaner a souligné pour sa part que "si le parquet juge utile d'intervenir, il a toute la liberté de le faire".
Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde s'est lui "étonné" qu'aucune enquête n'ait été ouverte par le parquet : "ce qui me choque - je ne connais pas le fond du dossier, je ne sais pas s'il y a délit - c'est qu'il n'y ait même pas enquête, ne serait-ce que pour lui. Moi, à sa place, je demanderais au Parquet d'enquêter pour démontrer son innocence", a déclaré M. Lagarde sur RTL.
Une source proche du dossier avait fait savoir mercredi que le parquet national financier (PNF) n'est pas compétent "à ce stade" pour ouvrir une enquête, alors que le parti Les Républicains avait auparavant annoncé son intention de le saisir.
Pour M. Lagarde, "la situation dans laquelle (M. Ferrand) se met lui-même en disant +j'exclus totalement de démissionner+ fait qu'on pourrait continuer à nourrir le soupçon", alors que M. Ferrand a assuré jeudi que "pas une seconde" il n'a pensé à renoncer à son poste de ministre.
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée Olivier Faure a lui demandé sur BFMTV et RMC des "règles claires" sur la moralisation de la vie publique, faute de quoi le gouvernement s'expose à un "nouveau feuilleton", "désastreux" pour sa crédibilité.
L'affaire "démontre encore plus clairement et encore plus fortement la nécessité d'avoir des règles d'une très grande clarté afin de pouvoir les respecter de façon extrêmement stricte", pour que les responsables publics ne se placent pas "dans des situations qui seraient légales mais contestées", a admis Edouard Philippe.
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