Entre Corse et Sardaigne, l'Aquarius ravitaillé en mer par l'Italie Face à l'inexorable chute du peso, l'Argentine change le gouverneur de sa banque centrale

Entre Corse et Sardaigne, l'Aquarius ravitaillé en mer par l'Italie

AFP/Archives / LOUISA GOULIAMAKIPhoto d'archives du 6 mai 2018 du navire Aquarius de l'ONG SOS Méditérranée, qui porte secours aux migrants
Actuellement entre la Corse et la Sardaigne et en route vers le port espagnol de Valence, le navire humanitaire Aquarius a été ravitaillé en mer jeudi en fin de journée, par les garde-côtes italiens, a appris l'AFP auprès de l'ONG SOS Méditerranée.
"Un ravitaillement en mer a été fait, par des garde-côtes italiens venus de Sardaigne", a déclaré Laura Garrel, chargée de communication de l'ONG.
"Ils ont d'abord ravitaillé le Dattilo, le navire des garde-côtes italiens qui fait partie de la flottille avec l'Aquarius, et c'est le Dattilo qui a ravitaillé l'Aquarius", a-t-elle indiqué à l'AFP.
"Mais aucune escale n'est prévue en Corse", a-t-elle souligné, précisant avoir eu confirmation du ravitaillement par Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée, présent à bord de l'Aquarius.
Dans une vidéo depuis le bateau transmise via Whatsapp, Frédéric Penard a fait part de "l'indignation" des sauveteurs à bord de l'Aquarius.
"Ils ne comprennent pas pourquoi le bateau est là, à des centaines de milles de là où il devrait être (ndlr: au large des côtes libyennes), où il pourrait sauver des vies", a-t-il dit.
"Ils ne comprennent pas pourquoi ce périple inutile et dangereux (ndlr: vers Valence), qui va enlever de la zone de sauvetage l'Aquarius, un navire militaire italien et un navire des garde-côtes italiens, pendant au moins dix jours", a-t-il ajouté.
Sur les 630 migrants recueillis au large de la Libye par l'Aquarius, 106 sont toujours à bord du navire de SOS Méditerranée. Les autres ont été transbordés sur les deux navires italiens qui l'accompagnent vers Valence, 250 sur l'Orione et 274 sur le Dattilo, selon les chiffres de SOS Méditerranée.
Jeudi soir, les services du Premier ministre français Edouard Philippe ont indiqué à l'AFP que les autorités françaises feraient le nécessaire pour assurer la sécurité du bateau de SOS Méditerranée.
AFP / Paz PIZARROLe parcours de l'Aquarius vers l'Espagne
"L'Aquarius et deux navires d'Etat italiens qui l'accompagnent ont confirmé qu'ils font route vers l'Espagne", ont indiqué les services du Premier ministre. "Mais en raison des conditions météorologiques, ils doivent emprunter un trajet qui les fait passer au large de la Sardaigne, puis de la Corse".
"Nous ferons le nécessaire pour assurer la sécurité de leur navigation pendant le temps où ces navires se trouveront dans la zone de responsabilité française de secours maritime", ont-ils ajouté.
En début de soirée, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué que la France était prête à accueillir des passagers de l'Aquarius "qui répondraient aux critères du droit d'asile" après examen de leur situation en Espagne, où le navire est attendu durant le week-end.
L'Aquarius a été contraint de faire route vers Valence, où le nouveau gouvernement espagnol s'est déclaré prêt à l'accueillir, après que l'Italie et Malte lui eurent interdit l'accès à leurs ports.

Face à l'inexorable chute du peso, l'Argentine change le gouverneur de sa banque centrale

AFP/Archives / Eitan ABRAMOVICHLe ministre des Finances Luis Caputo a été nommé président de la banque centrale argentine
Malgré des mesures choc et un accord avec le Fonds Monétaire international (FMI) pour un nouveau plan d'austérité, le cours du peso poursuit son inexorable chute en Argentine, poussant le gouvernement à changer le gouverneur de la banque centrale (BCRA).
Selon un communiqué officiel du gouvernement, Federico Sturzenegger a présenté jeudi sa démission au chef de l'Etat, après une nouvelle chute du peso de 6% face au dollar, en une seule journée. Il cède sa place à la tête de la BCRA à l'actuel ministre de l'Economie Luis Caputo.
Les multiples traitements de choc - hausse considérable des taux d'intérêt et vente de réserves de devises - n'arrivent pas à enrayer la spirale de dépréciation qui frappe le peso, dont le cours a perdu 30% face au billet vert depuis avril.
Pour stabiliser son marché des changes, la troisième économie d'Amérique latine s'est donc résolue à appeler au secours le FMI.
Mais la confirmation d'un prêt de 50 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international à l'Argentine, n'a pour l'heure pas suffi à calmer les marchés.
Buenos Aires compte sur l'institution pour endiguer la crise de devises qui a fait tomber de 10 milliards de dollars les réserves de change de la banque centrale, à 49 milliards.
"Même avec l'accord conclu avec le FMI, l'offre de devises reste faible. Il faut le mettre en perspective dans un marché mondial avec des taux d'intérêt en hausse qui nous frappent car nous faisons partie des pays les plus vulnérables", regrette l'économiste Amilcar Collante du centre d'études économiques du Sud, dans le quotidien La Nacion.
- Inflation de 27%, croissance à 0,4% -
L'"accord de confirmation" (Stand-by agreement) passé avec le FMI, dont les modalités ont été dévoilées jeudi comprend une aide de 50 milliards de dollars, dont la première tranche de 15 milliards sera versée après le 20 juin et le feu vert définitif de l'institution.
La moitié de ce premier décaissement financera le déficit créé entre juillet et septembre et l'autre moitié doit permettre de renflouer les réserves de la banque centrale, précise le gouvernement.
Un "accord de confirmation" peut durer jusqu'à trois ans maximum mais il couvre le plus souvent une période de un à deux ans. Il doit être remboursé dans les trois à cinq ans suivant le déboursement.
Mais cet accord ne se fait pas sans contrepartie puisque le gouvernement argentin s'est engagé à atteindre l'équilibre fiscal et de ramener son déficit à zéro en 2020 en "réduisant les dépenses publiques pour les ramener à des niveaux adéquats et soutenables".
L'Argentine s'est néanmoins engagée à ne pas couper dans ses programmes d'aide sociale.
Le gouvernement compte éviter d'ajouter une crise sociale au marasme économique dans un pays qui garde un mauvais souvenir du FMI, nombre d'Argentins estimant que l'institution est en partie responsable de la crise économique de 2001 et du défaut de paiement qui s'en était suivi.
AFP / EITAN ABRAMOVICHManifestation de travailleurs de plusieurs secteurs se dirigeant vers la Place de Mai à Buenos Aires, le 14 juin 2018
La cure d'austérité s'accompagnera notamment d'une maîtrise des salaires qui risque d'accentuer le mécontentement croissant de la population.
En concluant ce pacte avec le FMI, le gouvernement a reconnu le risque de ralentissement de l'économie, sans parler de récession, et prévenu que l'inflation serait plus élevée que prévu.
Elle s'élèvera cette année à 27% - largement au-dessus de l'objectif de 10% initialement fixé par les autorités - et le gouvernement s'est fixé comme objectif de la faire redescendre à 17% pour 2019, 13% pour 2020 et 9% pour 2021.
Le gouvernement Macri s'est également dit "complètement engagé (à maintenir) un taux de change flexible déterminé par le marché" et à "limiter les ventes de de devises internationales aux périodes où il y a un clair dysfonctionnement du marché".
L'Argentine s'attend à une croissance comprise entre 0,4% et 1,4% en 2018, loin des 3,5% prévues.
"La volatilité des marchés financiers, la sécheresse qui a touché le secteur agricole et la montée des prix mondiaux de l'énergie affectent l'économie", pointe le gouvernement.

Salto, l'alliance inédite de France TV, TF1 et M6 pour contrer Netflix

AFP/Archives / KENZO TRIBOUILLARDLe logo de France Télévisions sur la façade de son siège, le 9 mai 2015 à Paris
France Télévisions, TF1 et M6 ont contre-attaqué vendredi face aux géants américains Netflix et Amazon, en annonçant une alliance inédite dans la vidéo en ligne et la création une plateforme commune, baptisée Salto.
"Avec Salto, les groupes France Télévisions, M6 et TF1 entendent proposer une réponse ambitieuse aux nouvelles attentes du public", ont annoncé les trois entreprises dans un communiqué.
Jeudi, des sources proches du dossier avaient indiqué que les conseils d'administration des trois groupes avaient donné leur onction à cette alliance inédite.
Les groupes français font valoir que cette plateforme en ligne, qui fonctionnera sur abonnement et sans engagement, offrira "une variété sans égal" de programmes.
Cette plateforme dite OTT (c'est-à-dire accessible via internet, sur ordinateur, tablettes ou smartphones, ou sur certains téléviseurs, tout comme Netflix ou Prime Video d'Amazon), "permettra de retrouver tous les meilleurs programmes de télévision (le direct et le rattrapage), mais aussi de découvrir des programmes inédits", disent ils.
A eux seuls, TF1 et France Télévisions représentent 75% de la création audiovisuelle en France. Et les partenaires se disent ouverts à ce que d'autres chaînes les rejoignent.
AFP/Archives / Martin BUREAULe siège du groupe de télévision M6 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, le 27 novembre 2017
La date de lancement et les tarifs n'ont pas été précisés, mais selon une source proche du dossier, ce nouveau service devrait afficher un abonnement de base inférieur à 5 euros par mois.
- Union sacrée -
La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, avait relancé en novembre l'idée d'une plateforme commune aux chaînes publiques et privées et plaidé pour l'émergence d'une "équipe de France de l'audiovisuel", capable de "devenir un champion européen qui pèse(rait) sur la scène mondiale".
"L'Union fait la force", a-t-elle souligné vendredi.
De telles alliances ont déjà été constituées aux Etats-Unis (Hulu) et au Royaume-Uni (Freeview).
Un projet de rapprochement avait échoué par le passé, notamment en 2015, mais M6 et TF1 s'étaient montrés ouverts ces derniers mois. Pour se donner le temps de nouer un accord, France Télévisions avait gelé en mars son propre projet de plateforme payante, attendu au printemps.
Le CSA a salué vendredi cette initiative, rappelant sur Twitter que son président, Olivier Schrameck, avait souhaité dès 2013 la constitution d'un "hulu à la française".
Lundi, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait à son tour encouragé l'audiovisuel public à "construire des alliances avec les chaînes privées pour permettre l'émergence d'un champion numérique de la diffusion des programmes français".
AFP/Archives / KENZO TRIBOUILLARDLe siège de la chaîne de télévision TF1 à Boulogne-Billancourt, le 9 juillet 2012
Il s'agit d'une démarche sans précédent pour ces groupes aux statuts différents (deux privés et un public), et qui se battent entre eux au quotidien pour capter les téléspectateurs.
Ils vont créer une société commune pour porter ce projet, qui devra être validé par l'Autorité de la concurrence.
Avec cette union sacrée, Delphine Ernotte et ses homologues Gilles Pélisson (TF1) et Nicolas de Tavernost (M6) prennent le taureau par les cornes, face à la concurrence fulgurante de Netflix et d'Amazon, les géants américains de la vidéo en ligne.
Il y a péril en la demeure : Netflix, présent depuis seulement quatre ans dans l'Hexagone, y compterait désormais 3,5 millions d'abonnés, selon Libération, soit plus qu'OCS, le bouquet payant d'Orange.
Au rythme auquel il croît (100.000 clients par mois selon le quotidien), l'ogre Netflix semble en mesure de s'imposer tôt ou tard comme le numéro 1 de la télévision payante en France, devant Canal+ et ses 4,9 millions d'abonnés. La filiale de Vivendi peine elle-même à relancer ses recrutements, et vient en outre de perdre les droits de la Ligue 1 de football à partir de 2020.
En s'alliant, TF1, M6 et France TV pourront aussi mutualiser leurs investissements technologiques, et tenter de concevoir une interface intuitive et fluide pour Salto, alors que pour l'heure, leurs plateformes gratuites MyTF1, 6Play et france.tv (qui coexisteront avec Salto) font pâle figure sur ce plan face à Netflix.










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