La France n'en a pas fini avec les orages "diluviens" Pas de big-bang mais une chaîne en moins : la réforme de l'audiovisuel est lancée

La France n'en a pas fini avec les orages "diluviens"

AFP / LAURENT DARDQuartier inondé à Adé près de Tarbes, le 3 juin 2018
Atmosphère électrique, trombes d'eau et risque d'inondations-éclair: la France n'en a pas fini avec des orages qui s'accrochent et peuvent de nouveau s'annoncer "diluviens".
Dix-sept départements étaient placés en vigilance orange lundi, dans le nord-ouest et le nord-est, où "d'intenses précipitations" sont attendues jusque dans la nuit. Météo-France a ajouté l'Yonne à sa liste lundi après-midi.
Rare zone jusqu'ici épargnée, le Finistère a été particulièrement touché dimanche, notamment Morlaix et des communes environnantes, où les dégâts se sont concentrés.
Depuis la mi-mai "la vague orageuse a concerné toutes les régions, un peu moins les plages bretonnes ou normandes, mais ce week-end elles se sont malheureusement +bien rattrapées+", note le prévisionniste Etienne Kapikian.
AFP / Fred TANNEAUUne rue inondée à Morlaix, le 4 juin 2018
Dans la région de Morlaix, les pompiers ont reçu 250 appels entre 16H00 et 19H00 dimanche, surtout pour des caves et commerces inondés. Mais il n'y pas eu de blessés, selon eux.
La maire de Morlaix a assuré lundi après-midi que la situation était "sous contrôle", estimant que la vie économique locale pourrait reprendre son cours mercredi.
Lundi les rues étaient dégagées par les agents de la ville aidés de nombreux bénévoles. "On est un peu dépassé par les événements. C'est tout l'outil de travail qui est perdu", disait Pascal Tisserand, gérant d'un Carrefour Market ravagé par l'eau et la boue. En cause, l'équivalent d'un mois de pluie tombé en une demi-heure.
Après une accalmie temporaire, les orages revenaient lundi après-midi, cette fois sur le Nord-Ouest et notamment la Normandie, avant de frapper le Nord-Est, prévient Météo-France. Quelque 80 mm d'eau en moins de 3 heures sont possibles, avec "une forte activité électrique" et même de la grêle.
Entre les deux poches nord-ouest et nord-est, l'Ile-de-France pourra aussi connaître des épisodes violents localement.
- Caves et rues inondées -
Lundi après-midi, un orage a touché le nord de Tarbes (Hautes-Pyrénées) durant 30 à 45 minutes provoquant des inondations de rues et de caves, a-t-on appris auprès des pompiers. Selon Météo65, il est tombé un peu plus de 30mm d'eau en quelques 30 minutes.
Un orage a aussi touché le secteur de Montréjeau (Haute-Garonne), à l'est de Tarbes, nécessitant une quinzaine d'interventions des pompiers pour des caves et des rues inondées.
Ce mois de mai aura été "exceptionnellement foudroyé", avec 182.000 impacts relevés au sol, doublant quasiment le précédent record (datant de mai 2009), relève Météo-France à l'heure du bilan mensuel.
"Et on ne voit pas d'accalmie particulière", poursuit Etienne Kapikian, qui décrit "une situation de blocage" avec de hautes pressions accrochées sur le nord de l'Europe et de basses pressions sur le sud, du côté de la péninsule ibérique.
La situation, qui dure depuis début mai et s'est encore renforcée en milieu de mois, s'est notamment nourrie de températures plus élevées, en particulier au nord.
"On a des anomalies chaudes un peu partout en Europe", explique l'expert de Météo-France. "L'Allemagne par exemple a eu un mois de mai exceptionnellement chaud. La France a bénéficié de flux (de chaleur) continentaux et de secteur sud, qui tournaient facilement à l'orage" car l'atmosphère était humide.
Nationalement la température a ainsi été d'1,3°C au-dessus de la normale (par rapport à la période 1981-2010), bien que loin du record absolu (11e mois de mai le plus chaud depuis 1900).
Une anomalie encore plus marquée au nord de la Seine: +2°C par rapport à la normale. Ce mois a été le plus chaud depuis 1917 sur le nord-est. En revanche les régions proches de l'Espagne ont connu un mai proche des moyennes, "voire presque frais" sur les Pyrénées.
Côté pluviométrie aussi, le bilan est excédentaire par rapport à un mois de mai moyen, mais seulement de 11% à l'échelle nationale, souligne Météo-France.
Le feuilleton orageux devrait se poursuivre toute la semaine encore, week-end prochain inclus.
De petites dépressions d'altitude circulent et vont venir réactiver les orages, "sans que l'on puisse encore être précis" sur leur localisation.

Pas de big-bang mais une chaîne en moins : la réforme de l'audiovisuel est lancée

AFP / FRANCOIS GUILLOTLa ministre de la Culture Françoise Nyssen lors d'une conférence de presse le 4 juin 2018 à Paris
Renforcement des programmes régionaux, basculement de France 4 en numérique... La ministre de la Culture Françoise Nyssen a présenté lundi ses premières pistes pour réformer l'audiovisuel public, des annonces sans grande surprise qui ont suscité l'inquiétude de syndicats et organisations du secteur.
"L'audiovisuel public doit dicter le tempo, prendre des risques, oser", a lancé la ministre devant les patrons de France Télévisions, Radio France, Arte France, France Médias Monde, TV5 Monde et l'Ina, les six groupes de l'audiovisuel public.
Le premier volet de cette réforme, dont le but est notamment de mieux répondre à l'évolution des usages des téléspectateurs (SVOD, programmes à la demande...), se concentre sur le numérique "qui doit redoubler d'ambition", avec "un investissement supplémentaire de 150 millions d'euros d'ici 2022" puis "de 100 à 150 millions d'euros par an après 2022".
Cet effort se fera par un "redéploiement des moyens" et la mise en commun des projets, sachant que selon la presse, l'effort d'économies demandé au secteur oscillerait entre 250 et 500 millions d'euros d'ici 2022.
Sans donner de chiffres précis, l'entourage du ministère a indiqué qu'"un cadrage budgétaire avait été donné aux sociétés et qu'il serait communiqué dans les prochains jours".
Côté offres, dès mercredi, les groupes vont lancer une nouvelle plateforme de décryptage des fausses nouvelles hébergée sur le site de franceinfo. Puis une plateforme commune autour de la culture verra le jour fin juin, puis cet automne une offre d'éducation grand public (à destination des élèves, étudiants et enseignants) qui s'appuiera sur le site d'Arte Educ'Arte.
- Trois fois plus de régional -
Le plus ambitieux des projets communs est le lancement d'un média jeunesse pour tenter de reconquérir une tranche d'âge qui se détourne des médias traditionnels. "Nous allons bâtir un champion industriel du numérique pour reconquérir le jeune public", a assuré la ministre.
France Télévisions devra libérer "au moins le canal hertzien" de sa chaîne jeunesse France 4, qui basculera sur le numérique à une date non précisée.
Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, a précisé que l'offre pour enfants serait refondue autour "d'une marque unique", "une offre délinéarisée" (à la demande, ndlr) et "sans publicité", avec des programmes pour enfants maintenus sur les autres chaînes.
"Il ne s'agit plus aujourd'hui d'ajuster notre modèle à la marge" mais de le "refonder radicalement", a estimé la dirigeante rappelant qu'il fallait "moins peser sur les dépenses publiques", alors que son groupe devra réaliser le plus gros des économies.
Une réflexion sur un éventuel basculement au tout-numérique de France Ô, chaîne de France Télévisions dédiée aux outremers, va également être lancée. "Il n'y a pas de disparition programmée" de France Ô, a cependant assuré la ministre des Outre-mer Annick Girardin, estimant que la chaîne devait "être préservée".
"Supprimer des chaînes comme France 4 ou France Ô, c'est limiter la production audiovisuelle indépendante, supprimer des emplois dans le secteur des films d'animation", a regretté le syndicat FO de France TV. La CGT dénonce de son côté "une réduction du périmètre du bouquet public que n'avait encore pas osé le pouvoir politique".
Les députées communistes Marie-George Buffet et Elsa Faucillon ont promis qu'elles mèneraient "le combat à l'Assemblée pour contrer ce vaste plan social afin de défendre la pluralité et la qualité de l'information".
France 3, qui diffuse actuellement deux heures de décrochages régionaux par jour, devra se recentrer sur la proximité et "tripler" ses programmes régionaux, et combiner ses forces avec les stations locales de Radio France. Des matinales communes France Bleu/France 3 seront testées dans deux régions à la rentrée, a indiqué la patronne de Radio France, Sibyle Veil.
Les questions de gouvernance, de financement et ce qui concerne la régulation du secteur (transposition de la directive européenne SMA) feront l'objet de lois courant 2019.
Entre temps, une mission de concertation dirigée par Catherine Smadja, ex-haut cadre de la BBC, devra approfondir les chantiers présentés lundi avec des premières conclusions mi-juillet.
Pour la société d'auteurs SACD, la "suppression de France 4 est un signal aussi inquiétant qu'inédit" et les annonces concernant la création sont "salutaires mais minimales".
Les annonces de lundi, "certes importantes et portées par des engagements forts, ne constituent pas la réforme d’ampleur à laquelle les professionnels s'attendaient", a regretté la Scam (Société civile des auteurs multimedia).

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