Syrie: intensément bombardés, les rebelles du sud reprennent les négociations Migrants: Merkel et Orban s'opposent sur les "valeurs" de l'Europe Jonathann Daval montre une personnalité difficile à cerner

Syrie: intensément bombardés, les rebelles du sud reprennent les négociations

AFP / Mohamad ABAZEEDDe la fumée s'élève au-dessus des zones contrôlées par les rebelles dans la ville de Deraa, lors de frappes aériennes menées par les forces du régime syrien, le 5 juillet 2018
Les rebelles dans le sud de la Syrie, qui ont subi jeudi un déluge de feu sans précédent de la part du régime dans cette région, ont annoncé en soirée un retour aux négociations avec les Russes qui veulent les convaincre de rendre leurs armes.
Toute la nuit et pendant la journée de jeudi, des "centaines" de missiles et de barils d'explosifs ont été lancés par l'aviation syrienne et celle de son allié russe sur les zones rebelles du sud, notamment près de la ville de Deraa, chef-lieu de la province du même nom, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Il s'agit de la nuit (...) la plus violente depuis le début de l'offensive barbare du régime syrien et des forces d'occupation russes", a écrit sur Twitter le militant Omar al-Hariri, dans la ville de Deraa.
Bahaa Mahameed, un médecin travaillant dans l'ouest de la province de Deraa, a déclaré que de nombreux civils blessés avaient été transportés dans sa clinique. "Nous ne pouvons même pas trouvé d'endroit sûr pour eux", a-t-il dit.
"Les bombardements n'ont pas cessé un seul instant", a déclaré à l'AFP Samer Homsi, 47 ans, qui a fui la ville de Deraa avec sa femme et ses quatre enfants.
Acculés, les rebelles n'ont ainsi eu d'autre choix que de reprendre des négociations entamées la semaine dernière et dont ils avaient annoncé l'échec mercredi.
- "Enfer" -
"Les pourparlers vont reprendre", a déclaré à l'AFP un porte-parole des rebelles, Hussein Abazeed.
"Nous nous sommes mis d'accord sur une cessation des hostilités immédiate des deux côtés pour avoir un nouveau round de négociations. Nous demandons de réelles garanties et le parrainage de l'ONU pour les négociations", a indiqué de son côté dans un communiqué le commandement rebelle.
Dans le même temps, l'OSDH a indiqué que les raids s'étaient arrêtés dans le sud après 24 heures de bombardements.
Selon un correspondant de l'AFP qui se trouvait à l'entrée de la ville de Deraa, le pilonnage de jeudi a été le plus violent depuis le début le 19 juin de l'assaut lancé par le régime pour reprendre la totalité de la province, qui borde la Jordanie et le plateau du Golan en majeure partie occupé par Israël.
Six civils, dont une femme et quatre enfants, ont péri à Saida dans l'ouest de la province, selon l'ONG, ce qui porte à 149 le nombre de civils, dont 30 enfants, tués depuis le 19 juin. La ville de Saida été ensuite reprise par le régime selon les médias officiels et l'OSDH.
AFP / Youssef KARWASHANUn civil syrien passe devant un cratère causé par un obus après que les forces gouvernementales syriennes ont repris le village de Ghariyah ash Sharqiyah aux rebelles, dans la province de Deraa, le 4 juillet 2018
Pour la première fois depuis plus de trois ans, les forces du régime ont réussi jeudi à atteindre la frontière jordanienne dans la province de Deraa, selon l'OSDH.
Les rebelles ont laissé aux forces du régime une large bande frontalière, d'environ 275 km2, a précisé M. Abdel Rahmane.
Mais le principal poste-frontière de Nassib est toujours entre leurs mains, a-t-il dit.
Les bombardements dans le sud syrien avaient repris mercredi après l'échec des négociations avec des représentants russes qui cherchent, au nom du régime, à convaincre les insurgés de rendre les armes.
Après avoir repris de larges pans du territoire grâce au soutien militaire de l'allié russe, le régime a désormais dans son viseur les provinces méridionales de Deraa et Qouneitra.
Dans ses reconquêtes, le pouvoir a adopté une stratégie alliant bombardements meurtriers et négociations pour des accords dits de "réconciliation" qui s'apparentent à une capitulation.
Plus de 30 localités de la province de Deraa sont passées sous contrôle du régime en vertu de ces accords, outre celles reprises par la force, permettant à ce dernier d'avoir la main sur plus de 60% de la province.
- Réunion de l'ONU -
Mercredi, les Russes avaient insisté pour que les rebelles rendent en une seule fois l'artillerie lourde et refusé d'accorder des passages sûrs aux insurgés et civils pour se rendre vers d'autres régions rebelles.
Depuis 2011, toutes les initiatives internationales visant à trouver une solution au conflit en Syrie qui a fait plus de 350.000 morts ont échoué.
AFP / Omar KAMALSyrie : offensive du régime dans le sud
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion d'urgence pour discuter de la situation dans le sud, où les violences ont poussé quelque 330.000 personnes à la fuite depuis le 19 juin selon les Nations unies.
D'après le Comité international de secours (CIS), les familles déplacées doivent lutter contre des températures très élevées, jusqu'à 45°, des vents du désert, des scorpions et serpents.
Certains déplacés ont trouvé refuge près des frontières jordanienne et israélienne, où ils vivent dans un dénuement total. Des cas d'enfants souffrant de diarrhée ont été rapportés, selon le CIS.
Ni la Jordanie ni Israël ne veut accueillir les déplacés et, face au risque d'une crise humanitaire, l'organisation Human Rights Watch a appelé les deux pays à ouvrir leurs frontières.

Migrants: Merkel et Orban s'opposent sur les "valeurs" de l'Europe

AFP / Omer MESSINGERAngela Merkel serre la main du Premier ministre hongrois Viktor Orban pendant une conférence de presse commune le 5 juillet 2018 à Berlin
Angela Merkel a affiché clairement ses désaccords jeudi avec Viktor Orban sur les migrants en plaidant pour un devoir "d'humanité", au moment où elle est accusée d'avoir cédé aux tenants de la ligne dure en Europe.
"Nous allons protéger nos frontières extérieures" dans l'UE "mais pas avec l'objectif de ne nous enfermer et de ne plus parler que de fermeture et d'une sorte de forteresse", a déclaré à la presse la chancelière allemande en recevant son homologue hongrois, pour la première fois en trois ans. Elle a parlé de "divergences" sur le sujet avec lui.
"L'humanité, c'est l'âme de l'Europe et cette âme, si nous voulons la conserver (...), alors l'Europe ne peut tout simplement pas se couper de la détresse et de la souffrance" en se retranchant dans une "forteresse", a ajouté Mme Merkel.
Elle s'adressait en cela à la fois à M. Orban à son côté, avec qui elle été souvent en conflit depuis 2015 sur les migrants, mais aussi à ceux qui aujourd'hui l'accusent d'avoir définitivement renoncé à sa politique généreuse d'accueil des réfugiés et de s'être ralliée sous la contrainte aux positions des partisans de la fermeté en Europe.
- Importation du 'mal' -
Viktor Orban n'a guère apprécié la leçon. "Nous pensons qu'on aide de façon humanitaire en ne produisant pas d'appel d'air" migratoire, lui a-t-il rétorqué.
Pour lui "la seule solution" est de "fermer les frontières et "de ne pas faire entrer ceux qui apportent le mal" en Europe. "Nous ne voulons pas importer de problèmes", a-t-il ajouté à l'adresse de la chancelière.
Et il a invité Berlin à se montrer plus reconnaissant envers la Hongrie qui surveille strictement sa frontière méridionale avec la Croatie et la Serbie, car "autrement, 4.000 à 5.000 réfugiés arriveraient en Allemagne chaque jour. "CA, c'est la solidarité".
Les deux dirigeants ont longtemps incarné au niveau européen des pôles opposés en matière de politique d'asile : volonté d'accueil d'un côté, refus intransigeant de l'immigration de l'autre au nom des valeurs chrétiennes de l'Europe.
Mais en dépit des échanges vifs jeudi à Berlin, l'Allemagne a depuis 2015 mis de l'eau dans son vin et durci progressivement sa politique migratoire pour se rapprocher de facto des tenants d'une ligne dure.
La ligne dure de M. Orban sur l'immigration est désormais majoritaire en Europe depuis l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en Autriche ou en Italie, et par ses percées dans d'autres pays comme l'Allemagne.
Dans une récente interview, la chancelière a même rendu hommage du bout des lèvres au Premier ministre hongrois, qui "d'une certaine façon, a fait le travail pour nous" avec ses contrôles très stricts. Alors qu'elle 2016 elle le critiquait encore pour avoir fermé la "route des Balkans", par où venaient la plupart des migrants depuis la Grèce vers le Nord de l'Europe.
Le sommet européen consacré la semaine dernière aux migrations, qualifié "d'immense succès" par M. Orban, a constitué une forme de consécration pour ses thèses : l'Europe y a mis l'accent sur le renforcement des contrôles aux frontières.
- 'Orbanisation' de Mme Merkel-
Dans le même temps, Mme Merkel a dû définitivement enterrer son projet de quotas de répartition des demandeurs d’asile dans l'UE, notamment face à l'opposition des pays d'Europe centrale et de l'Est.
"C'est (Orban) qui dicte ses conditions" à la chancelière, analysait récemment le magazine allemand Der Spiegel qui parle d'"orbanisation" de Mme Merkel.
Cette dernière a dû cette semaine définitivement enterrer à sa politique d'accueil généreuse lancée en 2015, sous la pression de l'aile droite de sa coalition gouvernementale qui menaçait sinon de claquer la porte.
La chancelière a accepté que les migrants déjà enregistrés dans d'autres pays de l'UE soient placés dans des centres de transit à la frontière allemande puis expulsés vers l'Etat d'entrée dans l'UE, moyennant des accords bilatéraux avec les pays concernés.
Elle a dû céder à son ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, qui désormais s'efforce de négocier avec l'Autriche et l'Italie la mise en musique de plan, ce qui s'annonce comme une tâche très compliquée.

Jonathann Daval montre une personnalité difficile à cerner

AFP / SEBASTIEN BOZONL'avocat de Jonathann Daval Randall Schwerdorffer au tribunal de Besançon, le 4 juillet 2018
Huit mois après la mort d'Alexia Daval, les dernières déclarations de son mari Jonathann, revenu sur ses aveux après avoir reconnu être l'auteur du meurtre de son épouse, révèlent une personnalité difficile à cerner.
Après le coup de théâtre marqué par les récentes déclarations de Jonathann Daval devant le juge d'instruction à Besançon, dont la teneur a été révélée mercredi, l'avocat des parents d'Alexia, Me Jean-Marc Florand, s'est interrogé sur "la santé mentale" du suspect.
L'informaticien de 34 ans est revenu la semaine dernière sur ses aveux, niant être l'auteur du meurtre et accusant - contre toute attente - son beau-frère, Grégory Gay.
Il l'accuse d'avoir étranglé Alexia en tentant de la maîtriser lors d'une crise d'hystérie au domicile des parents de la jeune femme de 29 ans, dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, selon une source proche de l'enquête.
Les Daval y dînaient en compagnie de la soeur d'Alexia, Stéphanie, et de son mari, Grégory Gay.
Mais l'avocat de la famille s'est montré très réservé face à ces "nouvelles déclarations".
Après la mort d'Alexia, "toute la France a vu un Jonathann Daval effondré, en larmes, écrasé par le poids de la douleur (...) Puis, grande surprise, la France a vu avec stupeur un Jonathann Daval qui s'accusait du meurtre", a souligné Me Florand devant la presse.
"Maintenant, on a un nouveau Jonathann Daval, une nouvelle version, un Jonathann Daval totalement étranger (...) qui ne serait plus l'auteur, il y aurait cette fois-ci d'autres personnes responsables du meurtre", a ajouté l'avocat d'Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, parents de la victime.
- Capable de "manipulation" -
AFP/Archives / SEBASTIEN BOZONJonathann Daval lors de la marche en hommage à Alexia Daval à Gray près de Besançon, le 5 novembre 2017
M. Daval "a enfilé plusieurs costumes. Où est la vérité, je n'en sais rien !", a martelé l'avocat. "La crédibilité de Jonathann Daval est sujette à caution (...) Rien ne colle à l'objectivité du dossier" et des rapports d'autopsie, a-t-il dit, ajoutant: "Ce dossier est dans l'impasse".
"Ma conviction profonde, c'est qu'Alexia a été tuée par une ou deux personnes avec une dose de rage considérable", a dit l'avocat.
"Ce garçon connaît parfaitement la vérité de A à Z. Je ne connais pas son rôle mais il sera dans le générique du film", a affirmé Me Florand, qui dit attendre "avec une grande impatience ce que diront les rapports d'expertise" pour éclairer le dossier.
De premiers éléments concernant la personnalité du suspect, basés sur une première expertise psychiatrique de Jonathann Daval, font état d'un homme aux "traits pervers", capable de "manipulation", a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.
Son avocat, Randall Schwerdorffer s'est agacé de ces fuites, dénonçant une "violation du secret de l'instruction", destinée à "décrédibiliser la parole" de son client.
"Le problème, c'est qu'il est fait état de conclusions qui sont partiellement erronées et incomplètes, d'une expertise qui n'est pas définitive et qui peut faire l'objet d'une demande de contre-expertise", a-t-il dit.
Pour l'heure, Me Jérôme Pichoff, autre avocat de l'informaticien, estime que "des investigations sont à faire pour vérifier" si les déclarations de Jonathann Daval "sont crédibles".
"Nous verrons à l’issue de l’instruction, et non pas aujourd’hui, s'il y a un fond de vérité dans ces déclarations", a-t-il souligné.
"Il n'y aura peut-être rien de vrai, peut-être une petite part de vérité, ou peut-être que tout sera vrai", a ajouté le conseil.
Les deux avocats de Jonathann Daval ont annoncé qu'il feraient "des demandes d’actes supplémentaires auprès du juge d'instruction.
Jonathann Daval, mis en examen en janvier pour "meurtre sur conjoint" et qui encourt la prison à perpétuité, est actuellement pris en charge au service médico-psychologique régional (SMPR) de la maison d'arrêt de Dijon.
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