Barrage de roquettes palestiniennes, frappes israéliennes: nouvel accès de fièvre à Gaza
AFP / MAHMUD HAMSDes bombes éclairantes lancées par des avions de guerre israéliens sur la bande de Gaza le 12 novembre 2018
La bande de Gaza a connu une nouvelle poussée de fièvre lundi, l'armée israélienne ripostant lourdement à un barrage de dizaines de roquettes palestiniennes lors d'hostilités ravivant le spectre d'un nouveau conflit dans l'enclave.
Trois Palestiniens ont été tués par les frappes israéliennes en réponse aux tirs de roquettes palestiniennes qui ont fait une dizaine de blessés israéliens. Dans la soirée, l'aviation israélienne a détruit le bâtiment d'Al-Aqsa TV, la chaîne du mouvement islamiste Hamas.
Ces hostilités surviennent après des mois de tensions faisant redouter une quatrième guerre en dix ans entre Israël et le Hamas qui gouverne sans partage l'enclave palestinienne sous blocus, coincée entre l'Etat hébreu, l'Egypte et la Méditerranée.
Rien ne permettait de dire lundi soir si ces tensions, comme de précédents épisodes, allaient retomber ou donner lieu à une escalade faisant avorter les efforts déployés depuis des semaines pour parer une nouvelle confrontation.
L'armée israélienne et la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, ont échangé les mises en garde musclées. Les sirènes d'alerte ont continué à retentir toute la soirée dans les localités israéliennes riveraines de la bande de Gaza, précipitant ou maintenant les résidents dans les abris.
L'envoyé spécial de l'ONU Nickolay Mladenov a dit continuer à travailler avec l'Egypte voisine pour éloigner Gaza des "bords de l'abîme". "L'escalade des dernières 24 heures est extrêmement dangereuse et inconsidérée", a-t-il tweeté.
L'armée israélienne a indiqué avoir dénombré environ 300 tirs en provenance de Gaza en l'espace de quelques heures, dont plusieurs dizaines ont été interceptés selon elle par le système de défense anti-missiles.
Neuf Israéliens ont été légèrement blessés, selon les secours.
AFP / MAHMUD HAMSFunérailles le 12 novembre 2018, à Khan Younès, de trois des 7 Palestiniens tués lors d'une opération nocturne des forces spéciales israéliennes dans la bande de Gaza
La plupart des roquettes sont retombées dans des zones inhabitées, a indiqué l'armée israélienne, mais deux maisons à Ashkélon et Netivot, non loin de Gaza, ont été directement touchées.
Un soldat israélien a été gravement blessé par un tir de missile antichar contre un car stationné près du kibboutz de Kfar Aza, non loin de la bande de Gaza au nord, a indiqué l'armée. Les secours l'ont décrit comme un jeune de 19 ans se trouvant dans un état critique.
C'est cette attaque et la réponse israélienne qui semble avoir à nouveau enclenché l'engrenage militaire.
- Incursion -
En représailles à cette attaque et aux tirs de roquettes, "les avions de combat, les hélicoptères d'attaque et les chars de l'armée israélienne ont pris pour cible plus de 70 positions militaires du Hamas et du Jihad islamique (deuxième force islamiste palestinienne) à travers la bande de Gaza", a indiqué l'armée.
Trois Palestiniens ont été tués par les frappes, deux dans le nord et un dans le sud de la bande de Gaza, a rapporté le ministère gazaoui de la Santé, qui a fait état de neuf blessés.
AFP / Menahem KAHANAUn car en feu le 12 novembre 2018 en Israël, à proximité de la bande de Gaza, après avoir été touché par une roquette tirée de l'enclave palestinienne
La bande de Gaza et ses alentours sont en proie depuis fin mars aux tensions entre Israël, le Hamas et ses alliés, qui ont culminé à de nombreuses reprises dans des flambées de violences jusqu'alors retombées au bout de quelques heures.
Un tel accès s'est à nouveau produit dimanche, lors d'une incursion à hauts risques des forces spéciales israéliennes qui a apparemment mal tourné.
Israël a parlé sans plus de précision d'une opération de collecte de renseignement. Les brigades al-Qassam ont elles évoqué l'opération clandestine de soldats progressant incognito dans l'enclave à bord d'une voiture civile palestinienne quand leur couverture a été percée à jour par une patrouille.
L'unité aurait pris la fuite sous les tirs de protection de l'aviation israélienne et aurait été évacuée auprès de la frontière par un hélicoptère israélien.
Sept Palestiniens, dont un commandant local de la branche armée du Hamas et cinq autres membres des brigades al-Qassam, ainsi qu'un lieutenant-colonel israélien ont trouvé la mort.
- Trêve durable -
AFP / Jack GUEZDes tirs du système de défense anti-missiles israélien interceptant des roquettes tirées de la bande de Gaza le 12 novembre 2018
C'est le deuxième soldat israélien tué depuis fin mars. Au moins 231 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date.
Les brigades al-Qassam ont accusé les forces spéciales d'avoir cherché à éliminer un responsable palestinien. Elles ont revendiqué lundi le tir du missile antichar contre un car et les tirs de roquettes comme la réponse "au crime" de dimanche. L'armée israélienne n'a pas confirmé dans un premier temps que le car transportait des soldats.
C'est le deuxième soldat israélien tué depuis fin mars. Au moins 231 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date.
AFP / Jack GUEZDes Israéliens dans la ville de Sderot se mettent à l'abri de tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza le 12 novembre 2018
Les brigades al-Qassam ont accusé les forces spéciales d'avoir cherché à éliminer un responsable palestinien. Elles ont revendiqué lundi le tir du missile antichar contre un car et les tirs de roquettes comme la réponse "au crime" de dimanche. L'armée israélienne n'a pas confirmé dans un premier temps que le car transportait des soldats.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, rentré prématurément de Paris dimanche, a réuni lundi le ministre de la Défense Avigdor Lieberman et les responsables de la sécurité. Aucune décision n'a été rendue publique après ces consultations.
Les signes d'une possible détente s'étaient pourtant succédé ces dernières semaines dans et autour de Gaza.
Les autorités israéliennes, qui contrôlent tous les accès de l'enclave sauf la frontière égyptienne, ont autorisé la semaine passée le Qatar, soutien de longue date du Hamas, à acheminer dans le territoire 15 millions de dollars afin de payer au moins partiellement les fonctionnaires du Hamas.
L'opération va de pair avec les efforts déployés depuis des mois par l'Egypte et l'ONU en vue d'une trêve durable entre Israël et le Hamas.
Le Premier ministre israélien a déclaré qu'il ne "reculerait pas devant une guerre" si elle était nécessaire, mais chercherait à l'éviter "si elle n'était pas indispensable".
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