La Turquie met en garde Moscou contre une "catastrophe" à Idleb. La vendange 2018 devrait revenir à la normale, mais le réchauffement inquiète.

La Turquie met en garde Moscou contre une "catastrophe" à Idleb

AFP / Kirill KUDRYAVTSEVLe ministre des Affaires Etrangères russe Sergei Lavrov (à droite) reçoit son homologue turc Mevlüt Cavusoglu à Moscou, le 24 août 2018
La Turquie a mis en garde vendredi Moscou, qui intervient militairement en Syrie en soutien au régime de Damas, contre une possible "catastrophe" en cas de "solution militaire" à Idleb, ultime grand fief insurgé du pays.
Une offensive du régime syrien contre cette province à la frontière turque semble imminente, mais peu probable sans accord d'Ankara, parrain traditionnel des rebelles. Les tractations entre la Russie et la Turquie se sont intensifiées ces dernières semaines et une importante délégation turque s'est rendue vendredi à Moscou.
"Une solution militaire causerait une catastrophe non seulement pour la région d'Idleb mais aussi pour l'avenir de la Syrie. Les combats pourraient durer longtemps, les civils seront touchés", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le régime de Damas, dont Moscou est le principal allié, ambitionne de reconquérir cette région du nord-ouest de la Syrie, dominée à 60% par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda), et qui compte également une multitude de groupes rebelles.
"Néanmoins, il est très important que ces groupes radicaux, les terroristes, soient mis hors d'état de nuire. C'est également important pour la Turquie car ils sont de l'autre côté de notre frontière. Ils représentent en premier une menace pour nous", a poursuivi M. Cavusoglu.
La province d'Idleb, l'utime grand fief des rebelles et des jihadistes en Syrie, a une importance stratégique en raison de sa situation à la frontière avec la Turquie, parrain des rebelles, et près de la province côtière de Lattaquié, fief du régime Assad.
Elle fait aussi partie des "zones de désescalade" mises en place en Syrie à l'issue des négociations de paix d'Astana, parrainées par la Russie, la Turquie et l'Iran.
C'est dans cette province que le régime envoie rebelles et civils après leur évacuation des bastions repris au terme de sièges et d'assauts meurtriers.
- "Très difficile" -
La situation à Idleb est "très difficile", a reconnu vendredi M. Lavrov.
"Mais lorsque l'on a créé une zone de désescalade à Idleb, personne ne proposait d'utiliser cette zone pour que des combattants, avant tout ceux du Front al-Nosra, s'y cachent en se servant des civils comme d'un bouclier humain", a-t-il déclaré.
"Non seulement ils restent là-bas, mais il y a des attaques et des tirs permanents en provenance de cette zone contre les positions de l'armée syrienne", a souligné M. Lavrov, assurant qu'en avaient été lancés récemment une cinquantaine de drones visant la base aérienne russe de Hmeimim avaient été lancés récemment, et détruits par les forces russes.
AFP / Thomas SAINT-CRICQLa province d'Idleb : dernier bastion insurgé en Syrie
Une offensive du régime syrien contre cette province, dont la quasi-totalité échappe au contrôle de Damas, semble imminente depuis que le président syrien Bachar al-Assad a déclaré fin juillet: "Idleb est désormais notre but". Il avait ajouté que ce n'était "pas le seul" objectif.
Le 9 août, l'armée syrienne a largué des tracts appelant habitants et combattants à se rendre.
Selon des experts, le régime ne peut cependant pas agir sans tenir compte de la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, qui y a installé des postes d'observation et déployé des forces.
Pour sa part, Ankara, qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés syriens et cherche à éviter tout nouvel afflux, pourrait négocier et éventuellement se mettre d'accord avec Moscou sur la nécessité d'éliminer les jihadistes à Idleb, mais sans une offensive d'envergure contre la province, affirment-ils.
Dans ce contexte, le président russe, Vladimir Poutine, a reçu dans l'après-midi au Kremlin le chef de la diplomatie turque, ainsi que le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et le chef du Service de renseignement turc, Hakan Fidan, louant la coopération "de plus en plus profonde" avec la Turquie dans le règlement des dossiers "épineux comme la crise syrienne".
"Grâce aux efforts de nos pays, avec participation des autres pays intéressés, notamment de l'Iran (...), nous avons réussi à avancer nettement dans le règlement de la crise syrienne", a assuré M. Poutine.

La vendange 2018 devrait revenir à la normale, mais le réchauffement inquiète

AFP/Archives / MEHDI FEDOUACHRaisin attaqué par le mildiou dans le Bordelais, en août 2018
La vigne française devrait produire de nouveau normalement en 2018, entre 21% et 25% de plus qu'en 2017, année catastrophique marquée par des gels successifs, mais les viticulteurs s'inquiètent de plus en plus des effets du réchauffement climatique sur leur activité.
Selon le ministère de l'Agriculture, la production de vin en France devrait progresser de 25% par rapport à l'an passé, à 46,1 millions d'hectolitres. Les professionnels, un peu plus prudents, fixent à 21% seulement la hausse prévue, à 44,5 millions d'hectolitres.
Ces volumes signent un retour à la normale de la production française après le plancher historique de 36,8 millions de litres atteint en 2017, "le plus bas niveau de l'après-guerre", selon Jérôme Despey, président du conseil Vins de FranceAgriMer, l'organisme public chargé du suivi des marchés agricoles.
La différence entre les deux prévisions vient de données un peu plus récentes chez les professionnels, qui bénéficient de remontées de terrain quotidiennes. Mais la récolte peut s'améliorer en volume "s'il pleut dans les jours à venir", a jugé M. Despey.
AFP /Vendanges 2018 : forte hausse
L'écart d'estimation vient aussi d'une analyse un peu plus pessimiste chez les professionnels de "l'effet mildiou", une moisissure due aux fortes pluies du printemps qui "a attaqué entre avril et juillet" dans le Bordelais, le sud-ouest et sur le bassin méditerranéen, et entraîné des pertes de récolte.
Ainsi dans les Charentes, alors que le ministère de l'Agriculture attend 8,7 millions d'hectolitres, les professionnels n'en prévoient que 8,2 millions.
Idem, dans le Bordelais, où 8.000 hectares ont été grêlés et où l'impact du mildiou est particulièrement prégnant: les professionnels attendent 5 millions d'hectolitres (+35% par rapport à l'an dernier), contre 5,7 millions pour Agreste, l'organisme de statistiques du ministère.
Selon les chiffres du ministère, Languedoc-Roussillon, Corse et Sud-Est seraient les seuls bassins où la production sera en baisse par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.
En Champagne, épargnée par le mildiou comme la Bourgogne et l'Alsace, de nouveaux records devraient en revanche être touchés cette année, grâce à l'exceptionnelle chaleur estivale, nocive pour les éleveurs mais très favorable à la vigne: 3,5 millions d'hectolitres sont attendus par la profession, contre 2,2 millions l'an passé, soit un bond de 56% sur 2017 et 39% par rapport aux cinq dernières années.
La canicule qui a touché la France durant l'été, a ralenti la progression du mildiou et entraîné des vendanges particulièrement précoces dans tous ces vignobles du nord-est, Bourgogne, Beaujolais, Alsace et Champagne.
- vendanges 30 jours plus tôt -
"Les vendanges en Champagne et Alsace ont quasiment commencé avant celles du Languedoc cette année, c'est du jamais vu", a souligné M. Despey.
Viticulteur lui-même en Languedoc-Roussillon, il s'est inquiété de l'impact du réchauffement climatique, avec la multiplication d'aléas météorologiques et des "vendanges de plus en plus précoces" en France, qui limitent les volumes de production.
"En 30 ans, on a gagné 30 jours de précocité pour le démarrage des vendanges à l'échelle nationale", a-t-il souligné.
Autre source d'inquiétude pour les viticulteurs, également liée au réchauffement: le besoin d'irrigation, qui se fait sentir durant la période sèche alors qu'elle est majoritairement interdite dans la plupart des appellations d'origine protégée (AOP), soit plus de 80% du vignoble français.
Ce dernier se trouve coincé entre les cahiers des charges fixés par l'Institut national des appellations (INAO) et basés sur le respect d'un écosystème viticole, d'un "terroir", et l'évolution du climat.
"On sait que de grosses chaleurs peuvent bloquer la maturité du raisin", a rappelé M. Despey, et "on sait que dans certains endroits, si on n'arrive pas à apporter de l'eau par un système de retenue collinaire (un bassin de rétention d'eau de pluie NDLR), comme au Pic Saint-Loup par exemple, cela pourrait vouloir dire que la viticulture y sera sacrifiée car les rendements vont devenir beaucoup trop faibles et aléatoires pour être rentables", a-t-il ajouté.
Alors que le gouvernement a convoqué des Assises de l'eau, M. Despey a estimé qu'il fallait "sortir de la doctrine qui interdit aux AOP d'être irriguées" avec des systèmes de goutte-à-goutte économes, mais efficaces.

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