Sous pression, Trump rend finalement hommage à McCain

Sous pression, Trump rend finalement hommage à McCain

AFP / BRENDAN SMIALOWSKI, MANDEL NGANSelon les médias américains, John McCain (à gauche) avait expressément demandé à ce que le président Donald Trump ne soit pas présent à ses funérailles
Critiqué de toutes parts pour son lourd silence après le décès de John McCain, Donald Trump a finalement rendu hommage lundi à cette figure singulière de la politique américaine en ordonnant la mise en berne des drapeaux à travers le pays.
Après avoir obstinément refusé tout au long de la journée de répondre aux questions sur l'ancien sénateur républicain, qui fut l'un des rares dans son camp à le critiquer ouvertement, M. Trump a diffusé un communiqué saluant, a minima, son engagement pour son pays.
A cette occasion, il a annoncé que le drapeau américain flottant sur la Maison Blanche, qui avait été abaissé ce week-end puis relevé lundi matin dans un étrange ballet, serait de nouveau placé à mi-mât pour le reste de la semaine, jusqu'à l'enterrement de celui qui a siégé plus de 35 ans au Congrès et fut deux fois candidat à la présidence.
"En dépit de nos différences politiques, je respecte l'engagement du sénateur John McCain pour notre pays", a-t-il souligné dans ce court texte publié deux jours après le décès de l'ancien pilote qui fut torturé durant la guerre du Vietnam. Plusieurs associations d'anciens combattants étaient montées au créneau peu avant pour demander au président de changer de posture et d'adopter un comportement plus rassembleur.
Dans un message posthume lu par son porte-parole depuis l'Arizona, celui qui fut surnommé "le dernier lion du Sénat" a mis en garde les Etats-Unis, dans une dénonciation à peine voilée de l'actuel locataire de la Maison Blanche, contre la tentation du repli et les risques de la division.
"Nous affaiblissons notre grandeur lorsque nous confondons notre patriotisme avec des rivalités tribales qui ont engendré le ressentiment, la haine et la violence aux quatre coins de la planète. Nous l'affaiblissons quand nous nous cachons derrière des murs, plutôt que de les faire tomber", a écrit John McCain peu avant sa mort à l'issue d'une longue bataille contre le cancer.
Son porte-parole a par ailleurs confirmé que M. Trump n'assisterait pas aux funérailles nationales prévues samedi à Washington, où sont attendus plusieurs de ses prédécesseurs dont Barack Obama et George W. Bush.
- Cathédrale de Washington -
AFP / Gal ROMALes dates clés de la vie du sénateur américain John McCain
La rupture avec les codes et les usages de la politique américaine fut la marque de fabrique du candidat Trump. Elle est aussi, dans une large mesure, celle du président Trump.
Mais le fait qu'il pousse cette logique aussi loin, dans un pays friand de moments --même éphémères-- d'unité nationale, a surpris et choqué nombre d'élus.
Jusqu'à lundi soir, le contraste était saisissant: depuis le décès samedi à 81 ans du sénateur républicain au verbe haut, les hommages s'accumulent des deux côtés de l'échiquier politique, mais aussi à travers le monde.
M. Trump, lui, s'en était tenu à un tweet laconique dans lequel il adressait ses condoléances à la famille. Contrairement à son vice-président Mike Pence ou à sa femme, Melania, il n'avait pas dit un mot sur la vie, le parcours ou les combats de John McCain.
Selon le Washington Post, il a même refusé la publication d'un communiqué préparé par ses services, dans lequel l'ancien prisonnier de la guerre du Vietnam était qualifié de "héros".
Les hommages à l'élu octogénaire, dont Barack Obama a loué le "courage" hors du commun, vont s'étaler sur toute la semaine.
Après avoir été présenté mercredi au capitole de l'Arizona, son cercueil sera transporté à Washington, où il sera présenté vendredi au public dans la rotonde du Capitole, un honneur réservé aux grands personnages de l'histoire des Etats-Unis comme John F. Kennedy, Ronald Reagan ou encore Rosa Parks.
Les funérailles nationales auront lieu samedi dans l'imposante cathédrale de la capitale fédérale. M. Trump a annoncé que le chef du Pentagone Jim Mattis et que son conseiller à la sécurité nationale John Bolton y représenteraient son administration.
Consterné par le discours de repli nationaliste et protectionniste du 45e président des Etats-Unis, John McCain dénonçait régulièrement --et avec une liberté de ton sans équivalent au sein du parti républicain-- le style et les provocations de l'ancien homme d'affaires de New York.
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