Réforme du rail: négociations sur la convention collective, grève en vue en juillet
AFP/Archives / CHRISTOPHE ARCHAMBAULTLes acteurs du rail s'attellent à la convention collective nationale du secteur qui doit être bouclée pour le 1er janvier 2020
Après l'adoption de la réforme ferroviaire par le Parlement, les acteurs du rail s'attellent vendredi à la convention collective nationale du secteur au moment où l'union syndicale se désagrège avec l'annonce unilatérale de la poursuite du mouvement en juillet par la CGT.
Écornant sérieusement l'unité syndicale encore réaffirmée mercredi, le patron de la CGT Cheminots a annoncé tôt vendredi que son syndicat prolongerait en juillet son appel à la grève, soit au delà de la dernière journée de mobilisation prévue, le 28 juin.
"Pour combien de temps? On verra. Comment? On verra. Il n'est pas question de s'arrêter au calendrier, puisque le gouvernement souhaite passer en force", a déclaré Laurent Brun, secrétaire général du premier syndicat de la SNCF sur franceinfo, quelques heures avant une table ronde tripartite entre les syndicats, l'Union des transports publics et ferroviaires (le patronat), et le gouvernement.
Il s'est immédiatement attiré les critiques de ses partenaires. "Est-ce qu'en réalité on a encore une intersyndicale si chacun fait ses annonces tout seul? On va y réfléchir", a prévenu Roger Dillenseger (Unsa), tandis que Didier Aubert (CFDT) se résignait à observer qu'en "fin de conflit (...) chacun essaie de jouer sa partition".
A l'issue d'une interfédérale mercredi, les quatre syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD, CFDT) avaient décidé selon lui de se "revoir lundi pour analyser les résultats de la réunion tripartite" prévue vendredi à 14H00.
Du côté de SUD Rail, on regrette aussi une sortie unilatérale de la CGT. Mais contrairement à l'Unsa et la CFDT, ce syndicat était déjà d'accord pour poursuivre la mobilisation au delà du 28 juin. Pour son secrétaire fédéral, Erik Meyer, elle ne peut cependant passer par une grève reconductible ou un calendrier similaire à celui des trois derniers mois. Il a évoqué des dates "très +impactantes+" ou "qui feraient sens".
- "Ultime table ronde" -
Dans l'immédiat, la réunion de vendredi au ministère des Transports, à la demande de l'intersyndicale, doit permettre, selon le ministère, de "faire un état des lieux, relancer le processus et échanger sur les thèmes et le calendrier des négociations".
Mais après deux mois et demi de conflit, l'enjeu est crucial: le cadre social qui s'appliquera à partir du 1er janvier 2020 aux salariés de toutes les entreprises du secteur ferroviaire, à l'exception des personnels SNCF embauchés avant cette date sous le statut de cheminot.
Les syndicats veulent y voir la première d'une série de rencontres où le gouvernement jouerait "un rôle central" et prendrait "des engagements forts". Faute de quoi, avait-ils prévenu, la grève continuera au-delà du 28 juin. Mais Élisabeth Borne a déjà annoncé qu'il s'agirait d'une "ultime table ronde tripartite" et que l'État s'y rendrait "non pas en tant que négociateur mais en tant qu'observateur attentif du bon déroulement" des discussions.
Tous, de la ministre aux syndicats en passant par le patronat, ont dit souhaiter une convention de "haut niveau". L'UTP s'y était engagée fin mai, tout en prévenant qu'elle refusait de calquer la convention sur le statut des cheminots SNCF. Elle avait promis "un cadre social de branche moderne, assurant un haut niveau de protection pour les salariés".
"On sera peut-être amenés à prendre, devant les organisations syndicales, des engagements supplémentaires", a concédé à l'AFP Benoît Juéry, directeur du département des affaires sociales de l'UTP.
Lancées en 2013, les négociations pour créer cette convention doivent être bouclées dans 18 mois. Plusieurs accords ont déjà été conclus, notamment sur la formation professionnelle ou l'organisation du travail. Mais il reste de gros morceaux à négocier: les classifications et rémunérations, les garanties collectives (la prévoyance) et le droit syndical, ainsi que de nouveaux points apparus avec la réforme ferroviaire.
Il faudra "rassurer", "répondre à certaines problématiques, notamment le manque de visibilité qu'auront certains salariés de la SNCF sur le déroulement de leur carrière et leur parcours professionnel" en cas de transfert vers des entreprises privées après l'ouverture à la concurrence, a souligné M. Juéry.
Au Nicaragua, la grève générale endeuillée par de nouveaux affrontements
AFP/Archives / INTI OCONDes manifestants tirent avec un mortier artisanal lors de heurts avec les forces de police, le 9 juin 21018 à Masaya, à 35 km de Managua, au Nicaragua
De nouvelles violences meurtrières ont éclaté jeudi au Nicaragua, paralysé toute la journée par une grève générale, portant à plus de 160 le nombre de morts depuis le début de la vague de contestation contre le président Daniel Ortega, durement réprimée par le régime.
Au moins quatre personnes - dont un adolescent de 15 ans - ont été tuées par balles ces dernières heures lors d'assaut lancés par les forces anti-émeutes et des milices paramilitaires pro-gouvernementales contre les barricades érigées par les manifestants, selon le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).
Ces violents incidents se sont produits dans plusieurs bastions de l'opposition autour de la capitale Managua, notamment Nagarote (nord-ouest), Tipitapa (est) et Masatepe (sud), a précisé à l'AFP Marlin Sierra, directrice du Cenidh.
Depuis minuit dans la nuit de mercredi à jeudi, le pays a été paralysé par une grève nationale, décrétée par l'opposition pour protester contre la répression des manifestations, qui a fait 162 morts et plus de 1.300 blessés depuis le début du mouvement le 18 avril.
AFP / Anella RETALa crise au Nicaragua
"Ortega continue sa politique criminelle contre le peuple du Nicaragua parce qu'il ne veut pas quitter le pouvoir, bien que le peuple lui dise de s'en aller", a dit à l'AFP Azhalea Solis, représentante de l'alliance de l'opposition.
"Tout est à l'arrêt, (on voit que) la population soutient la grève", a témoigné Pablo Ramirez, un chauffeur de taxi de Managua contraint à l'inactivité faute de clients.
Seuls de rares autobus aux trois quarts vides circulaient dans les artères de la capitale, quadrillées par les forces de sécurité. Et le Mercado oriental, l'un des marchés les plus animés de Managua, avait des airs de quartier fantôme.
"Aujourd'hui, personne ne travaille", a assuré Carlos Sanchez, vendeur de chewing-gums ambulant de 58 ans, qui espère que la grève permettra de faire plier le régime d'Ortega et de trouver une issue à la crise.
Usines, banques, supermarchés, stations-services, restaurants, petits magasins avaient gardé portes closes, de même que la quasi totalité des écoles publiques, dont les élèves étaient restés chez eux.
AFP / INTI OCONUn cordonnier attend des clients au marché "Roberto Huembes" de Managua, le 14 juin 2018
Ce débrayage national de 24 heures a été lancé par l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie - un regroupement d'étudiants, de chefs d'entreprise et de représentants de la société civile -, alors que les manifestations ne cessent de prendre de l'ampleur.
- "Ca suffit!" -
Tout en soutenant la grève, "expression de protestation pacifique", l'influente Eglise catholique, qui s'est posée en médiatrice du conflit, a pressé le gouvernement et l'opposition de renouer le dialogue.
Les évêques ont convoqué les deux camps à une réunion de concertation vendredi, où ils présenteront la réponse de l'ancien guérillero de 72 ans à leur proposition de réformes de la vie politique.
Après un premier passage de 1979 à 1990, Daniel Ortega est à la tête du pays depuis 2007 et son troisième mandat lui permet de se maintenir au pouvoir encore trois ans.
AFP / MARVIN RECINOSUn homme remplit un formulaire pour obtenir un passeport au bureau de l'immigration à Managua, le 13 juin 2018 au Nicaragua
Trop long, estiment les manifestants qui réclament son départ, l'organisation anticipée de l'élection présidentielle prévue fin 2021 et des réformes constitutionnelles.
"Ca suffit. Nous voulons tous la paix, nous voulons dépasser ces circonstances dures, douloureuses, tragiques. Nous voulons trouver les possibilités de tracer un chemin vers l'avant à la table de négociations", a répliqué mercredi soir sur les médias officiels l'épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo, vice-présidente du pays et autre bête noire des manifestants.
- "Guerre civile larvée" -
Traversé par une profonde crise économique et sociale, le pays a connu un regain de violences depuis lundi après que les forces de sécurité ont tenté de démanteler de force les barricades dressées sur les routes du pays.
AFP / Inti OCONDes manifestants anti-gouvernementaux armés de mortiers artisanaux, le 14 juin 2018 à Tipitapa, à 25 km de Managua
Armés de frondes et de mortiers artisanaux face aux fusils des policiers anti-émeutes, les manifestants ont bloqué en plusieurs points les axes routiers, paralysant des milliers de camions et désorganisant l'approvisionnement du pays.
Ces blocages ont miné la fragile économie nationale, avec un coût qui pourrait atteindre plus de 900 millions de dollars si le conflit se prolongeait, selon la Fondation nicaraguayenne pour le développement social et économique (Funides).
Après l'avoir longtemps soutenu, les milieux d'affaires ont coupé les ponts avec le président Ortega, lui reprochant sa violente répression des manifestations.
Face à la force déployée par les policiers anti-émeute et des milices paramilitaires pro-Ortega, certains manifestants commencent à envisager de prendre les armes, alors que le mouvement se voulait jusqu'ici pacifique.
"Pour moi, ce qui se passe est une guerre civile larvée", a déclaré un responsable étudiant surnommé "El Gato" (Le Chat), retranché depuis plus d'un mois avec des centaines d'autres dans l'Université de Managua, transformée en bunker.
"La plupart d'entre nous ne veulent pas l'envisager, mais personnellement je pense que le moment va arriver où nous allons devoir nous armer pour être à égalité avec eux" (les forces de sécurité), ajoute-t-il. "Je crois que ce combat est juste".
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